Grève du 24/06: Quelques questions posées aux grévistes à Bruxelles

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Ce vendredi 24/06 une grève générale s’est déroulée en Belgique à l’appel de la FGTB, rejointe par quelques centrales francophones de la CSC. Plusieurs camarades du PSL son intervenus sur les différents piquets de grève en y faisant une interview composée de quatre questions auprès des travailleurs.

1) Cette grève fait partie d’un plan d’action plus large avec des manifestations, des réunions du personnel et d’autres grèves. Que signifie cette grève, cette lutte, pour vous, sur cette entreprise ?

Pour Majiid, délégué CGSP à l’Atelier TGV de Forest, c’est toute la politique antisociale du gouvernement qui doit être visée. La flexibilité joue énormément à l’atelier. Le TGV roule jusqu’à 300 km à l’heure. On ne peut s’imaginer un accident à cette vitesse. Comme une voiture, les rames du TGV ont besoin d’entretien, mais l’enjeu est plus important encore. Les amortisseurs par exemple ne sont plus fiables après 3 ans. Beaucoup de pannes sont détectées en connectant l’ordinateur, d’autres sont exclusivement mécaniques. Aujourd’hui, le client met énormément de pression pour que les rames soient disponibles le plus vite possible. A ce rythme-là, impossible de garantir que des accidents ne se produiront pas d’ici les prochaines 5 années. Soyez-en certain, personne ne veut cela.

Photo : metallos.be (site des métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB)
Photo : metallos.be (site des métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB)

Pour Didier, travailleur de super transport, le mouvement a besoin d’un nouveau souffle pour rebondir et d’un meilleur dialogue entre  les directions syndicales et la base des travailleurs ainsi qu’entre les travailleurs et les usagers.

Pour Philippe, travailleur à Audi Forest, c’est avant tout une lutte pour de meilleures conditions de travail avec par exemple comme revendication la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire pour avoir une meilleur qualité de vie et pouvoir accorder plus de temps à sa famille ou à soi-même.

Chez AutoVision, Amine nous donne une même vision de ce que représente la lutte à ses yeux et au sein de l’entreprise dans laquelle il travaille : pour une alternative politique et surtout pour une alternative sociale. Sur ce dernier piquet, nous avons même reçu un tract des travailleurs qui mettait en avant leurs propres revendications (plus de sécurité sociale, retour à la pension à 65 ans , fiscalité équitable et diminution collective du temps de travail).

2) Le gouvernement a déjà dit que, cet été, il annoncerait de nouvelles mesures d’austérité, pour environ 3 milliards d’euros. Pensez-vous que ce gouvernement est préparé à faire des concessions fondamentales ? Si non, pensez-vous que nous sommes capables de le faire tomber et de quoi avons-nous besoin pour cela ? Par exemple : la grande manifestation du 29 septembre et la grève du 7 octobre doivent-elles être le début d’un mouvement de grèves jusqu’à la chute du gouvernement ?

Majid rappelle que la veille de la grève, Olivier Chastel avait déclaré que cette dernière n’aurait aucun effet sur le gouvernement. Il pense donc qu’il faut des actions plus fortes, tous ensemble, comme lors des manifestations du 6 novembre 2014 et du 24 mai 2016. Il pense aussi que le 29 septembre et le 7 octobre, la CSC sera solidement présente elle aussi.

Pour Didier , aucune concession n’est possible avec ce gouvernement, qui n’est pas capable d’appliquer une politique juste et correcte. Il nous dit aussi que, pour lui, il est tout à fait possible de faire tomber le gouvernement , que cela a déjà été fait dans d’autres pays et que c’est aussi possible si les syndicats et militants se mobilisent encore plus et motivent leurs collègues ou/et proches.

Pour Philipe non plus, ce gouvernement ne fera aucune concession et, pour lui aussi, le travail de mobilisation est plus qu’important. Mais il développe aussi un point sur le fait que c’est aux grands patrons super-riches qu’il faut s’en prendre pour les obliger à redistribuer les richesses équitablement.

Pour Amine , tout dépend du rapport de force. S’il est assez fort, le gouvernement n’aura pas d’autre choix que de faire marche arrière. Ici, Amine nous dit que nous avons besoin de nous inspirer de ce qui a déjà pris place, en nous citant les révoltes du Maghreb , les Indignés d’Espagne et, plus récemment, le mouvement en France pour utiliser le mouvement de masse comme base de la lutte.

3) Nous pensons qu’il y a une grande base potentielle pour porter ces actions du 29 septembre et du 7 octobre s’il y a une bonne manifestation et une bonne mobilisation. Comment se déroulent la mobilisation, la discussion et l’organisation du plan d’action sur votre lieu de travail ? Avez-vous eu des réunions du personnel ? Cela pourrait-il être un moyen pour mobiliser encore plus vers septembre ?

Majid a déjà commencé à parler du 29 septembre et du 7 octobre. Lors des 8 jours de grève chez les cheminots, les assemblées du personnel étaient quotidiennes. Aujourd’hui, la présence au piquet est un peu moindre puisqu’il fallait bien permettre aux grévistes de souffler en mettant un petit pas en arrière. Pourtant, beaucoup sont restés chez eux, à peine 3% des cheminots sont au boulot à Bruxelles.

Dans l’entreprise ou travail Didier, l’information circule bien et les délégués syndicaux et militants font bien leur travail. La plupart du temps, une bonne partie du personnel est tenue au courant des différentes grèves et manifestations. Didier pense donc que , comme d’habitude , la mobilisation sera faite pour la manifestation du 29 septembre et la grève du 7 octobre.

Philippe nous dit que des assemblées et des distribution de tract sont effectuées hors des heure de travail pour mobiliser le personnel. Il nous dit aussi qu’il faut qu’un travail fort soit fait par les syndicats, vert comme rouge, pour organiser de meilleures actions.

Chez AutoVision, les délégués syndicaux suivent généralement la centrale, tout en gardant une certaine indépendance interne sur le contenu de leurs tracts.

Les travailleurs d’AutoVision et d’Audi font également des assemblées du personnel une fois par an, et , plusieurs fois dans l’année chez AutoVision.

4) La question qui revient le plus, c’est de savoir quelle alternative existe si on fait tomber le gouvernement. N’a-t-on pas besoin aussi, du côté syndical, d’une arme politique dans les mains de la classe des travailleurs ? D’un parti de lutte qui pourrait être une plateforme pour les différentes tendance au sein du mouvement ouvrier, ouvert aux nouveaux mouvements sociaux, au PTB et à d’autre force de gauche radicale, y compris le PSL ?

Pour Didier, il serait bien que le syndicalisme revienne à une tradition plus révolutionnaire et d’avoir une « fédération  » des travailleurs pour impliquer le plus de personnes possible dans la politique.

Phillippe, lui, nous dit qu’il serait important d’avoir un front de gauche qui défend et représente les travailleurs car il ne sera pas évident de faire tomber ce gouvernement qui s’en prend sans cesse aux travailleurs sans une solidarité et une union des différentes forces déjà présentes.

Il nous faut un gouvernement de transition, nous dit Amine, avec les syndicats et les forces de gauche et mouvement sociaux pour préparer un nouveaux gouvernement.

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