CPAS. « Le gouvernement wallon a décidé d’appauvrir les plus pauvres » !

C’est ce que dénonce la Fédération des CPAS dont la première règle est que « Toute personne a droit à l’aide sociale, celle-ci a pour but de permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine. » Mais faute de moyens, cela va devenir une mission impossible…

Nicolas Croes

En dix ans, le nombre d’usagers des CPAS en Wallonie a augmenté de 16% (passant de 39.000 bénéficiaires en 1995 à 45.300 en 2006), et ce alors que le financement a stagné. Il a fallu aussi engager plus de travailleurs sociaux, mais le subside par travailleur a diminué de 50% en une décennie (de 11.932 euros par an à 6.631 euros). Comment dès lors arriver à faire un véritable travail social de qualité ?

La Wallonie connaît aujourd’hui un taux de pauvreté de 18% (contre 15% pour tout le pays) et les CPAS doivent aussi maintenant faire face à des travailleurs qui n’arrivent plus, eux non plus, à joindre les deux bouts. A cela s’ajoutent les exclusions des allocations de chômage dues à la chasse aux chômeurs : celles-ci représentent une augmentation de charges d’au moins 13 millions d’euros pour les seuls CPAS wallons…

Certains travailleurs des CPAS ont actuellement plus de 200 dossiers à gérer en même temps, alors qu’on estime que 100 dossiers par personne constituent un maximum. Dans ces conditions, il est inévitable que la qualité du travail se dégrade et que cela entraîne une déshumanisation des allocataires, qui deviennent fatalement autant de numéros. A cela s’ajoute une pénurie de moyens, notamment en matériel informatique, qui entraîne une grande frustration parmi le personnel, terreau propice au développement de conflits et de rancœurs entre travailleurs, entre services,…

La Fédération des CPAS a expliqué dans un communiqué de presse le 27 mars dernier que « les CPAS doivent de plus en plus souvent pallier les carences des politiques traditionnelles, notamment en ce qui concerne l’emploi, la formation, l’enseignement ou la consommation conduisant au surendettement. La presse a rappelé ces derniers jours que quelques 110.000 personnes ont dû faire appel aux banques alimentaires. La baisse du pouvoir d’achat joue un rôle important. Les services de médiation de dettes (presque exclusivement créés par les CPAS) sont submergués de travail et cette situation s’aggrave d’année en année.»

Des économies sur le dos des pauvres…

Mais, le 14 mars dernier, le gouvernement wallon a décidé de réformer le Fonds de Communes, ce qui a des effets néfastes sur le Fonds Spécial de l’Aide Sociale (FSAS)… Pourtant, le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale du Centre pour l’égalité des chances a déjà dénoncé à plusieurs reprises et depuis longtemps le manque de moyens des CPAS.

Le Fonds des communes dispose actuellement d’un montant de départ de 870 millions d’euros. Avec une indexation annuelle et une augmentation de 1% par an, cette somme devrait atteindre la somme de 928 millions d’euros pour 2008 (et 1,68 milliard d’euros d’ici 2028). Mais l’aide sociale destinée aux CPAS wallons est maintenant désolidarisée : l’enveloppe reste la même (5% du Fonds des communes, soit 46,4 millions d’euros) et aucune augmentation n’est prévue à côté de l’indexation. La Fédération des CPAS dénonce : «Plus les CPAS ont de missions, plus leur public s’élargit, moins la Région wallonne les soutient».

Est-ce surprenant ?

Le gouvernement de la Région Wallonne a déjà souvent expliqué où se trouvent ses priorités. Elles ne sont pas du côté des travailleurs et des allocataires sociaux. Il suffit simplement de se souvenir des déclarations de Rudy Demotte à l’été 2007, lors de son entrée en fonction en tant que ministre-président quand il promettait de refaire de la Wallonie une « terre laborieuse » en « libérant le marché », en « offrant les meilleures conditions aux investisseurs » et en limitant le droit de grève…

Pour lutter contre la pauvreté, il vaudrait mieux mettre en place un plan massif d’investissements publics pour développer les services publics (CPAS, transports en communs gratuits et de qualité, enseignement, etc.) et construire suffisamment de logements sociaux de qualité.

Quant au financement s’un tel plan, rappelons juste qu’à côté de 15% de gens vivant sous le seuil de pauvreté, il y a en Belgique 1,6% de la population dont la fortune s’élève à plus de 300.000 euros. Rappelons encore que les 30.000 plus grandes entreprises en Belgique ont obtenu un profit record de 77 milliards d’euros en 2007. Sans même parler de tous les cadeaux fiscaux que les gouvernements régionaux et le gouvernement fédéral ont accordé aux entreprises…


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