Plusieurs milliards d'euros pour les nouveaux F-35. Comment ça, pas d’argent pour l’enseignement ?

F35La Belgique va remplacer ses avions de chasse F-16 modernisés au-delà de 2020. L’heureux élu serait le chasseur-bombardier F-35 à près de 150 millions d’euros pièce. Le coût total des 40 avions reviendrait donc à 6 milliards d’euros (depuis la publication de cet article, ce nombre a été revu à la baisse, NDLR), sans compter l’entretien. Un seul de ces F-35 permettrait d’engager… 3.750 enseignants supplémentaires en Belgique pendant un an ! Belle illustration des priorités des autorités…

Article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

Un ‘‘Top Gun’’ qui vire en ‘‘Hot Shot’’

Le développement du nouvel avion F-35 est probablement le programme de défense le plus décrié de ce siècle. L’ambition des USA était de donner naissance à l’avion de combat le plus moderne, le plus polyvalent et le plus meurtrier de tous les temps pour équiper la grande majorité des pays occidentaux alliés des États-Unis. Au final, c’est la première fois qu’un avion de nouvelle génération s’avère plus lent, moins maniable et doté de performances inférieures à la plupart des avions qu’il devra remplacer, parmi lesquels le fameux F-16, plus vieux de quatre décennies.

Un article du site de la RTBF intitulé ‘‘Nouvelles tuiles pour l’avion de combat F-35, gouffre financier du Pentagone’’ recensait en septembre dernier divers problèmes rencontrés dans le développement du F-35 : défauts de conception dans son réservoir de carburant et ses systèmes hydrauliques (ce qui augmente la vulnérabilité de l’avion face à la foudre ou aux tirs ennemis) ; vitesse, capacité d’accélération et capacité de virage insuffisantes ; mauvaise visibilité et, aux dires de pilotes d’essai, des sièges éjectables qui ne fonctionnent pas ! Le casque du pilote (qui revient à 357.000 euros pièce…) est muni d’un système sophistiqué qui permet une vision à 360 degrés au pilote. Le petit souci, c’est que le système de reconnaissance a des difficultés à distinguer les alliés des ennemis… Un autre article publié sur le site du Vif rapportait les propos suivants tenus par un pilote d’essai : ‘‘Dans quelques décennies, nous volerons avec un avion qui nous enverra à la mort et qui nous coûtera le contrôle de l’espace aérien’’.

Cerise sur le gâteau : un duel a opposé le F-35 en développement au vieux F-16 lors d’un test en juillet 2015. C’est le F-16 qui l’a emporté. Avec six années de retard sur le calendrier initial en 12 ans de développement, tout porterait à croire que c’est Charlie Sheen – acteur principal de Hot Shot, la parodie du film de propagande de l’aviation américaine Top Gun – qui est aux commandes du projet. Certains experts estiment qu’en suivant la courbe logique de l’avancée du programme, une pleine capacité opérationnelle de l’avion n’arriverait pas avant… 2030 ! Il s’agit actuellement du programme d’armement le plus cher de l’histoire des États-Unis, avec une enveloppe de 395,7 milliards de dollars.

Belgique : Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Mais pourquoi donc s’entêter à acheter ces appareils ? Le F-35 a la capacité d’emporter une bombe nucléaire à son bord et la Belgique assume depuis des décennies des tâches nucléaires au sein de l’OTAN. La base militaire belge de Kleine-Brogel est lourdement soupçonnée d’accueillir des armes nucléaires américaines, ce qui contreviendrait à l’article 2 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Les autorités n’ont jamais infirmé ou confirmé cette présence, mais l’ancien ministre de la Défense Pieter De Crem a admis en 2008 l’existence d’une capacité nucléaire à Kleine-Brogel. Cela a depuis été confirmé par la publication de câbles diplomatiques sur le site Wikileaks ou par l’expert de la Fédération des scientifiques américains (FAS) Hans Kristensen.

Qu’il s’agisse de ces F-35 américains ou de ses concurrents français et autres, nous devons résolument nous opposer à l’achat de nouveaux avions militaires. Alors que le manque de budgets frappe durement l’enseignement et les services publics de manière générale, comment accepter que 6 milliards d’euros soient investis pour satisfaire les projets de domination du monde par les puissances occidentales ? Le gouvernement a décidé que l’armée belge prendra part aux opérations militaires en Syrie – y compris aux bombardements aériens – et ce, alors que nous constatons aujourd’hui l’impact dévastateur de ces interventions impérialistes en Libye ou encore en Afghanistan, réalisées avec l’assistance de la Belgique. De telles interventions militaires représentent un terreau extrêmement fertile pour le terrorisme et le fondamentalisme religieux tout en constituant une cause majeure de la crise migratoire que nous connaissons aujourd’hui.

L’OTAN, à l’instar de l’Union européenne, exige que les budgets de la Défense augmentent en Belgique et chez ses autres États membres. Aujourd’hui comme à l’époque de la guerre froide, l’OTAN (et derrière elle les USA) participe activement à la course aux armements. Elle utilise ou néglige les législations et les accords internationaux qu’en fonction de ses intérêts. Nous nous opposons à cette nouvelle course aux armements, mais aussi à la présence de l’OTAN en Belgique ! En 2003, l’OTAN a par exemple servi d’excuse pour permettre à du matériel et des militaires américains en partance pour l’Irak de transiter par la Belgique, une intervention qui n’avait pourtant officiellement rien à voir avec l’OTAN.

‘‘La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens’’ disait le stratège militaire Clausewitz. Dans l’actuel contexte de crise économique et de développement des tensions entre grandes puissances, le recourt aux armes ne va que gagner en force, à l’instar de la guerre par procuration que se livrent les puissances occidentales et la Russie en Ukraine par exemple. S’opposer à la guerre nécessite de s’opposer à la course aux armements et aux instruments impérialistes que sont l’OTAN ou les institutions européennes. Mais il nous faut combattre le mal à ses racines et œuvrer au renversement du système capitaliste.

24 avril, 14 h, devant la gare de Bruxelles-Central : Manifestation ‘‘Pas d’avions de chasse’’ à l’appel de la plateforme ‘‘Pas d’avions de chasse’’

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