Les jeunes et la politique: DEUX MONDES À PART?

BIEN QUE nombre de jeunes s’engagent dans des organisations et des mouvements, leur intérêt pour le jeu des par partis et le système politique ne cesse de diminuer. C’est la conclusion de deux enquêtes de la KUL sur l’indifférence politique de la jeunesse flamande. Près de la moitié (49%) des lycéens entre 16 et 18 ans s’y disent peu ou pas intéressés par la politique. La même enquête auprès de la jeunesse francophone obtiendrait sans aucun doute des résultats comparables. Afin de remédier à cette indifférence politique, d’aucuns plaident pour l’introduction d’un cours d’éducation civique» à l’école.

Luc Wendelen

Nous avons demandé à deux lycéens, membres du MAS, leur avis sur cette enquête.

Laura:«Il y a plein de choses qui se décident au-dessus de nos têtes alors qu’il en va de notre avenir. On doit faire quelque chose, il faut que les jeunes apprennent à s’occuper de politique. En effet, des jeunes indifférents deviendront des travailleurs indifférents. Moi je m’intéresse à la politique parce que je veux décider de mon avenir et que je veux lutter pour un monde meilleur. Et on ne peut le faire qu’au MAS.»

Tim: «Les jeunes se moquent de savoir quels sont les partis traditionnels au pouvoir, ça ne change pas grand-chose à la politique néolibérale. Il serait pourtant faux d’en conclure qu’ils n’ont pas d’opinion. Leur désintérêt pour le verbiage quotidien des politiciens est déjà une forme d’opinion. Je pense que le désintérêt des jeunes pour la politique est avant tout un désintérêt pour la politique traditionnelle.

«Je suis la politique depuis quelques années déjà. J’ai moi-même été déçu à plusieurs reprises par les partis traditionnels. Plutôt que de me détourner de la politique comme beaucoup, je suis parti à la recherche d’une alternative qui veuille et puisse réellement changer la politique et la société actuelles. C’est ainsi que je suis devenu membre du MAS».

L’enquête aboutit donc à la conclusion que l’école doit dispenser une formation politique. Mais toute la question est de savoir si ça va rendre aux jeunes le goût de la politique. En quoi pourrait bien consister cette formation politique ? Nous voyons en effet que le système d’enseignement n’a pas cessé d’être au service de la classe dirigeante de la société. L’école est avant tout au service de la bourgeoisie qui veut une main d’oeuvre efficace, rentable et docile.

C’est la pénurie de main-d’oeuvre qualifiée dans les années soixante qui a abouti à la démocratisation de l’enseignement. On renoue aujourd’hui avec des minervals qui peuvent aller jusqu’à 4.500 euros en Grande-Bretagne et 7.000 euros aux Pays-Bas. La formation politique à l’école signifierait donc que les écoles enseigneraient l’idée que le capitalisme est la seule alternative et que les partis traditionnels font de leur mieux pour répondre aux attentes des jeunes.

Ça ne veut pourtant pas dire que nous sommes contre la formation politique à l’école, ça peut être une occasion de parler de nos idées et de susciter le débat en classe. Mais il serait illusoire de penser qu’une telle formation politique pourrait changer quoi que ce soit au désintérêt des jeunes pour la politique. La seule manière de susciter l’intérêt des jeunes pour la politique est de leur offrir une alternative qui défende réellement leurs intérêts.

Et pourtant plein de jeunes s’engagent dans toutes sortes d’organisations et de mouvements de jeunesse. Aussi étrange que ça puisse paraître à d’aucuns, c’est aussi un fait politique. La politique est bien davantage que la politique politicienne. La politique signifie l’organisation de la société et l’aspiration à une société meilleure. Que tu le veuilles ou non, tu fais de la politique. De même que tu ne peux pas te soustraire à la société, tu ne peux pas te soustraire à la politique. Ou comme le disait Trotsky: «On ne peut pas vivre en dehors de la politique, sans la politique, tout comme on ne peut pas vivre sans air». Le problème n’est donc pas tant que les jeunes se désintéressent de la politique, mais bien que la politique actuelle se désintéresse des jeunes et

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