Favoriser un climat raciste sert à dévier l’attention des nouvelles mesures antisociales

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Il y a moins d’un an, s’exprimait en Belgique une grande solidarité spontanée envers les réfugiés fuyant la guerre. La N-VA était alors la première à vouloir contrarier cet élan d’entraide en semant la méfiance et la confusion.

Par Els Deschoemacker, édito de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

Liesbeth Homans, notamment ministre (N-VA) du Logement au gouvernement flamand, avait suggéré : ‘‘Nous avons en Flandre 140.000 logements sociaux et une liste d’attente de 70.000 personnes (…) au sein de laquelle des gens aux situations financières difficiles se trouvent depuis déjà très longtemps. Je ne vais bien entendu pas leur [les réfugiés] donner la priorité.’’ (Deredactie.be, 10 septembre 2015). Le parti champion des politiques antisociales se présentait tout à coup comme le grand défenseur des défavorisés ! La liste d’attente en Flandre pour un logement social compte aujourd’hui 105.370 personnes, soit 13 % de plus qu’en 2013.

L’objectif ? Monter les différents groupes de la population les uns contre les autres en espérant éviter ainsi qu’une lutte commune les réunisse afin de mettre un terme à des années d’austérité et d’arracher plus de moyens pour les logements sociaux et la politique sociale.

Ce n’est pas un hasard si ces provocations perdurent, du ‘‘pushbacks des réfugiés en mer’’ (Francken) aux musulmans qui auraient ‘‘dansé après les attentats’’ (Jambon), en passant par les propos désobligeants de De Wever qui a comparé le burkini à une tente. Le soi-disant ‘‘féministe’’ Bart De Wever se prononce prétendument pour l’émancipation des musulmanes : un cadeau empoisonné.

Ce n’est pas de l’émancipation des musulmanes dont il est question. Si c’était le cas, les budgets de l’enseignement, des soins de santé, des crèches, de l’aide aux seniors,… ne seraient pas au régime. Davantage de moyens dans tous ces secteurs, voilà en quoi consisterait une politique réellement émancipatrice qui offrirait à chaque femme de pouvoir faire les choix de vie qui lui conviennent afin de prendre place dans cette société, qu’importe son origine ou sa religion.

Partout à travers l’Europe, un discours islamophobe et raciste est utilisé pour détourner l’attention des politiques anti-sociales. L’establishment capitaliste veut affaiblir l’opposition face à sa politique d’austérité, pro-riches en semant la méfiance et la division parmi les travailleurs et la jeunesse. L’exemple le plus récent est l’interdiction du burkini sur certaines plages françaises. Il n’a pas fallu bien longtemps pour que ce débat traverse la frontière.

Pas besoin d’être un partisan du burkini pour voir que cette politique vise à jouer sur les émotions pour repousser les tensions sociales. Dans un contexte d’expansion des guerres au Moyen-Orient – avec l’implication de diverses forces impérialistes occidentales qui défendent uniquement leurs propres intérêts au prix de millions de morts, de familles disloquées et de réfugiés – combiné ici à une politique d’exclusion sociale et de croissance de la pauvreté, il ne s’agit pas d’une recette pour moins, mais bien pour plus de radicalisme, de terrorisme et de désespoir. La droite saisira ensuite cela comme prétexte pour restreindre les libertés démocratiques et renforcé sa gestion musclée et répressive de la société.

Cette rhétorique de diviser pour mieux régner n’est pas innocente et ne se limite pas en Belgique aux islamophobes et aux racistes. Le spectre communautaire menace lui aussi de mettre des bâtons dans les roues de la résistance sociale cet automne. Pour assurer l’unité des travailleurs, il nous faut un programme qui relie la défense des droits démocratiques les plus larges possible à la nécessité d’une transformation socialiste de la société afin de répondre aux besoins de la majorité de la population. Cette approche est cruciale dans la lutte contre le gouvernement et, par extension, contre le système capitaliste tout entier. Ce système ne nous offre que racisme, guerre, pauvreté et exploitation.

Saisissons la manifestation nationale du front commun syndical du 29 septembre contre la politique gouvernementale comme moyen de construire cette unité. Le mécontentement et le manque de moyens croissant dans tous les domaines exigent une action résolue ainsi qu’une stratégie pour vaincre.

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Première page de Lutte Socialiste