La jeunesse a tout un monde à changer

Les jeunes ont joué un rôle important, voire crucial, dans tous les grands mouvements qui ont ébranlé la société. Pensons à Mai 68 en France où les manifestations étudiantes ont débouché sur une révolte de grande ampleur et sur une situation révolutionnaire. Ou plus près de nous: le mouvement antimondialisation ou antiguerre.

Luc Wendelen

Les jeunes sont aussi beaucoup plus prompts à l’action : la majorité des jeunes ont beaucoup moins de responsabilités que les travailleurs, ils n’ont pas un boulot à perdre, pas de maison à louer ou à rembourser, pas d’enfants à charge. D’un autre côté, les jeunes d’aujourd’hui sont les travailleurs de demain.

Nous voyons aussi que les partis révolutionnaires trouvent toujours le plus de soutien dans la génération montante de la classe. La dégénérescence politique se caractérise par l’incapacité à attirer les jeunes. Quand on regarde la Révolution russe, on voit que les Bolcheviks n’ont cessé d’être un parti de jeunes travailleurs lorsqu’ils étaient dans la clandestinité. En revanche, les Mencheviks se basaient surtout sur les travailleurs qualifiés et plus âgés, sur la couche supérieure de la classe. Ils en étaient fiers et toisaient de haut les Bolcheviks, ce «parti de morveux». Mais, à chaque moment décisif, c’est bien la jeunesse qui a su entraîner avec elle la couche la plus consciente des travailleurs et même des travailleurs plus âgés.

L’âge moyen des 9 dirigeants bolcheviks lors du cinquième congrès du parti en 1907 ne dépassait pas 34 ans. Leurs 37 ans faisaient de Krassine, Lénine et Krasikov les aînés du parti. En comparaison, les dirigeants mencheviks totalisaient 44 ans en moyenne et quatre d’entre eux avaient plus de 50 ans. Et cela se reflétait dans l’ensemble de l’organisation.

Un sixième des membres actifs chez les Bolcheviks avaient moins de 20 ans alors que les Mencheviks n’en avaient pas dans cette tranche d’âge. On constatait la même tendance chez les militants plus confirmés : 20% avaient moins de 20 ans chez les Bolcheviks, seulement 5% chez les Mencheviks.

Plus tard, on verra également que la bureaucratie stalinienne avait peur de la jeunesse. La jeunesse était privée de ses droits les plus élémentaires comme échanger des idées, faire des erreurs et les réparer, expérimenter des choses,… On répondait à toutes les questions, y compris les leurs, à leur place. Tout jeune qui montait, qui désobéissait ou qui protestait trop fort était systématiquement écarté, réduit au silence voire éliminé physiquement avec la vieille garde des Bolcheviks dont la jeunesse aurait pu reprendre les idées.

Les jeunes avaient alors trois possibilités: faire carrière dans la bureaucratie, se replier sur eux-mêmes pour ne pas gâcher le reste de leur existence ou entrer dans la clandestinité, apprendre à se battre et construire patiemment la résistance. Mais une carrière dans la bureaucratie n’était possible que pour l’élite. En face, il y a une petite minorité qui a rejoint les rangs de l’opposition. Mais ce sont les groupes moyens, ces soi-disant indifférents qui seraient appelés à jouer un rôle décisif dans le futur. De même que les jeunes réduits à la clandestinité avaient alors pour tâche de faire connaître leurs idées auprès de ces groupes moyens et d’organiser la résistance, la jeunesse révolutionnaire d’aujourd’hui doit engager le débat sur le socialisme avec le reste de la jeunesse et lui offrir une alternative.

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