La situation désespérée des sans-papiers mène à des occupations de grues

La situation désespérée des sans-papiers conduit beaucoup d’entre eux jusqu’à des extrémités. Bon nombre de sans-papiers travaillent dans le secteur de la construction (on les estime à 50.000), et maintenant des grues sont occupées. L’étape suivante est claire: si ces actions continuent, il faut s’attendre à ce que quelqu’un saute ou tombe.

La détresse éprouvée par les sans-papiers est particulièrement grande. Beaucoup sont présents ici depuis des années et ils continuent cependant à attendre en vain le moindre signe qui leur permettrait de vivre une vie normale. Ils peuvent bien être exploités par le travail au noir ou par les marchands de sommeil, mais ils n’ont pas le droit d’avoir une vraie vie, légale et en sécurité.

Ces actions au sommet des grues sont, tout comme les grèves de faim, une expression de cette situation. Il s’agit d’actes de détresse individuels dans l’espoir d’attirer l’attention et de bénéficier éventuellement d’une mesure d’exception. Nous comprenons cette attitude, mais craignons cependant que cette sorte d’actions ne renforce pas la solidarité des couches plus larges de travailleurs et leurs familles.

Pour arracher une regularisation à part entière et générale, des liens doivent être établis entre le mouvement des sans-papiers et le mouvement ouvrier. Leurs intérêts sont en effet les mêmes. Le fait d’avoir un grand groupe de sans-papiers met sous pression les salaires et les conditions de travail de ceux qui ont des papiers et cela au moment où la question du pouvoir d’achat devient sans cesse plus pressante. La regularisation des sans-papiers et la défense du pouvoir d’achat (par la défense des salaires) vont de pair.

Les actions d’occupation des grues ne sont pas un hasard. Beaucoup de sans-papiers travaillent illégalement dans le secteur de la construction. C’est un secteur où encore beaucoup de travail au noir est présent, comme l’a démontré il y a quelques semaines une inspection lors des travaux de rénovation du toit du palais royal, qui a démontré que des sans-papiers étaient employés. Pour beaucoup d’entre eux, ces grues constituent leur entourage direct.

Ces actions sont une expression de détresse. Tout le monde se rend compte que le pas suivant de cette détresse sera un pas final : le suicide en sautant. Le risque d’accidents est aussi très grand. Certains entrepreneurs ont entammé des procédures juridiques pour que les sans-papiers quittent les grues, et si certains l’ont fait volontairement, d’autres continuent à attendre. La question est de savoir si la police sera capable d’intervenir en évitant les accidents. On suggère que cela pourrait être la fin de ces actions, mais la détresse qui a conduit à ces occupations restant aussi fortement présente, c’est assez douteux.

Ces actes de détresse clarifient à quel point il est urgent de s’occuper d’une campagne capable d’apporter un peu d’espoir aux sans-papiers. Le mouvement ouvrier organisé et en particulier les syndicats ont un rôle clé à jouer pour cela. En participant à la lutte pour plus de pouvoir d’achat, les sans-papiers peuvent tisser plus fortement ces liens et obtenir un soutien plus large pour leurs revendications.


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