Manifestation massive à Bruxelles: la colère ne s'est pas évanouie

manif29septembre2016

Marc Goblet (FGTB) a raison : il nous faut une nouvelle grève générale !

Ces derniers jours, le gouvernement ne semblait pas manquer d’assurance: la manifestation syndicale serait plus petite et les nouvelles mesures d’austérité drastiques ne pourraient pas être arrêtées. Le matin de la manifestation du 29 septembre encore, les journaux discutaient d’un deuxième saut d’index. L’agressivité de ce gouvernement néo-libéral aura aidé la mobilisation.

Une fois encore, nous étions plus nombreux que prévu. Les syndicats parlent de 70.000 participants. Comme nous l’avons fait remarquer dans notre tract distribué dans le cortège : ‘‘Nous aurions pu être encore plus si les dirigeants syndicaux avaient écouté leur base aussi bien qu’elle ne les écoute. Alors aurions-nous peut-être eu un seul mot d’ordre au lieu de plusieurs et peut-être même aussi une stratégie pour gagner.’’

Les rangs de manifestants illustraient l’étendue et l’ampleur de la colère sociale. De grandes délégations de métallos étaient présentes, avec un bon groupe de travailleurs de Caterpillar à l’avant. D’autres entreprises menacées de licenciements collectifs étaient aussi là en nombre: Douwe Egberts, Axa, Makro, MS Mode,… En outre, la flexibilité accrue par la loi-Peeters est un sujet très sensible dans le secteur métallurgique et dans l’alimentation, massivement représenté également. Certains jeunes travailleurs participaient là à leur première manifestation syndicale. Les services publics étaient également bien mobilisés, comme nous l’avons vu avec les délégations d’enseignants. Le secteur social d’Anvers, menacé par la marchandisation du secteur si le conseil communal N-VA accorde le suivi des sans-abris à l’entreprise G4S, a constitué une délégation combative sous le slogan ‘‘le travail social n’est pas à vendre.’’ Des sans-papiers étaient à nouveau de la partie, à l’instar des précédentes mobilisations syndicales. L’impressionnant flot de manifestants venait de Flandre, de Bruxelles et de Wallonie et des trois grands syndicats.

Dans son discours, le secrétaire général de la FGTB Marc Goblet a répété qu’une nouvelle grève générale était nécessaire. Celle du 7 octobre a été annulée, mais des actions prendront place à cette date, y compris des grèves. Nous pouvons les utiliser pour reconstruire une dynamique vers une grève générale, comme l’a proposé Goblet. La taille de la manifestation a poussé le président de la FGTB Rudy De Leeuw à dire : ‘‘Nous n’avons pas enterré l’idée d’une grève nationale. Si le gouvernement reste sourd à toutes nos questions, cette grève reste une possibilité.’’ Que le gouvernement fera la sourde oreille, cela ne fait aucun doute. Un gouvernement ‘‘thatchérien’’ n’a pas dans son ADN d’écouter les travailleurs. Une grève générale doit être préparée, et sérieusement. La taille et la diversité du cortège syndical de ce 29 septembre a donné un enthousiasmant aperçu de son potentiel.

Dans le contexte du Bahamas Leaks – qui survient quelques mois à peine après les Panama Papers, LuxLeaks et SwissLeaks – il est en effet des plus honteux que les travailleurs et les allocataires sociaux doivent à nouveau subir l’austérité. La politique actuelle de cadeaux aux riches afin de stimuler l’économie est un échec (voir notre article en pages 2 & 3 de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste: Le gouvernement Michel et ‘‘l’économie pour les nuls’’). Le président de la CSC Marc Leemans a dit à juste titre: ‘‘Où est notre argent? Dans le trou noir du gouvernement.’’ Le gouvernement répète toutefois que les riches sont intouchables, que nos salaires sont trop élevés et que celui qui a la malchance d’être sans travail est un profiteur dont l’allocation doit être écrasée au ras des pâquerettes.

Rudy De Leeuw a réclamé que ce soit aux riches de payer. Une exigence bien légitime, mais il ne faut pas attendre de ce gouvernement l’instauration d’un impôt sur la fortune. Bien au contraire, ce dernier est impatient de réduire l’impôt des sociétés. Il discute parallèlement d’un nouveau saut d’index ou d’un report de l’ajustement de l’index pour combler son trou de 4,2 milliards d’euros.

Comme nous l’avons écrit dans notre tract : ‘‘Convaincre le gouvernement Michel avec des arguments rationnels est une illusion. Ronger son frein en attendant les prochaines élections dans deux ans aussi. Pour ce gouvernement, c’est tout ou rien. Au sommet des syndicats, il n’y a malheureusement que Marc Goblet qui l’a compris. Il a même dû corriger Tamellini à ce sujet. Goblet est aussi le seul à ce niveau à encore explicitement dire que si le gouvernement ne plie pas, il devra tomber. Il met également à nouveau la question de la grève générale à l’ordre du jour ‘‘avant la fin de l’année.’’ Cela ne doit pas rester une promesse vide, il faut sérieusement s’y préparer dès aujourd’hui. Nous pouvons utiliser les actions du 7 octobre dans cette perspective.’’

Le gouvernement peut bien jouer d’arrogance avec ses nouvelles propositions asociales, il n’est pas si fort que ça. Tous les partis gouvernementaux dégringolent par rapport aux élections de 2014. Au fédéral (MR, N-VA, CD&V et Open VLD) de près de 14%, au niveau flamand (N-VA, CD&V et Open VLD) de 11,5%, en Wallonie (PS et CDH) de 9,9% et à Bruxelles (PS, Défi, CDH, Open VLD, SPa et CD&V) de 8,5%. Ce sont presqu’exclusivement les “extrêmes” qui progressent : en Wallonie, le PTB devient le troisième parti avec presque 15 % et, en Flandre, le Vlaams Belang connaît une montée heureusement un peu moins forte à 13%. Cela illustre que beaucoup sortent des sentiers battus dans leur recherche d’une alternative.

Dans notre tract, nous faisions encore remarquer que : ‘‘Le même phénomène s’est présenté lors du référendum sur l’indépendance écossaise ou lors du vote sur le Brexit. Ces votes expriment une révolte latente contre l’establishment, tout comme les manifestations massives contre le TTIP. Aux Etats-Unis, cette révolte s’est politiquement traduite par Bernie Sanders, en Grande-Bretagne non pas par Farage du UKIP mais par Jeremy Corbyn au Labour. Ailleurs, cela passe par de nouvelles formations comme Podemos en Espagne et Syriza en Grèce. Cela illustre l’ampleur du potentiel mais, comme on l’a vu avec Syriza entre autres, cela peut rapidement ne tourner à rien si la nouvelle formation applique quand même la vieille politique.’’

‘‘Il est compréhensible que Marc Goblet et d’autres défendent la constitution d’une coalition de centre-gauche avec la social-démocratie, les Verts et le PTB. Mais rompre totalement avec le système de profit n’est pas possible avec des coalitions comprenant des politiciens discrédités, cela nécessite de rassembler toutes les forces de gauche avec des milliers de syndicalistes au sein d’un large parti combatif de gauche. Goblet pourrait largement y contribuer, tout comme le PTB et d’autres formations de gauche conséquentes.’’

‘‘Nous ne comptons plus les invitations que le PSL a lancées à la gauche radicale, y compris au PTB, afin d’entamer des discussions à ce sujet. Nous nous sommes impliqués dans toutes les initiatives en ce sens, de Jef Sleeckx à Daniel Piron. Cela a malheureusement chaque fois abouti à toutes sortes de petits calculs politiques mais les circonstances objectives continueront à remettre systématiquement cette question sur le tapis. Observer le cours des choses à l’écart et attendre notre chance n’est pas notre style. La défense d’un programme socialiste combatif en réponse à la crise capitaliste ne peut attendre qu’une formation combative plus large existe. Cela peut justement contribuer à en rendre plus claire sa nécessité. Remettre systématiquement ce programme à l’agenda et le défendre est la raison d’être du PSL et, pour cela, nous avons besoin de l’aide de chacun.’’

Photos de Liesbeth:


affiche_charleroiSamedi 8 octobre : Meeting du PSL à Charleroi: “Caterpillar: Non à la fermeture, non à la solution qui mène au chômage et à la misère!” A la “Maison Des Huit Heures”, 23 Place Charles II 23.

Avec Gustave Dache (un des premiers délégués de Caterpillar, licencié pour fait de grève) et la participation de : Roberto D’Orazio et Silvio Mara, ex-délégués FGTB aux forges de Clabecq ainsi que de François, ex-délégué FGTB à Caterpillar. (Plus d’infos)


corbyn_affiche“Révolte en Grande Bretagne – Le Parti Travailliste & Jeremy Corbyn” avec Roger Bannister (vétéran du mouvement syndical et socialiste à Liverpool) et Nicolas Croes (Rédacteur en chef de Lutte Socialiste).

  • Ven. 14/10 BXL – 19h, Pianofabrief, 35 rue du Fort, St-Gilles
  • Sa. 15/10 Liège – 19h, Fédé, 24 place du XX Août
  • Di. 16/10 Mons – 14h, café Le Central (Etage), Grand Place

(Plus d’infos)


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