Le CAP a déçu les espoirs mais…
Imagine-toi… Imagine-toi qu’il existe un parti large qui soit corps et âme dans le camp de la classe ouvrière, notamment dans la discussion sur le pouvoir d’achat pour revendiquer une sérieuse augmentation des salaires et des allocations. Imagine-toi qu’un parti aie pu, durant la grève des cheminots, mener une campagne de soutien massive en faveur des grévistes, un parti capable de démasquer les mensonges de la direction, des politiciens et des médias en utilisant ses élus et ses porte-paroles. Imagine-toi que toute cette aberration néolibérale qui n’a pas aujourd’hui de contradicteur ait face à elle un véritable parti des travailleurs…
Confrontées à l’opportunité de construire un tel parti, des centaines de personnes se sont inscrites en quelques semaines auprès de l’ancien parlementaire du SP Jef Sleeckx et du Comité pour une Autre Politique lors de l’été 2006. “Un parti des travailleurs pour l’hiver” écrivaient les journaux flamands. Noël Slangen, ancien conseiller en communication de Verhofstadt, déclarait même qu’un tel parti a un potentiel de 10 à 15% pour autant qu’il ne se laisse pas tenter par une collaboration au pouvoir.
L’appel lancé par Jef Sleeckx et l’ancien président de la FGTB Georges Debunne pour créer un nouveau mouvement politique qui participerait aux élections parlementaires de 2007 a suscité de grands espoirs. Malheureusement, le CAP n’a pas été capable de répondre à ces attentes. Retenu par d’innombrables discussions qui n’ont pas créé de clarté sur la nature du parti qu’il entendait construire, le CAP a laissé de nombreuses personnes sur leur faim, les amenant à adopter une attitude attentiste. Ni Sleeckx, ni Debunne ne se sont révélés capables de donner une claire direction à l’initiative.
Le MAS/LSP a, ces deux dernières années, investi beaucoup dans le CAP parce que nous pensions qu’il s’agissait d’une occasion unique. Nous nous sommes d’ailleurs peut-être trop engagés dans le CAP, et de façon trop inconditionnelle. Trop, parce que nous avons essayé de compenser les faiblesses du CAP, qui devaient finir par finalement l’emporter, par notre dévouement et notre énergie. Trop inconditionnelle, parce que nous avons dû accepter trop de compromis qui mettaient en danger l’avenir du projet, comme par exemple le slogan électoral très vague “Une autre politique est possible”.
Le mauvais résultat électoral ne signifiait cependant pas la fin du CAP. Il lui était encore possible de jouer un rôle en promouvant l’idée de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs, comme cela avait été décidé lors de la dernière conférence nationale en octobre 2007. Une faible minorité, dominante dans le secrétariat national, a toutefois refusé dans les faits de mettre en pratique cette décision et le CAP est devenu un groupe très restreint avec un projet idéologique vague et imprécis. Depuis avril, les membres du MAS/LSP se sont retirés des organes élus du CAP. Au niveau local, nous restons impliqués, dans la mesure du possible, pour organiser des activités qui mettent en avant la question d’un nouveau parti des travailleurs.
Où va le PTB ?
Le PTB a officialisé à la clôture de son Congrès l’arrivée d’un PTB renouvelé. C’était là le point final d’un changement déjà perceptible en pratique depuis un moment. Le PTB semble avoir écarté de son site, de son journal et de son image tout ce qui peut rappeler de près ou de loin le stalinisme. Malheureusement, ce parti a choisi dans le même mouvement de jeter à la poubelle toute référence au changement révolutionnaire de la société et à la nécessité du socialisme. Dans les interviews, les nouveaux porte-parole du PTB assurent que le parti est devenu réformiste tout en évitant des termes trop radicaux, pour surtout éviter d’effrayer qui que ce soit. C’est en définitive le corollaire d’un parti stalinien confronté au fait que le stalinisme comme idéologie n’a plus d’avenir au 21e siècle.
Au vu de l’échec du CAP, il n’est pas impossible que le PTB, à défaut de quelque chose de meilleur, puisse commencer à construire lentement un relatif succès électoral. Mais nous pensons qu’un tel succès renforcerait toutefois la tendance électoraliste et réformiste du PTB.
Et pour les élections de 2009 ?
La question cruciale qui se pose vis-à-vis des élections de 2009 est de savoir si oui ou non il y aura une liste de gauche crédible. Une liste capable d’illustrer politiquement ce que la classe des travailleurs a exprimé au travers d’innombrables actions, grèves et manifestations autour du pouvoir d’achat. Un appel franc pour des listes anti-néolibérales les plus fortes possibles pourrait conduire à beaucoup d’enthousiasme parmi les travailleurs et les jeunes. Si rien ne sort du mouvement, c’est au PTB et au MAS, qui ont à la fois la force et l’autorité nécessaires, de lancer ensemble un tel appel.
Une telle campagne pourrait persuader des milliers de personnes de rentrer en action politique. Nous espérons que le résultat organisationnel d’une telle campagne soit un nouveau parti large où le débat peut être mené librement. Entre-temps, la construction d’un nouveau parti reste sur la liste « à faire » du mouvement ouvrier.