LE PS SE fait fort de construire 3.000 logements sociaux par an. A Bruxelles, le Secrétaire d’Etat régional PS Alain Hutchinson cultive l’image de «Monsieur Logement social». Son Plan pour l’avenir du logement prévoit la création de 5.000 logements publics en 5 ans.
Thierry Pierret
C’est largement insuffisant pour résorber la pénurie de logements sociaux: 25.000 ménages bruxellois sont sur les listes d’attente! De plus, à y regarder de plus près, ces 5.000 logements ne seront publics que dans la mesure où ils seront bâtis sur des terrains publics que la Région mettra à la disposition du privé. Mais le privé n’acceptera de construire des logements que s’il peut en retirer des bénéfices, ce qui est incompatible avec la notion même de logement social.
Hutchinson se vante d’avoir obtenu une hausse de 12 millions d’euros pour la politique du logement en 2003. Mais de ces 12 millions d’euros, 6,9 millions seront affectés au Fonds du Logement qui accorde des prêts hypothécaires à des taux avantageux aux ménages à faibles revenus. Il est infiniment moins coûteux pour la Région d’accorder des prêts hypothécaires, fût-ce à des taux très bas, que de construire de nouveaux logements sociaux. Cette politique d’accès à la propriété n’augmente pas l’offre de logements alors que, de l’aveu même d’Hutchinson, il y a un manque criant de logements à Bruxelles. Les 5,1 millions restants ne serviront pas pour autant à construire de nouveaux logements sociaux. Le budget des Agences immobilières sociales, qui louent des logements privés pour le compte de leur propriétaire, a été quintuplé. De plus, le nouveau Code bruxellois du Logement prévoit un droit de gestion publique pour les logements laissés à l’abandon.
C’est-à-dire que la Région les met d’office en location et les rénove au besoin… aux frais du contribuable. Le loyer est versé au propriétaire indélicat qui s’en tire à bon compte. Le budget pluriannuel 2002-2005 prévoit une enveloppe de 198 millions d’euros pour la politique du logement à Bruxelles, soit une hausse de 21%. Cet argent sera versé aux Sociétés immobilières publiques (SIP) pour qu’elles rénovent leur parc de logements sociaux. En contre-partie, les SIP devront signer avec la Région un contrat de gestion où elles s’engagent notamment à atteindre l’équilibre budgétaire et à promouvoir la «mixité sociale». Cela signifie qu’elles vont rehausser le plafond de revenus pris en compte pour avoir droit à un logement social afin d’attirer des ménages plus fortunés.
Vu que l’offre globale de logements sociaux n’augmentera pas, ou si peu, cette politique ne fera que restreindre encore plus l’accès des plus pauvres au logement social. Bref, les marchands de sommeil ont encore de beaux jours devant eux.