Stopper le racisme par la lutte active contre toutes les formes de division

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Diviser pour régner. Bart De Wever le dit probablement plutôt en latin: «divide et impera». Son parti, la N-VA, applique constamment cette tactique éprouvée et séculaire. Jusqu’il y a peu, les problèmes de financement de la sécurité sociale s’expliquaient essentiellement par la faute des Wallons. Maintenant, ce sont surtout les réfugiés qui bénéficient de cet ‘‘honneur’’. C’est bien pratique pour passer sous silence la réduction des cotisations patronales à la sécurité sociale. La pénurie de logements sociaux? A cause des transferts financiers vers la Wallonie. Et de l’arrivée des réfugiés. A Anvers, où il y a peu de Wallons pour servir de boucs émissaires, ce sont les ‘‘Berbères’’ (les Amazighs) qui ont été accusés de tous les maux de la ville que dirige De Wever.

Article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

Le racisme comme écran de fumée

Partout où sévissent des pénuries, on cherche des boucs émissaires derrière lesquels masquer les véritables profiteurs et leurs représentants politiques. Dans une société qui plus que jamais subit les conséquences de la guerre, de la misère et de la pauvreté, dans une société où le fossé entre riches et pauvres ne cesse de grandir, les néolibéraux ont besoin de beaucoup de boucs émissaires. L’objectif visé est de garder le silence sur les véritables raisons des problèmes sociaux.

Le racisme, tout comme la question communautaire, sert aussi à diviser la classe des travailleurs afin d’affaiblir leur lutte contre les politiques antisociales. Le gouvernement de droite peut plus facilement éviter les conséquences de la colère populaire si les travailleurs ne voient pas qu’ils ont les mêmes intérêts que leurs collègues issus de l’immigration ou d’une autre religion. Au moment où le gouvernement préparait une nouvelle offensive contre nos conditions de vie, la discussion sur le burkini est arrivée à point nommé.

La controverse sur le burkini n’a rien à voir avec les droits des femmes

En France, des agents de police armés ont obligé une femme à se dévêtir sur la plage. Différentes municipalités françaises avaient imposé une interdiction du burkini contraires aux droits et libertés constitutionnels. Cette virulence contre le burkini a officiellement été présentée comme étant féministe et en faveur de la libération des musulmanes. Des agents armés qui surveillent la tenue vestimentaire des femmes sur la plage, cela fait plutôt penser à des régimes réactionnaires comme celui de l’Arabie Saoudite.

Le PSL défend le droit des femmes de disposer de leur corps comme elles l’entendent. Cela implique que les femmes ont le droit de porter le voile ou un burkini de même que le droit de ne pas le porter. La polémique sur le burkini a pour but de viser les musulmans, c’est un exemple classique de la politique de diviser pour régner. Juste au moment où le débat a été relancé concernant le budget fédéral en Belgique, la N-VA a sauté sur l’occasion.

Si les partis au pouvoir en France et en Belgique avaient vraiment les droits des femmes à cœur, ils ne sabreraient dans aucun budget des services publics tels que la petite enfance, l’enseignement,… tout en imposant une super-flexibilité et de plus bas salaires aux travailleurs.

La politique de droite provoque des problèmes sociaux

En Flandre, le président du SP.a, John Crombez, a fait son mea culpa: selon lui, la gauche s’est montrée ‘‘naïve’’ dans les domaines de la migration et de la sécurité. Voilà une parfaite illustration d’où en est cette ‘‘gauche officielle’’ qui a imposé la politique néolibérale des décennies durant et qui maintenant n’a rien à offrir en réponse aux conséquences de cette politique. Cela va de pair avec l’image d’une ‘‘gauche’’ responsable de l’arrivée des réfugiés, un cliché que la droite instrumentalise sans vergogne.

La gauche conséquente, elle, ne s’est pas compromis en soutenant la guerre en Afghanistan, en Irak, en Syrie et ailleurs. Ce n’est pas par hasard si la plupart des réfugiés proviennent de ces pays. Ces guerres ont contribué à la croissance de groupes réactionnaires extrémistes comme les talibans et l’Etat Islamique. Toujours à gauche va à l’encontre de la rupture du tissu social de nos quartiers et les communautés en raison de l’austérité. La gauche conséquente s’est opposé à la casse sociale consécutive à la logique néolibérale dans nos quartiers et nos communautés. La gauche conséquente dispose d’un programme pour que chacun puisse vivre paisiblement, ensemble, dans le respect de l’individualité de l’autre: un programme basé sur l’emploi, les services publics, l’accès aux logements,… qui offre un bon avenir à tous, et pas seulement aux super-riches comme cela est le cas aujourd’hui. Nous défendons une transformation socialiste de la société et une rupture anticapitaliste.

Les partis traditionnels ne vont pas aussi loin, pas même la social-démocratie. C’est même aller trop loin pour eux que de relier la crise des réfugiés aux guerres. La responsabilité des problèmes sociaux est donc individualisée: ce sont les jeunes musulmans le problème. Pas tous les musulmans, la plupart, selon Crombez, sont des ‘‘Flamands modernes’’. Il y a donc encore une petite différence entre lui et la N-VA.

La social-démocratie est en effet en partie responsable de la montée des tensions actuelles dans les quartiers et les villes. Les ‘‘jeunes musulmans’’ dont parle Crombez, ont vu des années durant leurs frères et sœurs plus âgés, leurs amis et leurs famille évoluer sans emploi ou sans perspectives d’avenir stable. Où donc était la social-démocratie lorsqu’il fallait réagir avec un plan garantissant de bons emplois pour tous ? La politique de la social-démocratie, ce n’est pas la ‘‘gauche laxiste’’, c’est juste la droite.

Lutter contre le racisme

Un adolescent de Genk issu de l’immigration est décédé cet été au Maroc et des dizaines de racistes étaient immédiatement prêts à danser sur sa tombe de la manière la plus dégoûtante qui soit. Ils n’ont pas fait l’objet de la même attention médiatique que les musulmans imaginaires de Jan Jambon qui auraient ‘‘dansé après les attentats’’. Deux poids, deux mesures.

En Belgique, le racisme reste pour l’instant largement passif, au stade de commentaires engloutis par les médias sociaux. Mais les cas de racisme ‘‘dans la vraie vie’’ sont en augmentation: propos racistes tenus dans les lieux publics, regards en colère contre ceux qui semblent ‘‘différents’’ ou violence manifeste.

De petits groupes racistes comme PEGIDA ou Nation du côté francophone ne parviennent pas à organiser activement des événements majeurs. Le Vlaams Belang et PEGIDA ont tenté de créer un mouvement au début de cette année, ce fut un échec. Les contre-actions étaient généralement bien plus grandes. Nous avons joué un rôle majeur pour l’assurer avec notre campagne antifasciste flamande Blokbuster. C’est ce qu’a reconnu Manuel Abramowicz de RésistanceS.be dans les pages du quotidien Le Soir au sujet de la manifestation annuelle du NSV (association étudiante officieuse du Vlaams Belang): ‘‘Cette manifestation regroupe entre 150 et 200 militants. La contre-manifestation, constituée de jeunes d’extrême gauche (…) rassemblent, eux, entre 500 et 1.000 manifestants. Ces chiffres résument bien l’état des forces en présence. L’extrême gauche n’est pas dans l’air du temps, contrairement à l’extrême droite. Mais sur le terrain, la gauche radicale est numériquement plus importante sur le terrain militant.’’ L’utilisation du terme ‘‘d’extrême gauche’’ est regrettable, mais la conclusion est correcte: l’extrême droite bénéficie d’un soutien, mais qui reste essentiellement passif.

Le racisme et d’autres formes de division doivent être activement combattus. Au bar ou sur les médias sociaux, les déclarations racistes font plus de dégâts si elles n’entrainent pas de réponse. Dans certains cas, la confiance des racistes les pousse vers des actes de violence en dehors des médias sociaux. En France et en Allemagne, des réfugiés ont été attaqués en rue, des centres de réfugiés ont été victimes de tentatives d’incendie,… A Dortmund, en Allemagne, les néo-nazis se sont sentis suffisamment forts pour passer à une tentative d’assassinat contre un antifasciste.

La meilleure riposte est de s’organiser et de construire une alternative à l’austérité et aux problèmes sociaux, cela ne peut que renforcer la solidarité dans la lutte. Ce qu’il faut, c’est organiser les antiracistes sur base d’une perspective de lutte et d’une stratégie orientée contre le système capitaliste responsable des diverses formes de division.

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