Lettre ouverte au bureau du parti du Parti du Travail de Belgique

De la part du bureau exécutif du Mouvement pour une Alternative Socialiste

Comme vous le savez, le MAS/LSP plaide depuis 1995 pour la formation d’un nouveau parti large des travailleurs, indépendant du patronat, qui regroupe tous les courants qui s’opposent à la politique de casse sociale néolibérale tout en respectant la spécificité de chacun.

L’absence d’une telle formation est un obstacle au développement des mouvements de lutte. Même si ceux-ci peuvent de temps en temps faire adapter où même postposer l’une où l’autre mesure – nous pensons à la résistance contre la fermeture des bureaux de Poste ou encore contre l’introduction des sacs poubelles payants – ils continuent à se heurter au manque de représentants politiques prêts à traduire leurs revendications en mesures politiques.

La politique est déterminée au niveau des Parlements régionaux et/ou fédéraux. Même la résistance massive des syndicats contre le Pacte de Solidarité entre les Générations n’a pas trouvé d’expression. Le seul parti qui a voté contre n’était même pas un des « partenaires privilégiés » des syndicats, mais était Ecolo. Une telle situation mène inévitablement à la démoralisation et au dégoût de la politique. Lorsque les travailleurs et leurs familles quittent le terrain politique, le patronat peut appliquer sa politique sans que quelqu’un vienne y mettre son nez.

Nous savons bien qu’un nouveau parti large des travailleurs ne peut développer à une échelle massive sans initiative de la part de franches importantes des syndicats. Entre-temps, nous ne voulons pas attendre les bras croisés et nous soutenons chaque initiative qui peut rapprocher, même si ce n’est que de peu, la perspective d’un tel parti de travailleurs.

C’est pour cette raison que nous avons participé, à la suite de la lutte des Forges de Clabecq, à la liste DEBOUT, liste à laquelle le PTB a aussi participé et qui a réalisé un score respectable lors des élections Européennes de 1999. Depuis lors, le MAS a invité à diverses reprises à peu près toutes les formations de la gauche radicale à collaborer, entre autres en vue d’alliances de gauche pour les élections communales de 2000. Nous avons participé à des listes ouvertes du Parti Communiste, aux listes de Leef et, lors des dernières élections fédérales, à la liste du Comité pour une Autre Politique (CAP).

En 2005, nous vous avons contacté en prévision d’élections anticipées pour un cartel PTB-MAS. Un peu plus d’une année plus tard, fin 2006, nous nous sommes aussi rencontrés à l’invitation de syndicalistes dans le cadre d’une proposition de cartel PTB-CAP. Dans les deux cas cela n’a pas pu se concrétiser.

La raison principale qui explique pourquoi les directions syndicales ne sont pas plus sous pression pour rompre les liens qu’elles entretiennent avec la démocratie chrétienne et la social démocratie est sans doute, et de loin, le manque d’une alternative crédible, l’absence d’un concurrent suffisamment fort à gauche. En regroupant la force militante tant du PTB que du MAS, tout en respectant la spécificité de chacun, en une formule qui laisse suffisamment d’espace à d’autres courants et individus aujourd’hui spectateurs, nous pourrions, à notre avis, créer une dynamique allant en ce sens.

Comme beaucoup d’autres, nous avons constaté que vous venez d’adopter un tournant important. Vous connaissez note opinion, publiée sur notre site, à ce propos. Nous accueillons le fait que vous vous positionnez de manière plus ouverte et que vous laissez quelques unes de vos anciennes positions derrière vous, où au moins que vous êtes prêts à en discuter. Nous déplorons par contre le fait que vous tendez la barre trop à droite, vers des reformes minimales, un réformisme doux.

L’actualité remet pourtant à l’ordre du jour la nécessité d’une réponse fondamentale face au capitalisme, et ceci à l’échelle internationale. Des revendications socialistes, telle que la nationalisation sous contrôle ouvrier des secteurs clefs de l’économie, regagnent de nouveau de l’intérêt parmi des couches, certes encore très limités, mais grandissantes de la population. Nous supposons que vous ne serez pas d’accord avec cette interprétation, et nous sommes prêts à considérer vos arguments à ce sujet.

Nous ne pensons pas que cette divergence doit faire obstacle à un appel commun qui offre une voix aux travailleurs et à leurs familles pour le prochain scrutin. Nous pensons que cet appel aurait une force toute particulière s’il concernait tant les élections régionales et européennes que les élections fédérales si elles sont organisées en même temps. Mais, au cas où vous estimeriez cette proposition trop ambitieuse, lancer ensemble un appel pour une liste anti-néolibérale large et ouverte pour le scrutin européen serait néanmoins un signal important.


En info

Lors des élections Européennes de 1999, les listes à la gauche de la social-démocratie et des verts avaient obtenu ensemble 93.593 voix pour toute la Belgique. DEBOUT avait recueilli pour le collège francophone 46.088 voix, soit 1,99%, tandis que le PC avait obtenu au même collège 25.539 votes, soit 1,1%. Pour le collège néerlandophone, le PvdA-AE avait obtenu 21.966 voix (0,57%).

Aux élections Européennes de 2004, les listes de gauche avaient obtenu ensemble 64.293 voix pour toute la Belgique. Le PvdA+ avait obtenu 24.807 voix (0,62%) pour le collège néerlandophone, le LSP 14.166 (0,35%). Pour le collège francophone, le PTB+ avait obtenu 19.645 voix (0,81%), le MAS 5.675 (0,23%).

En 2007, pour le Sénat, les listes de gauche avaient réalisé ensemble un score de 95.654 voix. Pour le collège néerlandophone, le PvdA+ avait obtenu 34.768 voix (0,85%) et le CAP 12.938 (0,32%). Pour le collège francophone, le PTB+ avait obtenu 20.039 voix (0,79%), le PC 19.632 (0,78%) et le CAP 8.277 (0,33%).

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