Grève chez CYTEC à Drogenbos

Depuis le lundi 13 octobre, le personnel de l’entreprise chimique CYTEC Surface Specialities, située à Drogenbos, est en grève. Le déclenchement de la grève fait suite au licenciement, au début du mois d’octobre, d’un employé du site, pour « raisons économiques », et ce sans respect des procédures prévues dans la Convention Collective de Travail de l’entreprise (entre autres le reclassement de la personne licenciée, voire, à défaut, le paiement d’une indemnisation). Le non-respect de la CCT se justifiait aux yeux de la direction par le fait que le dossier de l’employé en question contenait des fautes graves. Après que la délégation syndicale ait exigé d’avoir accès au dossier, il s’avéra que ce dernier ne contenait absolument aucun fait reprochable à l’employé, qui, soit-dit en passant, comptabilisait 21 ans d’ancienneté.

Par Cédric, MAS-Bruxelles

La réalité est que ce licenciement s’inscrit en prévision d’une restructuration plus large ; déjà, au cours de l’année, un autre employé du site s’était fait licencier. Ce dernier comptabilisait 31 ans d’ancienneté dans l’entreprise. Ces licenciements isolés ont pour but de créer un précédent, tout en éliminant de la boîte les travailleurs qui coûtent les plus chers. En atteste le fait que la direction refuse de reconduire la CCT pour les deux ans à venir, laquelle offre des garanties en terme de maintien de l’emploi. C’est pourquoi la réaction des travailleurs de l’usine est plus que nécessaire. Une de leurs revendications principale est notamment la reconduction de la CCT pour les deux années à venir. Maintenant que les travailleurs se sont mobilisés pour défendre leurs emplois, la direction se targue du fait qu’elle n’a pas de mandat pour négocier, renvoyant la balle au management américain. Au début du mois, par contre, elle était tout à fait compétente pour licencier un travailleur sans motif valable!

Ce lundi matin, quelques militants du MAS/LSP se sont rendus sur le piquet en soutien aux travailleurs en lutte. La grève est massivement suivie : sur une entreprise qui compte quelques 525 travailleurs, 98% des ouvriers et 80% des employés ont décidé d’arrêter le travail. De plus, la solidarité ouvriers-employés, parfois mise à mal lors de luttes précédentes, était clairement de mise. Des militants syndicaux provenant d’autres entreprises étaient également sur place en signe de solidarité. Le sentiment de la menace d’une restructuration était largement présent. D’autant plus que le personnel a appris au début du mois qu’un des ateliers de production (PU) était mis en vente. Si celui-ci ne trouve pas repreneur d’ici le 31 décembre, il sera tout bonnement supprimé : une trentaine d’emplois passeraient alors à la trappe.

Pour intimider les travailleurs et tenter de briser la grève, la direction ne recule devant rien : envoi de mails mensongers à l’ensemble du personnel, recours à la police et à la justice… Elle a même pris l’initiative de faire appel à une firme extérieure pour reprendre la production, ce qui constitue une solide entorse au droit de grève, mais aussi à la sécurité : ainsi, le personnel-cadre fut pendant un temps obligé de reprendre certaines tâches du personnel-ouvrier, pour lesquelles les cadres ne sont pas qualifiés. Quant on sait la dangerosité du site, cela laisse matière à réflexion : un des grévistes présent sur le piquet nous expliquait qu’en cas d’incendie, l’ensemble de la capitale devrait être évacuée ! Le site se trouve ainsi classé juste en-dessous des centrales nucléaires en termes de dangerosité et d’exposition à des produits toxiques…

De plus, les conditions de travail sur le site se sont sensiblement dégradées depuis que l’entreprise a été revendue par UCB à une firme américaine, celle-ci y ayant introduit de nouvelles techniques de management afin d’augmenter la productivité. La perception comme quoi « Depuis que les Américains sont là, c’est pire » ne doit pourtant pas nous faire perdre de vue qu’en matière de licenciement et de restructurations, UCB n’est pas en reste, elle qui est en train de liquider plus de 500 emplois en Belgique.

Un des grévistes nous expliquait qu’il s’était fait récemment rappeler à l’ordre par la direction parce qu’ « il ne souriait pas en arrivant au boulot» ; ce dernier nous rétorquait que ça ne le fait pas sourire de travailler pour engraisser une poignée d’actionnaires. En effet, il est impossible de concilier la soif de profit de quelques actionnaires avec la satisfaction, la sécurité et les conditions de travail des salariés.

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