“L’enseignement spécialisé confronté à des défis majeurs’’

daphneElections sociales: Parole aux candidats.

Les élections sociales se tiendront en mai. Toutes les entreprises qui comprennent plus de 50 travailleurs éliront des représentants du personnel pour le comité de prévention et de protection au travail (CPPT) et celles de plus de 100 travailleurs éliront également les membres du conseil d’entreprise. Aux précédentes élections sociales en 2012, il y a eu 125.116 candidats soit le double des élections communales, et 44.608 d’entre eux ont été élus. Pour ces élections, pas d’agences de publicité ni de coûteuses campagnes médiatiques : les délégués sont directement élus par leurs collègues sur base de leur dévouement quotidien.

Certains secteurs de l’enseignement seront eux aussi concernés, notamment dans l’enseignement spécialisé dépendant du libre. Nous en avons discuté avec Daphné, candidate CSC aux élections sociales à Liège.

Lutte Socialiste : peux-tu te présenter en quelques mots ? Pourquoi cette décision de te présenter aux élections sociales ?

Daphné : ‘‘Cela fait maintenant 6 ans que j’ai le plaisir d’enseigner dans deux écoles d’enseignements spécialisé de la région de Liège, l’EPA (École Professionnelle d’Ans) et Saint Vincent Ferrer. C’est un boulot qui me passionne parce qu’il s’agit de donner les meilleures ‘‘armes’’ possibles à des élèves déjà fragilisés pour affronter leur vie future, qui s’annonce semée d’embûches et plus qu’incertaine. En tant que membre du PSL et fille de militant syndical métallo, c’était plutôt naturel de m’investir tôt ou tard. Mais j’ai également pu constater depuis le début de ma carrière le peu de reconnaissance dont bénéficie le spécialisé et le peu de moyens qui lui sont accordés, alors qu’il s’agit d’une structure de toute première importance d’un point de vue social.

‘‘Je constate les répercussions de ce manque de reconnaissance et de financement autant sur les équipes pédagogiques que sur les élèves. C’est une bonne raison pour s’investir syndicalement afin de contribuer à renverser la tendance.’’

LS : Quelle est la situation syndicale dans ton secteur ?

‘‘Il n’y a plus de délégation syndicale depuis trois ans, presque quatre, dans mon implantation. Du reste, le spécialisé est assez peu représenté dans les instances syndicales. La priorité va dons être de reconstruire une présence et une tradition syndicale. Notre équipe de candidats veut mettre l’accent sur l’information régulière des militants et affiliés, c’est essentiel si on veut participation active de leur part.’’

LS : Quels sont les difficultés auxquelles vous allez être confrontées selon toi ?

‘‘D’abord, le ‘‘pacte d’excellence’’ développé en ce moment par la ministre Milquet. Ce n’est clairement pas une bonne nouvelle pour l’enseignement en général, encore moins pour le spécialisé. Au sein d’une enveloppe fermée, on veut mettre des moyens dans le maternel, le primaire, le supérieur…Cela va fatalement se faire au détriment de l’enseignement secondaire. Ce n’est pas un secret, pour la ministre, le spécialisé est un secteur qui coûte cher. La tendance est donc de faire passer d’avantage d’élèves qui auraient besoin d’un encadrement spécialisé dans l’enseignement classique pour diminuer les coûts et, à terme, supprimer l’accès au spécialisé pour un certain type d’élèves qui en ont bien besoin. Ce n’est bon ni pour eux, ni pour les élèves qui suivent un enseignement classique : si un prof doit gérer dans sa classe des élèves avec des troubles du comportement en plus de ses autres élèves, cela va forcément avoir un impact sur la qualité de l’enseignement et le suivi de tous les élèves.

‘‘Dans les pistes lancées, on voudrait également étendre la journée des élèves. Cela pourrait être une bonne chose si, à nouveau, on ne fonctionnait pas avec une enveloppe fermée. On nous dit que ce ne sont pas les enseignants qui vont assurer les plages horaires supplémentaires mais alors qui ? Et comment va-t-on les financer ?

‘‘Pour le reste, on voit bien que ce plan a été lancé pour mettre la pression sur les enseignants. Ils voudraient également que les enseignants prestent 38h semaine, et donc faire nos prépas dans l’enceinte de l’école, ce qui au niveau de l’infrastructure et du matériel est impossible, il faut des ordinateurs, un espace calme et la certitude que les enseignants ne seront pas à disposition de l’école pour remplacer les profs absents et ainsi remettre à plus tard leurs préparations. L’objectif, c’est de faire passer l’idée qu’on fait enfin bosser les profs fainéants, alors que l’on cherche à nous contrôler d’avantage. A tout ça s’ajoute toutes les tracasseries administratives que l’on nous impose pour mieux nous contrôler, ils ne se rendent pas compte que c’est du temps en moins consacré aux élèves. C’est contre-productif.’’

LS : Et comment allez-vous y répondre ?

‘‘L’enseignement spécialisé va être confronté dans les prochaines années à des défis majeurs. La seule solution pour garder une qualité d’enseignement et des conditions de travail correctes dans le secteur, c’est de réclamer un refinancement à hauteur des besoins réels, mais pour tout l’enseignement. Qu’on arrête de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Allons chercher l’argent là où il se trouve, chez Electrabel et les grosses entreprises.

‘‘Il nous faut une base bien informée des enjeux. Pour notre part, dès que notre équipe sera en place après les élections sociales, nous comptons organiser un premier arrêt de travail pour une séance d’information. Nous espérons que ce sera la première d’une suite de réunions régulières où nous pourrons discuter et impliquer plus de collègues.’’

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