Tant lors de la journée d’actions et de grève des services publics le 31 mai que lors de la grève nationale appelée par la FGTB le 24 juin, le piquet de grève du CPAS de Liège était impressionnant. A côtés des traditionnels drapeaux du syndicat, on trouvait aussi une table pour présenter les tracts et informations diverses du syndicats ou des organisations politiques qui passaient au piquet, des panneaux explicatifs sur la situation actuelle et l’impact de l’austérité, des calicots faits à la main et des affichettes sur différents thèmes,… L’atmosphère au piquet était toujours très politique et combattive. Nous en avons discuté avec Boris, délégué CGSP pour le CPAS de Liège.
« La grève d’aujourd’hui (le 24 juin, NDLR) vise à montrer la grogne et le mécontentement contre les règles gouvernementales mises en place depuis 2014. Et avant aussi, autant parler de tout. Ici au CPAS, nous sommes déjà inquiets pour nos conditions de travail et beaucoup plus au niveau des pensions. On peut aussi parler de la Loi Peeters et de toutes les autres petites touches qui risquent quand même d’avoir une incidence du privé vers le public, que ce soit les 45h, la flexibilité du travail, des heures supplémentaires sûrement, etc.
« Après, ce qu’on dénonce aussi, ce sont toutes les règles qui ont été prises pour l’exclusion sociale, dont celles prises par Di Rupo. Nous, au CPAS, on représente le droit résiduaire de tous les exclus sociaux. On vit donc de plein fouet les conséquences de toutes ces mesures. Tout ça représente de plus son lot de dossiers supplémentaires à gérer et donc une pression sur nos conditions de travail. Le travailleur ne peut plus garantir de faire une analyse sociale du bénéficiaire qui assure sa dignité dans l’aide qu’on lui apporte.
« Et même quand on parvient à faire partir les documents en temps et en heure, rien ne permet de garantir que tout va être fait à temps puisque tous les services sont surchargés. Mais ces retards concernent des questions vitales pour les demandeurs. Les retards créent une frustration qui peut ensuite prendre forme d’agressions verbales ou même d’agression physique sur les agents. Le développement humain et le bien-être de l’usager passent à la trappe avec l’évolution du travail social sous les coups des mesures des gouvernements successifs.
« Et c’est ce qui risque d’arriver encore plus avec le ‘‘projet individualisé d’intégration sociale’’ (PIIS) du ministre Borsus (MR) qui risque de sérieusement conditionner le revenu d’intégration à un travail bénévole. Le danger si on se projette sur l’avenir, c’est également le nivellement des salaires de tous par le bas. Pour le balayage des rues, etc., pourquoi engager avec un vrai salaire alors quand il est possible de mettre en ‘‘service communautaire’’ un bénéficiaire du revenu d’intégration social qui a craint de perdre son allocation ? Ce n’est pas un fantasme, simplement une projection.
« Pour les piquets et notre action syndicale, nous concevons notre action comme un plan d’action pour un bénéficiaire. Notre job c’est d’analyser la situation d’une personne et organiser un plan d’action pour elle, c’est pareil ici. Il faut analyse de la situation et essayer d’en tirer les traits positifs et négatifs pour informer sur ces différents traits. Ici, on a voulu maximaliser l’information sur le piquet avec de nombreux panneaux, des tracts à disposition, etc. pour nous adresser à ceux qui ne vont pas nécessairement aux activités syndicales, aux manifestations et aux réunions. Quand on ne va pas vers l’information, c’est l’information qui doit bouger.
Café syndical à Liège : « Comment renverser ce gouvernement de malheur? » Ce mercredi 29 juin, 18h30,
au Centre culturel “Le Zénith” (15, Rue Jean d’Outremeuse, 4000 Liège). Venez partager vos expériences et envisager la préparation d’un automne chaud contre Michel 1er avec des militants syndicaux et notamment GUSTAVE DACHE, vétéran du mouvement ouvrier à Charleroi. Métallo durant des années, il a été délégué à Caterpillar et à Citroën et a également très activement participé à la grande grève générale de l’hiver 1960-61.
Photos de Julie et Simon