Le danger de l’extrême droite n’a pas disparu

antifaSelon un sondage publié à la mi-mai, le Vlaams Belang atteindrait les 13,9 % et deviendrait donc le troisième parti flamand derrière la N-VA et le SP.a. L’extrême droite connait également un sursaut électoral ailleurs en Europe. Norbert Hofer du FPÖ autrichien a remporté le premier tour des élections présidentielles avec 35 %. En Allemagne, Alternative für Deutschland (AFD) a engrangé des résultats inquiétants. En France et aux Pays-Bas, le Front National et le PVV de Geert Wilders risquent de devenir le plus grand parti de leurs pays respectifs aux prochaines élections.

Par Fabian (Gand)

Un vote de protestation

Le retour en vue pour l’extrême droite sur le terrain électoral n’est pas une surprise dans un contexte généralisé d’austérité profonde et de chute du pouvoir d’achat. La colère monte et elle peut s’exprimer vers l’extrême droite ou toutes sortes de populistes de droite en l’absence d’alternative claire anti-austéritaire.

Le racisme ‘‘plus doux’’ de partis de droite populistes comme la N-VA n’a pas conduit à la fin de l’extrême droite. La rhétorique de Theo Francken (‘‘les réfugiés doivent apprendre à bien se comporter avec les femmes’’) ou de Jan Jambon (‘‘une partie significative de la population musulmane a dansé après les attentats’’) a rendu plus acceptable le discours plus ouvertement raciste du Vlaams Belang. Le fait que le changement rapide promis par la N-VA ne semble se résumer qu’à l’austérité, de nouvelles taxes et des scandales de fraudes fiscales des riches ouvre la voie à un retour partiel de certains électeurs vers Vlaams Belang.

Un espace grandissant pour l’extrême droite…

La politique d’austérité qui affecte la majorité de la population crée un terrain fertile pour l’extrême droite. C’est dans ce contexte que le slogan du Vlaams Belang ‘‘Économiser sur le droit d’asile, pas sur notre propre peuple’’ peut trouver un écho parmi une couche donnée de la population. Avec son discours populiste concernant le sécuritaire et les ‘‘valeurs occidentales’’, le Belang instrumentalise les craintes légitimes de la population au sujet de son avenir.

L’extrême droite n’offre toutefois pas de réelle alternative contre les coupes budgétaires et les mesures antisociales. Il ne cherche qu’à nous diviser sur base religieuse, de couleur de peau ou d’origine. Il manque aujourd’hui à la classe des travailleurs un parti de masse qui représente véritablement ses intérêts et prend le devant de la résistance contre les coupes budgétaires. Alors que les couches les plus conscientes des travailleurs et des jeunes sont à la recherche d’un nouvel instrument politique qui va à l’encontre de la logique néolibérale, les sections les plus aliénées de la classe ouvrière sont sensibles au discours de l’extrême droite envers les réfugiés et les migrants.

… faute d’une réelle alternative contre la politique antisociale

Les sociaux-démocrates et partis verts, qui ne vont pas au-delà de la promotion d’une austérité plus ‘‘light’’, ne représentent pas réellement une solution. La situation en France l’illustre parfaitement avec un gouvernement PS qui poursuit une politique antisociale dont peut bénéficier le Front National de Marine Le Pen. C’est aussi visible au travers des déclarations de John Crombez (président du SP.a) sur la nécessité d’une politique de ‘‘push-back’’ pour repousser les réfugiés, considérés comme responsables de leur situation. Là où des forces de gauche conséquentes existent et disposent d’un certain poids électoral, cela peut fournir un tampon face à l’extrême droite et au populisme de droite. Pensons à Die Linke en Allemagne et au PTB en Belgique francophone. Mais alors, ces forces de gauche doivent refuser de se limiter au rang de partenaire de coalition avec un plus grand parti ‘‘de gauche’’ qui résulterait à assumer la responsabilité de la même politique antisociale.

L’extrême droite tire profit du racisme et de l’absence d’alternative aux partis de l’establishment. Malgré qu’elle soit capable de réaliser des percées électorales, elle est encore loin de pouvoir initier à des mobilisations de masse même si on observe une violence croissante envers les réfugiés et les migrants.

En Flandre, l’extrême droite a lancé une campagne de mobilisation le nom de PEGIDA à Anvers, Gand, Zeebrugge, Louvain et Anvers. Elle n’est toutefois pas parvenue à attirer de nouvelles couches. À Anvers, le 23 avril, à peine 350 activistes avaient répondu à leur appel, moins que pour leur première mobilisation en janvier dans cette même ville. Après les attentats de Bruxelles, les organisateurs de PEGIDA espéraient faire de cet événement ‘‘le plus grand rassemblement anti-Islam qu’a jamais connu notre pays’’. Ce fut un échec. Une action du Vlaams Belang aux portes de la Muslim Expo à Anvers n’a réuni… qu’une quarantaine de participants.

L’extrême droite se révèle encore incapable d’obtenir un soutien actif à son programme. Cela ne signifie pas qu’il faut relâcher sa vigilance. Les préjugés racistes représentent un obstacle pour mener une lutte efficace contre la dictature de l’élite capitaliste. Sans résistance antifasciste active, l’augmentation de la violence contre les migrants en Europe peut aussi dégénérer davantage.

Il nous faut une alternative

Pour contrer cette menace, nous devons organiser une résistance de masse contre le racisme et le terreau qui lui permet de se développer. À Gand et à Louvain, les plateformes antiracistes ont organisé des manifs bien plus imposantes que celle des racistes. De pareilles contre-actions combattives sont de la plus haute importance pour isoler les plus extrémistes des racistes, mais nous devons aussi prendre à bras le corps le débat concernant le blocage à organiser sur le plan électoral.

La crise économique et les politiques d’austérité ne servent que les intérêts des plus riches, ce qui entraine une polarisation croissante dans la société. Une véritable alternative au racisme doit être une alternative à la politique capitaliste.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai