Brexit : Organiser la colère contre les conservateurs et leur politique !

brexitLe 23 juin, une majorité de Britanniques ont voté en faveur d’une sortie de l’Union européenne. L’establishment, tant en Grande-Bretagne que dans le reste de l’Europe, est ébranlé. Directement, il a été question d’électeurs ne comprenant rien ou de motivations unilatéralement racistes. Mais ce n’est pas ça. Ce résultat provient d’une révolte des travailleurs qui en ont assez. Nous en avons discuté avec Hannah Sell, du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles).

“‘Avec le Socialist Party, nous avons fait campagne pour quitter l’UE. Mais nous n’avons rien en commun avec Nigel Farage (UKIP) ou les politiciens conservateurs Boris Johnson et Gove de la campagne pour le Leave (‘‘quitter’’). Notre campagne visait tout d’abord à protester contre le fait que ces gens aient obtenu le statut officiel de porte-paroles de la campagne pour le Leave. Nous savions, en effet, qu’ils allaient utiliser des millions de livres sterling et leur temps d’antenne dans les médias pour un appel à quitter l’UE basé sur le nationalisme et le racisme.

‘‘Nous nous opposons à l’Europe du capital, et c’est ce qu’est l’Union européenne. Il s’agit d’une union patronale qui agit dans les intérêts du 1 % le plus fortuné. L’UE impose des privatisations et des coupes budgétaires dans nos services publics. Nous nous opposons donc à l’UE, tout comme la classe ouvrière britannique qui a voté en faveur du Brexit, ainsi que des millions de travailleurs à travers l’Europe, en Grèce, en Espagne et au Portugal, qui souffrent de l’impact des politiques brutales de l’UE.

‘‘Il y a un sentiment d’euphorie parce que nous avons infligé une défaite à l’establishment ce 23 juin. Mais nous comprenons aussi que de nombreux travailleurs et jeunes ont voté remain (‘‘rester’’) et soient préoccupés par l’impact de la sortie de l’UE. Beaucoup craignent que ce soit une nouvelle fois les gens ordinaires qui payent le plus lourd tribut suite à la crise économique provoquée par la sortie de l’UE. Ils sont aussi inquiets concernant le danger que constitue la montée du racisme, du nationalisme après le référendum.

‘‘C’est un danger réel, peu importe qui a gagné le référendum. Les politiciens capitalistes des deux côtés du débat référendaire ont usé de postures anti-immigrés durant la campagne. Malheureusement, une position indépendante et massive du monde du travail était absence. Les dirigeants du Parti travailliste et malheureusement également la grande majorité des dirigeants syndicaux ont appuyé la position de la campagne officielle du Remain. Le racisme est un danger, mais nous pouvons le combattre avec un mouvement unitaire de lutte contre le racisme et l’austérité.

‘‘Les dirigeants syndicaux doivent être clairs : chaque tentative de s’en prendre aux conditions de vie des travailleurs prétextant les suites du référendum pour le Brexit doit immédiatement être combattue par une grève générale de 24 heures pour bloquer l’austérité.

‘‘Parallèlement, nous devons passer à l’offensive et, dès à présent, nous battre pour des élections anticipées. La droite ne ressortira pas nécessairement comme le vainqueur après ce référendum. Comme l’a dit à juste titre le président du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, des millions de personnes ont voté contre l’austérité par ce référendum. Nous devons maintenant convertir cela en un mouvement.

‘‘Les sentiments sont partagés parmi les travailleurs face au résultat du référendum. Mais parmi l’élite – les grandes entreprises et les capitalistes – il y a unanimité. Ils sont unis dans leur choc, car ce résultat n’est pas dans leur intérêt. Le Financial Times a ainsi résumé ce sentiment le 24 juin dans son édito : ‘‘The pitchforks are coming’’ [traduction : “les fourches arrivent”]. C’est de cela qu’ils ont peur. Ils sont affaiblis et leur parti traditionnel – les conservateurs – est dans les cordes. Tellement détesté, le Premier ministre David Cameron a dû annoncer sa démission.
‘‘La gauche et la classe des travailleurs doivent utiliser cette situation à leur faveur. Nous savons qu’un gouvernement de gauche avec un programme anti-austérité, reposant sur les intérêts de la majorité de la population est le cauchemar de l’establishment. Comme nous l’avions prévenu, les représentants de l’establishment au sein du Parti travailliste (les partisans de Tony Blair) vont essayer de se débarrasser de Jeremy Corbyn après le référendum. Il n’y a pas de compromis possible avec les représentants du capitalisme.

‘‘Corbyn doit se montrer ferme et immédiatement exiger la tenue de nouvelles élections pour y défendre un programme clairement anti-austérité. Le programme qu’il a défendu pour accéder à la présidence du parti est un bon point de départ : une augmentation du salaire minimum à 10 £ par l’heure, la construction massive de logements sociaux, la renationalisation des chemins de fer et du secteur de l’énergie. Il doit également insister sur la nécessité de s’opposer à la politique antisociale dans les municipalités et s’engager à ce que toute municipalité contrôlée par le Parti travailliste n’applique pas l’austérité dans son budget.

‘‘Un tel programme serait un bon début, mais nous devons aller plus loin. Nous luttons pour un programme socialiste développé comprenant la nationalisation sous contrôle démocratique par les travailleurs des grandes entreprises qui dominent notre économie. Nous allons mener campagne en faveur de ce programme. Mais si Jeremy Corbyn défend un programme anti-austérité, cela pourrait générer beaucoup d’enthousiasme. Il existe de nombreuses possibilités pour le mouvement des travailleurs afin de répondre au mécontentement, mais nous devons nous organiser pour saisir ces opportunités.’’

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