Agitation sociale dans les pays affectés par la crise économique
Nous avons assisté ces derniers temps à une dégradation rapide des conditions sociales, économiques et politiques. L’économie portugaise est faible et périphérique en Europe. Ce n’est guère surprenant que la crise globale aggrave rapidement tous ses indicateurs économiques. Cela souligne de manière décisive et brutale les effets des politiques néolibérales imposées à la classe ouvrière par les gouvernements de Barroso, Santana et Sócrates.
José David Gregório, de ’’Socialismo Revolucionário’’ (CIO-Portugal), publié le 17 juin sur www.mundosocialista.net.
Le Portugal a vu s’agrandir l’écart entre riches et pauvres, le plus grand des pays européens. Un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté ou risque de subir ce sort. Pourtant, la moitié de ces pauvres ont un travail rémunéré. Ainsi, l’accroissement des prix de la nourriture et des combustibles a provoqué une croissance du malaise social. L’absence de relai politique pour faire entendre la vraie voix de la classe des travailleurs évite que ne se développe une période prérévolutionnaire.
Les partis traditionnels capitalistes sont entrés en crise profonde. Le parti conservateur populaire (PP) perd sa base sociale et le ’’libéral’’ parti social démocrate (PSD) est en constante agitation. Ce parti a choisi comme nouveau leader l’ancien ministre des fiances du PSD, Manuela Ferreira Leite, un des faucons du néolibéralisme. Son prédécesseur avait tenu le coup 6 mois. Pourtant, les commentateurs du capitalisme ne prévoient aucun changement dans les opportunités qui s’offrent au PSD pour construire une alternative face au gouvernement du Parti Socialiste conduit par le Premier Ministre José Sócrates.
Entre temps, les pêcheurs sont en train de protester contre l’augmentation des prix du pétrole. Les blocus ont paralysé le pays. Les chauffeurs de poids lourds sont en grèves et se sont unis avec les conducteurs de fourgonnettes et de voitures commerciales. Le gouvernement est tenté de mobiliser la police contre les blocus.
Le recours à la police pourrait forcer les leaders syndicaux à appeler à l’action. Il y a également une grève à la Poste et une grève des cheminots. Le mouvement social grandit.
Dans une rencontre organisée la semaine passée par le Bloc de Gauche, un leader historique du parti socialiste, Manuel Alegre a fait un discours encourageant. Il s’était désaffilié de la direction du parti socialiste et a participé aux élections présidentielles de 2006 contre le candidat officiel du PS, Mário Soares. Il avait obtenu 1.138.297 votes pour finir deuxième, juste après le candidat de la droite. Il a déclaré avec énergie ’’Contre le capitalisme et à nouveau pour le socialisme’’, mais il n’a pas pu mettre en avant un programme pouvant résoudre effectivement les problèmes de la classe ouvrière.
Jeudi passé, le 5 juin, la Confédération Générale des Travailleurs Portugais (CGTP), la plus grande fédération syndicale du Portugal, a organisé une manifestation nationale contre les nouvelles lois du travail du secteur public et privé. Ces deux dernières années, les manifestations nationales ont accueilli 120.000, 150.000 et 200.000 travailleurs. La dernière, le jour de la ratification par le Portugal du Traité de Lisbonne, 200.000 personnes sont descendues dans les rue de Lisbonne.
Malheureusement, il n’y a pas de véritable appel pour une grève générale, préparée par des comités d’entreprises et une mobilisation massive. Au lieu de cela, on convoque des manifestations locales pour la fin juin. Quand la situation sera chaude ! Nous avons besoin d’un programme combatif pour organiser une lutte réelle contre ce gouvernent qui permet un système brutal où chaque jour augmente l’exploitation et la pauvreté. Dans le conseil syndical ouvrier de Lisbonne, nous sommes en train de faire un appel à une action générale et à une vraie lutte.
Dans certains aspects, on peut sentir dans les rues et les centres des travailleurs du Portugal l’esprit de la grande grève générale (française) de mai ‘68 ainsi que certains aspects du mars portugais de 1974, le jour qui a précédé la révolution qui renversa Caetano. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’un programme socialiste et d’une classe ouvrière combative, d’une voix politique démocratique pour les travailleurs et la jeunesse. C’est cela l’objectif que veut promouvoir ’’Socialismo Revolucionario’’.