Attentat à l’aéroport Atatürk. Non à la guerre et au terrorisme! Oui à l'unité et à la solidarité des travailleurs!

Ambulance cars arrive at Turkey's largest airport, Istanbul Ataturk, Turkey, following a blast June 28, 2016.     REUTERS/Osman Orsal - RTX2IQUY

Une attaque terroriste, présumément commise par l’État islamique (Daesh) a tué au moins 43 personnes et blessé 239 autres à l’aéroport Atatürk d’Istanbul le 28 juin dernier. Trois kamikazes ont ouvert le feu sur des passagers et le personnel de sécurité à l’aide de fusils automatiques avant de se faire sauter au contrôle de sécurité à l’entrée de l’aéroport. Le modus operandi et le moment choisi pour cette attaque, alors que Daesh est confronté à d’importants revers militaires dans la région, suggère que l’infâme organisation djihadiste est bel et bien derrière ce nouveau bain de sang terroriste. Elle cherche à afficher au grand jour sa capacité destructrice opérationnelle.

Par Ahmet Küçük, Sosyalist Alternatif (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat turc)

L’aéroport Atatürk d’Istanbul dispose de normes de sécurité relativement élevées en comparaison des aéroports européens. Des contrôles de sécurité sont également effectués à son entrée. Ces mesures ne peuvent toutefois assurer qu’il s’agisse d’un îlot de sécurité vis-à-vis du terrorisme. Cette récente attaque illustre les limites d’une approche exclusivement basée sur le renforcement de l’appareil de sécurité en négligeant de traiter les causes sous-jacentes du terrorisme. La manière de lutter contre le terrorisme est devenue une question de la plus haute importance dans un pays secoué par 10 attentats terroristes commis contre des civils au cours de ces 11 derniers mois et qui ont causé plus de 250 décès parmi les civils.

Sosyalist Alternatif (CIO-Turquie) s’oppose totalement aux attaques terroristes à l’encontre de la population civile de même qu’à l’idéologie de l’organisation qui les opère. Chacune de ces attaques a été utilisée comme excuse pour s’en prendre aux droits démocratiques et renforcer les pouvoirs du président Erdo?an et de la machine d’Etat. Après l’attaque de ce 28 juin, le gouvernement a temporairement bloqué les médias sociaux, tout comme ce fut le cas après chaque incident, et tous les reportages ont été censurés ou interdits.

Il est particulièrement important d’examiner et de combattre l’atmosphère politique qui a créé le terrain pour de telles attaques terroristes. Le gouvernement turc dirigé par l’AKP a déclaré un jour de deuil national après ‘attentat de l’aéroport. Il s’agit d’hypocrisie pure et simple. Les attaques de Daesh contre des cibles turques font penser à un chien qui mord la main qui l’a nourri. L’AKP (le Parti de la Justice et du Développement) a soutenu les rebelles armés de l’opposition soi-disant «modérée» en Syrie des années durant. En pratique, la Turquie est devenue une «autoroute djihadiste» et une zone d’appui pour Daesh derrière les lignes de front. Ironie du sort, l’aéroport Atatürk d’Istanbul est un aéroport par lequel un nombre considérable de combattants djihadistes et de recrues étrangères de Daesh ont transité dans le cadre de leur voyage vers le soi-disant Califat de l’Etat islamique. Ce n’est que récemment que les mesures ont été renforcées pour empêcher ce flux de djihadistes, probablement l’une des raisons pour lesquelles Daesh a commencé à se retourner contre l’Etat turc. Mais c’est majoritairement la population ordinaire qui paie le prix de ce jeu cynique.

Ces deux dernières années, les groupes terroristes islamistes radicaux ont développé un réseau de cellules terroristes dans toute la Turquie. L’instabilité causée par les guerres en Irak et en Syrie ainsi que l’approvisionnement en armes de ces pays par les puissances impérialistes et régionales ont augmenté les possibilités d’accès aux armes lourdes et automatiques de même qu’aux explosifs dans toute la région. La répression du gouvernement AKP contre ses opposants politiques, y compris contre le parti pro-kurde HDP (Parti démocratique du peuple), ainsi que la destruction des villes kurdes et le massacre de civils sous le prétexte «d’opérations militaires contre le PKK» nourrit l’instabilité politique et la polarisation croissante dans la société. Cela crée un terrain plus fertile pour le terrorisme.

La croissance du terrorisme à laquelle nous assistons en Turquie est pour une grande part un choc de retour pour la politique du gouvernement turc. Il est évident que l’on ne peut accorder aucune confiance à un gouvernement lui-même responsable de la terreur d’Etat pour prendre en main nos inquiétudes concernant la sécurité. Pour commencer, une enquête indépendante doit être menée au sujet des événements du 28 juin, avec l’implication des syndicats et des représentants des travailleurs de l’aéroport.

Mais, plus fondamentalement, nous avons besoin d’un changement fondamental politique et économique en Turquie. Cela ne viendra pas du sommet de la société. Le mouvement syndical, le HDP et la gauche ont besoin de se rassembler et de mobiliser en masse les travailleurs et la jeunesse contre la terreur et les dévastations militaires de l’Etat contre les Kurdes ainsi que pour la justice sociale et les droits politiques. Cette lutte permettrait de développer les forces d’une alternative politique indépendante pour la classe ouvrière, une alternative socialiste, en liaisons avec la défense de la transformation socialiste de la société à travers le Moyen-Orient.

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