13 juin – Journée de grève nationale de Bpost
Libéralisation et privatisation : Aubaine pour la direction et les actionnaires, enfer pour le personnel et le service
La FGTB et la CSC ont déposé un préavis de grève pour le 13 juin à Bpost. La raison immédiate, ce sont les négociations secrètes de ces trois derniers mois entre Bpost et PostNL. Même si elles ont échoué, la colère du personnel est énorme. Il craint une nouvelle dégradation du statut et des conditions de travail. Un très grand nombre d’autres dossiers sont encore en suspens.
Model 9 : Journal d’information et d’action de postiers combattifs // PDF
Le travail est invivable depuis Georoute. Les rondes sont trop déséquilibrées. La diminution du volume des lettres est compensée par une augmentation du volume des paquets. Avec l’acquisition de PostNL, les choses auraient encore été pires alors que le personnel manque déjà pour gérer correctement le volume actuel. Le courrier sans adresse, à l’instar des réclames (les dépliants hebdomadaires d’Aldi notamment), est nombreux.
Dès septembre, les horaires de nombreux bureaux de poste seraient encore réduits mais la flexibilité des guichetiers serait accrue avec des fermetures plus tardives. Les facteurs auxiliaires ne sont pas considérés comme du personnel à part entière, en gagnant moins ainsi qu’en bénéficiant de moins de congés et d’aucune prime linguistique. Le nombre d’intérimaires augmente. Pour les postiers, la charge de travail est double : faire son travail et assister de nouveaux intérimaires quasiment chaque semaine. La direction pensait augmenter l’efficacité du service en précarisant ainsi les contrats de travail, mais elle a frappé à côté de la plaque. Cette méthode nous a fait perdre trop d’expérience.
Avec les horaires irréguliers, de plus en plus de postiers doivent utiliser leur voiture pour se rendre au travail. Certains commencent à 3 ou 4 heures du matin. Les services de nuit sont modifiés afin d’être éliminés au fil du temps. Ce travail ne disparaît pas, il est déplacé vers les postiers. Ces derniers subissent une grande pression pour prester de nombreuses heures non rémunérées afin de finir leurs tournées. La flexibilité a également augmenté pour les conducteurs de camions Bpost, poussés à adopter des trajets qui évitent la taxe kilométrique.
Les nouvelles fiches de paie sont un désastre. Les régularisations arrivent avec un mois de retard. Par manque de calcul clair, le pécule de vacances est payé en mai, mais chez certains, les impôts et les cotisations sociales doivent être déduites avec un mois de retard. Il y en a qui se sont retrouvés en juin avec 100 ou 140 € de moins à cause d’erreurs dans ces calculs. La prime de productivité accordée au personnel est réduite, mais les actionnaires ont plus de dividendes. Ce sont pourtant les postiers – pas les actionnaires ou la direction – qui font le boulot dans des conditions qui se détériorent.
Le gouvernement et la direction ne manquent jamais de le souligner: depuis la libéralisation, Bpost est devenue très rentable. Des managers comme Johnny Thijs sont devenus très riches et les actionnaires peuvent chaque année compter sur de plus généreux dividendes. Aucune surprise si cela aiguise l’appétit des politiciens et des «investisseurs». Cela se fait au détriment des conditions de travail mais aussi des utilisateurs. Depuis Georoute, la fonction sociale du facteur n’existe plus que sur papier. Plus le temps d’aller voir nos aînés et de vérifier si tout est OK. Le nombre de personnes âgées isolées retrouvées plusieurs jours, voire semaines, après leur décès ne cesse d’augmenter. Le temps manque même pour remettre un colis ou un recommandé. Pour l’usager, la libéralisation signifie de prendre congé et de se rendre au point poste soi-même.
Pour faire un succès de cette grève, il faut organiser des réunions du personnel. Le personnel peut ainsi y être informé, mais aussi participer à la discussion sur les diverses problématique de nos lieux de travail. Il faut exiger des contrats de travail décents, plus de personnel, de meilleurs horaires avec les primes associées (sans début de service dans la nuit de dimanche à cinq heures du matin pour éviter de payer la prime), la participation à l’organisation du travail (en particulier lors des modifications) ! Les assemblées permettent aux syndicats de mobiliser pour le plan d’action. En plus de la grève des postiers du 13 juin, la FGTB appelle à la grève générale le 24 juin, avec le soutien de certaines centrales de la CSC. Les problèmes de Bpost ne sont pas exceptionnels mais similaires à ceux d’autres secteurs. La solidarité dans l’action contre ce gouvernement austéritaire est nécessaire!