C’est la crise pour tout le monde… sauf pour les gros joueurs

Cela fait bien longtemps que personne ne parlait plus de nationalisation dans la grande presse. Certains qui se disent de gauche avaient même déjà jeté ce terme dans les poubelles de l’Histoire. Mais maintenant, les défenseurs du capitalisme et du marché libre remettent eux-mêmes cette idée au goût du jour parce que leur système financier risque d’avoir de gros problèmes. Car personne aujourd’hui ne nie que les USA sont entrés dans une sérieuse période de récession économique. Et de nouvelles questions font les gros titres de la presse : dans quelle mesure l’UE sera-t-elle entraînée dans cette spirale négative ? Quelles seront les conséquences de cette crise pour la population mondiale ?

Bart Vandersteene

Les dernières années ont entretenu l’euphorie parmi la minorité de privilégiés. Des profits record ont été réalisés. Les 4 plus grosses banques belges ont ainsi réalisé chacune plus de 10 milliards d’euros de bénéfices en 2006 et 2007 (soit 1.000 euros par Belge). En remerciement des bons services qu’ils ont rendus, les managers ont reçu des salaires colossaux et de primes hallucinantes. Les gouvernements ont aussi permis aux sociétés de payer de moins en moins d’impôts. Aux USA, la part de l’impôt des sociétés dans le budget de l’Etat était de 33% dans les années ‘50. Il est aujourd’hui de 7,4%.

Nous voyons maintenant les premières conséquences de la crise. Aux Etats-Unis, des familles sont expulsées de leur maison car elles ne peuvent plus payer leurs emprunts, le chômage progresse, la consommation diminue spectaculairement, les budgets gouvernementaux rétrécissent,…

Ailleurs, la spéculation et les désordres provoqués par le fonctionnement du capitalisme ont entraîné une augmentation brutale du coût des céréales et des produits alimentaires. En Belgique, ces augmentations se ressentent dans le porte-monnaie quand on fait ses courses. Mais pour les populations des pays les plus pauvres, elles signifient la plongée dans une misère extrême.

Des appels commencent à affluer pour demander que le système financier, qui est à l’origine de la crise, soit davantage régulé.

Certains économistes comme le belge Paul De Grauw plaident même pour la natio-nalisation des banques déficitaires. Bien entendu, ces économistes ne sont pas soudainement devenus socialistes et n’estiment pas que le secteur bancaire devrait être contrôlé par la collectivité au lieu de laisser une minorité engranger des profits record sur notre dos. Non, s’ils ont parlé de nationalisation, c’était pour calmer le marché en affirmant qu’en cas de menace de faillite, la collectivité interviendrait. C’est en fait une garantie accordée à ceux qui ont joué gros et pris des risques dans le casino financier du capitalisme : en cas de menace de grosses pertes, ils seront de toute manière sauvés !

Beaucoup de gens dans un futur proche risquent de se poser une question : nationalisera-t-on aussi vite une entreprise pour sauver les emplois que pour éponger les dettes des actionnaires? Si ce n’est pas le cas, les avertissements lancés par plusieurs analystes libéraux pourraient bien se réaliser : c’est la légitimité de ce système économique qui sera remise en cause, et plus vite que prévu.


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