La radicalisation à Bruxelles: ‘‘une colère contre l’échec de notre système d’intégration.’’

Un jeune homme saute d’un building. A chaque étage, il se dit ‘‘Jusqu’ici tout va bien, Jusqu’ici tout va bien’’ et termine par ces mots : ‘‘Mais l’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage’’. L’attitude adoptée ces dernières décennies par les politiciens établis concernant les problèmes sociaux de quartiers tels que Molenbeek rappelle de manière frappante cette scène d’ouverture du film ‘‘La Haine’’ (1995) qui parlait déjà du désespoir, de la haine et des frustrations dans les banlieues. Qu’un groupe de jeunes de Molenbeek participe maintenant à d’odieux attentats terroristes a tout à voir avec cet atterrissage brutal à la suite d’une longue chute.

Article tiré du supplément à l’édition d’avril de Lutte Socialiste consacré aux attentats de Bruxelles // Edition spéciale de Lutte Socialiste en version PDF

Le terrorisme n’est ni génétique ni culturel. C’est le triste résultat d’un système qui pousse des millions de jeunes dans la guerre, la pauvreté et la frustration. Quand cette colère n’est pas canalisée dans une lutte collective pour une alternative sociale, elle peut devenir un terreau fertile pour les fondamentalistes réactionnaires. Ces derniers ne représentent qu’une petite minorité. Par exemple, 0,3% à peine des jeunes hommes de Molenbeek estiment qu’ils ont un avenir en Syrie.

Cette situation ne vient pas de nulle part. La chaîne flamande VRT a récemment rediffusé un documentaire sur Molenbeek datant de 1987. De jeunes travailleurs y avertissaient de la future croissance de la radicalisation et de la criminalité parmi une couche d’immigrés de la deuxième ou de la troisième génération si aucune solution n’était fournie face au manque de travail, à la pénurie de logements décents, à la qualité de l’enseignement,… Trente ans plus tard, le chômage y est de 30% et de 50% à 60% parmi la jeunesse. Avec un revenu moyen de 9.844 euros par an, Molenbeek est également la deuxième commune la plus pauvre de Belgique. Les revenus y sont 40% inférieurs à la moyenne belge. Le footballeur Vincent Kompany a déclaré après les attaques de Paris que cela était prévisible et que le fondamentalisme doit être compris comme une ‘‘colère contre l’échec de notre système d’intégration’’.

L’écrivain David Van Reybrouck a écrit dans une carte blanche parue sur ‘‘decorrespondent.nl’’ que 28% des jeunes issus de l’immigration quittent l’école secondaire sans diplôme. Le fossé scolaire entre autochtones et personnes d’origine immigrée n’est nulle part aussi grand en Europe. En termes d’emplois également, la Belgique fait pire que la plupart des pays de l’UE. La discrimination est structurelle. Combinée à une concentration de pauvreté, cela entraine davantage de criminalité. Selon le professeur Rik Coolsaet, la plupart des personnes parties combattre en Syrie sont moins des musulmans radicalisés que des radicaux islamisés qui s’y connaissent bien mieux en carjacking qu’en versets coraniques.

Les racines du problème ne sont pas culturelles ou familiales. Cette société aliène les individus et les offre en proie à des idées réactionnaires : celles de l’extrême droite, du racisme, de la version ultra-conservatrice et violente de l’Islam ou de ces jeunes qui commettent des massacres dans leur école aux États-Unis. Les différentes couches de la population répondent différemment à des phénomènes identiques qui s’affectent les uns les autres. Les terroristes sont traditionnellement essentiellement issus de couches légèrement plus aisées, surtout quand ils ont le sentiment d’être victimes d’oppression ethnique, religieuse ou nationale et que leur aspiration à la promotion sociale est fauchée nette par la crise.

Ce cocktail explosif n’est pas le fruit d’une politique de gauche, au contraire. C’est le produit d’une politique néolibérale antisociale – dans laquelle les sociaux-démocrates et les verts ont aussi trempé – que le gouvernement de droite actuel renforce encore et encore, rendant la société toujours moins inclusive.


Soc_tractNotre journée « Socialisme 2016 » accordera un large espace à la discussion sur la sécurité et à la situation au Moyen Orient (voir le programme complet).

11h00 – 12h00 MEETING D’OUVERTURE : Ne laissons pas le débat sur la sécurité à la droite !

  • Tina Degreef Secrétaire LBC (équivalent flamand de la CNE/CSC, parlant en son propre nom)
  • Eric Byl Secrétaire général du PSL/LSP
  • Cédric Gerome Représentant du CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière)

13h00-15h00 Divers ateliers dont un intitulé : « Guerre et terreur au Moyen-Orient: Comment en sortir? » Avec Cédric Gerome CIO

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