Chaque étincelle peut mener à une nouvelle explosion

capital_fgtb_socialismebeLe plan d’action a beau être annulé, la colère est toujours présente

Durant l’été, les directions syndicales ont petit à petit mis de côté la grève du 7 octobre pour le deuxième anniversaire du gouvernement fédéral. C’est le président de la CGSLB, Mario Coppens, qui fut le plus clair: ‘‘sauf si le gouvernement annonce soudainement des mesures imbuvables, je ne vois que peu de raisons de faire grève’’.

Par Geert Cool

A-t-il eu vent de cette carte blanche parue en Flandre d’une infirmière dénonçant le personnel insuffisant pour offrir des soins dignes à nos aînés en maisons de repos ? De ces cuisiniers qui se plaignent d’y devoir préparer trois repas par jour avec trois euros seulement ? De ces facteurs tellement à bout de souffle, sous le poids de la flexibilité accrue des plans géoroutes, que l’on songe à engager des réfugiés pour distribuer le courrier ? En réalité, le travail n’est pas ‘faisable’, pour reprendre le terme de Kris Peeters. Avant l’été, l’indignation et la colère se sont exprimées par les actions spontanées des agents pénitentiaires et des cheminots, notamment. Mêmes les magistrats se plaignent du manque de moyens.

Après l’été, la rhétorique du ‘jobs, jobs, jobs’ a douloureusement été discréditée avec l’annonce de licenciements collectifs chez Caterpillar, Axa, P&V assurances, Douwe Egberts,… Pour les travailleurs, les mesures imbuvables sont légion.
Ici et là, on peut entendre qu’il est préférable de se tenir prêt pour de pires mesures, car tout le monde partirait alors spontanément en action. Mais sans avant-garde donnant directement le ton en construisant la résistance avec un plan d’action, on risque de rester coincé dans cette stratégie de l’attente. Entretemps, nos conditions de vie et de travail continueraient à en voir de belles. L’absence d’actions de notre part renforcera l’arrogance du gouvernement et des patrons. La faiblesse entraine l’agression.

Avec ce gouvernement de droite dure, les employeurs sont confortablement installés dans un fauteuil tandis que les attaques antisociales se succèdent devant leurs yeux: augmentation de l’âge de la pension, saut d’index, augmentation de la TVA, prolongations de la semaine de travail,… Les dirigeants syndicaux qui entretiennent encore l’illusion de pouvoir modérer ce gouvernement thatchérien ou de pouvoir sérieusement négocier avec lui se trompent quant à son caractère. Essayer d’arrondir les angles, cela ne fonctionnera pas.

Attendre les prochaines élections n’est pas non plus une bonne stratégie. Nous avons pu le constater en Grande-Bretagne après l’arrivée du gouvernement Conservateurs-Libéraux-Démocrates en 2010. Quand les actions syndicales ont été stoppées après 2011, la droite a pu dominer le débat public, en conséquence de quoi David Cameron a été réélu en 2015. Le gouvernement conservateur britannique a réussi à diminuer les salaires de 10 % et à bâillonner encore plus les droits syndicaux.

Si la direction n’organise pas d’actions, ou insuffisamment sérieusement, le mécontentement ne disparaitra pas, il se transformera parfois en frustration, d’autres fois en actions spontanées qui vont déborder la direction syndicale. Chaque étincelle peut conduire à une explosion. Ce qui manque surtout en ce moment, c’est une direction de combat avec un programme de rupture anti-austérité.

Chaque syndicaliste combatif et socialiste a un rôle important à jouer: organiser la lutte, impliquer des collègues, donner une orientation avec des suggestions sur le programme et les méthodes, évaluer collectivement,… bref, construire le rapport de force avec lequel nous pouvons faire dégager le gouvernement de droite, et toute sa politique d’austérité.

Un espace grandissant à gauche: le PTB à 15% dans les sondages

Le plan d’action de fin 2014 l’a démontré: avec des actions unifiées et bien organisées, nous pouvons faire vaciller le gouvernement. Construisons sur cette expérience. Commençons avec ce groupe d’avant-garde dans le mouvement des travailleurs, qui a grandi. Saisissons chaque ouverture pour impliquer un maximum de collègues. Le potentiel pour des actions reste grand, le mécontentement augmente et mènera à des nouvelles explosions.

Sur le plan politique, l’espace grandit également pour la gauche conséquente. Qui n’a pas été impressionné par le récent sondage dans lequel le PTB est à 14,6% et devient le 3e parti de Wallonie, devant Ecolo et le cdH ? A Bruxelles, le résultat est également bon et le seuil électoral est dépassé en Flandre. Selon cette enquête, les deux élus du PTB à la chambre seraient 10 aux prochaines élections. Le PSL se réjouit de cette progression.

Imaginez ce que 10 députés fédéraux et leurs multiples collègues au niveau régional pourraient signifier pour le mouvement syndical. Nos inquiétudes et nos revendications seraient autrement relayées au parlement. Cela forcerait ce dernier à ne pas tout simplement les ignorer. Les médias ne pourraient pas faire autrement que de tenir notre voix en compte.

Ce serait l’occasion non seulement de dénoncer les inégalités, mais aussi de populariser le changement social et le socialisme. Des initiatives audacieuses – non seulement axées sur les élections, mais aussi et surtout sur les luttes sociales – placeraient résolument nos points de vue et nos propositions au centre de l’agenda politique.

Les échéances électorales sont importantes, mais ce sont les mouvements sociaux, dans la rue, qui ont permis au mouvement des travailleurs d’imposer des réalisations concrètes. Voilà comment ont été obtenus la sécurité sociale ou le droit de grève. Une position forte sur le plan électoral peut renforcer le combat de la rue en le popularisant et en lui donnant une plate-forme plus large pour diffuser ses mots d’ordre.

Mais une assise électorale plus importante, c’est encore insuffisant pour délivrer un changement politique. Des forces de gauche autrement plus majeures que le PTB n’y sont malheureusement pas arrivées. Il suffit de penser à SYRIZA en Grèce, qui a capitulé et qui applique maintenant la politique d’austérité de la troïka. Ou à Bernie Sanders, qui a voulu éviter de poursuivre sa révolution politique et a essayé de la dévier vers un soutien à Clinton, la candidate par excellence de l’establishment. Ils ne manquaient pas de bonnes intentions, au contraire d’un programme cohérent ainsi que d’une méthode pour assurer un rapport de forces visant à rompre avec la politique d’austérité.

Nous espérons que le PTB en tirera aussi des leçons et qu’il ne tombera pas dans les mêmes pièges. Il nous semble ainsi très dangereux de participer à des coalitions, même sur le plan local des conseils communaux, avec la ‘‘gauche’’ de l’establishment. L’appel tactique pour un cartel avec le SP.a et Groen à Anvers – en sachant peut-être que ces deux partis allaient refuser – indique que le PTB est prêt à aller très loin pour participer à des coalitions. Les revendications et le programme que divulgue maintenant le PTB est adapté à ce qui est acceptable pour ces potentiels partenaires de coalition. Avec le temps, cela pourrait nuire à la résistance contre la pression de l’establishment pour rentrer dans la logique du système.

Le PSL est partisan de la construction d’un large parti de lutte de gauche qui offrirait plus que le ‘‘votez pour moi la prochaine fois’’. La gauche radicale dans son entièreté, et le PTB en premier lieu, doit y jouer un rôle. L’existence d’un large parti de lutte dans laquelle tous ceux qui veulent combattre l’austérité trouveraient leur place et qui disposerait d’un programme ambitieux en rupture totale avec la logique du capitalisme est la meilleure garantie pour arracher un véritable changement. Vous voulez renforcer cette idée et soutenir notre programme? Rejoignez le PSL.

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