En France et ailleurs: la social-démocratie n’a que l’austérité à nous proposer!

La jeunesse en première ligne contre la casse du code du travail.

Il n’en fallait pas plus pour remettre la machine en route. Le projet de loi déposé par la nouvelle ministre française de l’emploi Myriam El Khomri (PS) visant à réformer le Code du Travail a mis le feu aux poudres. A l’occasion de la première mobilisation nationale du 9 mars, 500.000 jeunes et travailleurs sont descendus dans la rue pour protester contre ce plan de casse sociale estampillé Valls-Hollande.

Par Baptiste (Hainaut), article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

Cela fait des mois que le patronat fait pression pour obtenir la casse du Code du Travail, ce texte formalisant dans la loi de nombreux acquis sociaux acquis au fil des luttes des travailleurs. Ce souhait a finalement été exaucé à l’occasion du remaniement ministériel du gouvernement Valls 2 avec la sortie de ce maudit projet de loi. Au menu : facilitation des licenciements (allègement des motifs et des indemnités), flexibilisation accrue du temps de travail et des horaires de travail d’une semaine à l’autre (jusqu’à 60h/semaine !), diminution des plages de repos minimales entre journées de travail, diminution du taux de majoration des heures supplémentaires etc.

Le projet de loi entend également transférer une série de matières du Code du Travail vers les conventions d’entreprises, ou à la bonne volonté du patron quand il n’y a pas d’organisation syndicale dans l’entreprise. Cela permet aux patrons d’isoler les travailleurs les uns des autres et d’accroître leur rapport de force pour tenter d’imposer, entre-autres, des baisses de salaire, des augmentations du temps de travail,… au sein de leur entreprise.

Un gouvernement PS totalement acquis au patronat

medef-300x148Avec cette attaque néolibérale pur jus, le gouvernement Valls 2 prétend chercher à diminuer un taux de chômage qui ne cesse de croître depuis le début de la crise, en particulier chez les jeunes. Ce genre de prétention ressemble à de l’humour noir quand derrière cela il y a une facilitation des licenciements et une augmentation du temps de travail et de la flexibilité ! En réalité, ce gouvernement PS ne fait qu’instrumentaliser la problématique du chômage pour précariser et niveler vers le bas l’ensemble des conditions de travail de l’ensemble des salariés.

Ce projet de loi constitue une ligne de plus au CV antisocial de la présidence de François Hollande. Le PS a à nouveau démontré que non seulement il défendait les intérêts des nantis et des patrons, mais qu’en plus, en temps de crise, il était prêt à mener une guerre contre les travailleurs pour préserver au mieux les profits des entreprises. Des travailleurs d’Air France à ceux de Goodyear, le PS saute sur chaque occasion pour réprimer et criminaliser le mouvement syndical, tout en instrumentalisant l’état d’urgence pour organiser la répression des mouvements sociaux.

Il n’est même plus surprenant qu’une telle déferlante néolibérale soit initiée par un parti social-démocrate comme le PS. En Europe, il n’y a plus un seul pays où les PS, SPD, New Labour, Pasok, PSOE etc. n’ont pas été à l’origine de gouvernements néolibéraux faits de casse sociale, de privatisation et de détricotage des services publics. La concertation sociale avec les syndicats et les mouvements sociaux est présentée comme l’atout progressiste de ces partis. Mais ça fait longtemps que cette concertation ne fonctionne plus qu’à sens unique : faire avaliser les plans néolibéraux par les directions syndicales avec lesquelles des liens historiques sont maintenus, tout en s’assoyant bien fermement sur toutes les revendications des jeunes et travailleurs.

Non seulement ces partis ont perdu leur base ouvrière, mais en plus leur discrédit parmi les masses est tel que certains d’entre eux ont disparu de l’échiquier politique (Irlande, Grèce…). En Grande-Bretagne, le processus de radicalisation contre l’austérité s’est par coïncidence exprimé au sein du parti travailliste, le New Labour, avec Jeremy Corbyn. Mais il s’est directement heurté à toute la machine du parti et une guerre civile politique s’est développée dans le parti. C’est l’inévitable conséquence d’une politique de gestion du capitalisme en temps de crise. Tant qu’existe une certaine croissance économique, une marge reste relativement accessible pour faire certaines concessions aux luttes des travailleurs (pour peu qu’elles soient acharnées) et permettre l’obtention d’acquis. Mais en temps de crise, gérer le capitalisme ne revient à rien d’autre que mener la guerre de classe des riches et des patrons contre les travailleurs, les jeunes, les retraités, les pensionnés, les allocataires, les sans-papiers… Sur l’année 2015, les entreprises du CAC40 (le principal indice boursier de la Bourse de Paris) ont ainsi cumulé quelques 54 milliards € de profit !

La jeunesse et les travailleurs reprennent le chemin de la lutte

Le mouvement ouvrier a traversé pendant de longs mois une atmosphère d’abattement, où la colère anti-austérité a été temporairement étouffée par l’instrumentalisation sécuritaire des attentats de la part du gouvernement et par l’instrumentalisation xénophobe de la crise migratoire par le FN et d’autres populistes de droite. Cette réforme du Code du Travail, de par sa brutalité généralisée, a un effet fédérateur parmi les jeunes et les travailleurs qui a stimulé la volonté de retrouver le chemin de la lutte contre l’agressivité du patronat et de son gouvernement.

Un sondage indique que 71% des Français sont opposé à la ‘‘loi Khomri’’. Parmi les 18-34 ans, l’opposition est de 78%! La journée de mobilisation du 9 mars fut un succès enthousiasmant qui doit servir à préparer les prochaines dates et à construire un mouvement généralisé en vue du 31 mars, journée pour laquelle 7 syndicats ont déjà appelé à la grève.

Le gouvernement, probablement surpris et apeuré par l’ampleur des mobilisations du 9/03 a d’ores et déjà lâché quelques maigres concessions avec le retrait de certaines réformes, en particulier le plafonnement des indemnités en cas de licenciement abusif qui n’aurait plus qu’une valeur indicative. C’est de la poudre aux yeux ! Ces concessions sont insignifiantes et ont pour seul but de semer la division entre organisations syndicales et casser l’unité. Il ne faut pas se faire berner et maintenir les mobilisations en vue du 31/03 avec comme objectif le retrait de ce projet de loi. Non seulement le contenu de cette loi est nocif en France, mais aussi pour le reste du mouvement ouvrier européen, car si de telles régressions passent, elles constitueront des précédents que s’empresseront de vouloir appliquer d’autres gouvernements néolibéraux sous prétexte de ‘‘maintien de la compétitivité’’.
Nous avons besoin d’un relai politique qui défende les intérêts des travailleurs !

Un mouvement généralisé peut faire tomber un projet de loi et marquer une rupture avec l’atmosphère moribonde dans la société. Mais nous avons également besoin d’un outil politique pour porter un programme qui défende les intérêts des jeunes et de travailleurs contre le néolibéralisme. Une telle alternative à gauche est indispensable si l’on veut pouvoir empêcher l’extrême droite et autres populistes de tirer profit des pénuries et de la désintégration du tissu social dans la société consécutive à l’austérité appliquée par les différents partis traditionnels.

En définitive, cette attaque illustre une nouvelle fois que, sous le capitalisme, un acquis n’est jamais définitivement acquis. Dès que les capitalistes ont un rapport de force ascendant, ils tenteront d’y mettre fin en mettant les travailleurs au défi à l’aide de tout l’establishment. Une rupture avec ce système est indispensable si l’on veut développer des conditions de vie et de travail décentes pour le plus grand nombre. Jamais autant de richesses n’ont existé dans la société, le problème est que celles-ci sont accaparées par une minorité. Les richesses doivent être prises là où elles sont pour créer massivement des emplois entre-autres par une diminution du temps de travail sans perte de salaires et avec embauches compensatoires. C’est seulement de cette manière que le chômage peut être diminué et que des millions de jeunes peuvent se projeter dans l’avenir.

Un système économique où les moyens de production ne seraient plus aux mains des ultra-riches mais contrôlés démocratiquement par les travailleurs à travers une économie planifiée permettrait une telle redistribution des richesses, en fonction des besoins, de sorte à résoudre les pénuries, et non en fonction des profits. Un tel système est ce que nous appelons le socialisme.

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