Quartier Luchtbal à Anvers. La violence policière raciste étouffée ?

luchtbal1-600x450Le mois de juin a commencé de manière agitée dans le district anversois de Luchtbal. La police est intervenue de façon musclée contre un groupe de jeunes qui s’étaient réunis dans un centre culturel pour la rupture du jeûne dans le cadre du Ramadan. Abdel, 22 ans, a été grièvement blessé, son orbite brisée. Les jeunes qui se sont réunis le 11 juin, après les événements, pour discuter de la manière de réagir ensemble ont à nouveau été dispersés par la force et certains ont été arrêtés.

Une mère célibataire de trois enfants témoigne: ‘‘Des appels ont été lancés sur facebook pour se réunir le samedi et discuter d’une action de protestation. Autour de 18h, je passais par là avec ma fille de 9 ans. Quelques jeunes parlaient de la violence policière. J’ai laissé ma fille jouer dans le parc. Soudain, j’ai vu une dizaine de voitures de police dans la rue et les rues se sont retrouvées bloquées. Ça ressemblait à l’arrestation d’un gang international. Nous étions assis dans le parc et avons vu les policiers arrêter certains jeunes. ’’

‘‘Lorsqu’un jeune homme a crié: ‘‘Dites-moi d’abord ce que j’ai fait mal’’, l’agent de police est devenu encore plus agressif. Il a été jeté comme un sac de pommes de terre dans la voiture de police. Ma fille et les autres enfants avaient très peur, elle a commencé à pleurer et voulait rentrer à la maison. Je suis rentrée et, ensuite, j’ai demandé à mon fils de faire quelques courses avant que les magasins ferment. Il s’est rendu à un magasin à 200 mètres de notre appartement. Quand il est sorti, la police était partout. Il a dû se mettre à genoux, les mains derrière la tête, et a été soigneusement fouillé. Ils n’ont rien trouvé et lui ont dit : ‘‘Rentre chez toi, qu’on ne voit plus ta sale gueule dans la rue.’’ Mon fils a répondu qu’il avait quand même le droit d’être en rue, mais l’agent lui a dit: ‘‘Tais-toi, un mot de plus et je te casse la gueule.’’ Au cours de la fouille, mon fils a été accusé d’être étranger.

‘‘Cela peut conduire à des situations dangereuses. La frustration des jeunes humiliés et la violence policière peuvent échapper à tout contrôle. C’est le système qui est responsable. On investit dans la guerre et la répression, mais pas dans l’enseignement et le travail pour les jeunes. La crise des réfugiés renforce encore ce racisme. Le fossé entre les jeunes ‘d’origine étrangère’ et le système administratif augmente alors que la plupart sont nés en Belgique. L’ENAR (un réseau antiraciste européen) note qu’en Belgique ‘‘les inégalités persistantes proviennent d’une incontestable hiérarchie de positions socio-économiques.’’ Cette inégalité était déjà présente quand les choses allaient mieux sur le plan économique. Et maintenant ? Le marché du travail est gangréné par le racisme, reconnaissent les études. Et puis il y a ce genre d’incidents.’’

La police a lancé une enquête interne, mais il est clair que tout sera fait pour classer l’affaire. Nous ne devons pas laisser les jeunes protester seuls. Il nous faut une enquête indépendante sur les agissements de la police, avec implication des habitants.

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