Pride, not profit !
Aujourd’hui se déroule la Gay pride à Bruxelles. Cet évènement trouve son origine dans une nuit d’émeutes de 1969 à Stonewall, aux Etats-Unis, sous le slogan porté avec force : "Gay Rights now !". C’est là qu’a commencé un mouvement sans précédent pour les droits des lesbiennes, des gays, des bi et des transsexuels (LGBT). L’histoire de la Gay Pride est donc une histoire de lutte.
Nos camarades britanniques en campagne à la Gay Pride de Londres en 2007.
Cette lutte est maintenant en arrière-plan, même à la Gay Pride qui est largement devenue une fête. On pourrait ainsi croire que la lutte a été menée et est terminée puisque des droits tels que la possibilité de se marier et d’adopter des enfants par des couples homosexuels ont été obtenus.
En réalité, toutes les discriminations sont néanmoins restées en place : dans la famille, à l’école, sur les lieux de travail, etc. Les LGBT’s rencontrent toujours des difficultés pour se manifester tels qu’ils sont sans que ne suivent des harcèlements. Des couples homosexuels sont ainsi toujours confrontés à la discrimination dans la recherche d’un logement, la violence homophobe est toujours présente,…
Si actuellement les homosexuels disposent des mêmes droits que tout le monde, force de constater qu’à l’instar du reste de la population – et certainement des groupes socialement les plus faibles (immigrés, femmes, personnes à faible niveau de scolarité,…) – ces droits ne peuvent être appliqués qui si les moyens suivent. La lutte de Stonewall ne s’est pas déroulée par coïncidence à un moment où le taux de chômage était bas, les salaires hauts, les services publics élaborés,… Les jeunes LGTB’s avaient alors l’opportunité de quitter la maison parentale dans le cas ou ces parents n’acceptaient pas l’orientation sexuelle ou le style de vie de leur enfant. Les emplois offraient sécurité et indépendance financière et il était donc possible d’accéder à un logement.
A l’heure actuelle, un jeune mis à la porte par ses parents doit essayer vivre sur base d’emplois temporaires et intérimaires ou de maigres allocations sociales. Les patrons et les riches rejettent la crise de leur système sur toute la population, ce qui a des conséquences supplémentaires pour les LGBT’s dans le sens où cela rend encore plus difficile de vivre sa sexualité propre.
Discriminations et pénuries vont de pair:
Plus de moyens sont nécessaires !
La discrimination ne peut se produire qui si il y a pénurie dans l’offre ; dans l’offre de bons emplois par exemple, ou encore de logements de qualité et abordables. Dans une situation de taux de chômage bas et avec assez de logements abordables, le patron et le propriétaire doivent prendre ce qu’ils peuvent avoir.
Autre exemple: le sous-financement de l’enseignement conduit ce secteur à devoir mener plus de tâches à bien avec moins de personnel. Pour une éducation sociale, relationnelle et sexuelle qui mérite son nom, il faut des moyens supplémentaires et plus de personnel. Des enquêtes démontrent que les jeunes – et les jeunes LGBT encore plus que les autres – se posent une foule de questions sur des thèmes relationnels et sexuels sans nulle part trouver de réponses. L’enseignement est aussi le lieu par excellence où la lutte contre les préjugés omniprésents et les manigances homophobes de ceux qui veulent diviser pour mieux régner peut se mener à grande échelle. Mais sans moyens, cela reste évidement impossible.
La baisse du pouvoir d’achat consécutive à la hausse des prix rapide des logements et loyers ainsi que des produits de base comme l’énergie et la nourriture n’épargne pas les LGBT’s. Pour eux, c’est un développement qui mine la liberté obtenue par la lutte. Pour nous – la commission LGBT du MAS/LSP – la Gay Pride doit donc à nouveau devenir une journée de lutte au lieu d’une simple fête (bien qu’on aime la fête…)
Les difficultés auxquelles les LGBT’s non financièrement aisés sont confrontés dans la vie courante existent malheureusement aussi dans de larges pans de la vie culturelle du milieu gay. Nous voulons donc ici faire entendre une voix de protestation contre la commercialisation de la Gay Pride et contre les prix exorbitants qui doivent y être payés: 400 euros pour participer comme groupe non commercial avec un char, entre 400 et 700 euros pour mettre un stand contre l’homophobie,… En général, le milieu gay est financièrement inaccessible pour beaucoup de LGBT’s : les prix des fêtes et d’événements sont prohibitifs, les bières sont à 2,5 euros, etc.
Les revendications que nous voulons mettre en lumière ne sont pas neuves et une partie d’entre elles ne sont pas des revendications purement LGBT. C’est que, comme écrit ci-dessus, les LGBT’s ne vivent pas sur une île isolée du reste de la société.
Nous voulons nous battre pour:
- Un plan national de lutte contre les préjugés et contre la violence envers les LGBT’s dans lequel l’enseignement et les médias publics ont un rôle important à jouer.
- Une augmentation du budget pour l’enseignement qui atteigne 7% du Produit Intérieur Brut avec une partie de ces moyens supplémentaires réservés à une éducation relationnelle et sexuelle de qualité et d’un jeune âge, où la sexualité LGBT reçoit sa place justifiée et où peut se mener la lutte contre les préjugés.
- Un bon boulot pour tout le monde : pour la semaine des 32 heures, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.
- Une hausse du pouvoir d’achat par une augmentation salariale de 1 euro/heure et par une augmentation drastique du salaire minimum dans les secteurs à bas salaires.
- Une augmentation significative et réelle des allocations et le couplement des allocations au développement du bien-être.
- Un logement de qualité et abordable pour tous, pour un plan massif de construction de logements sociaux et de rénovation des villes.
Nous voulons mener cette lutte avec tous ceux qui ont intérêt dans ce programme, c’est-à-dire l’écrasante majorité de la population qui doit travailler pour vivre ou qui autrement ne sait survivre que sur base d’une allocation.
Si la lutte est menée ensemble contre ceux qui ont intérêt dans la division des personnes – qu’importe si cette division se fait sur base de l’origine nationale, du sexe, de la religion,… ou de la préférence sexuelle – en d’autre termes : les patrons et les grands actionnaires des grandes entreprises, nous pouvons alors arriver à une société dans laquelle l’exploitation, l’oppression et la discrimination seront des choses du passé parce que plus personne n’y aura intérêt.