A Namur, nouveau scandale pour le PS : Laloux ne connaît visiblement pas la crise

Laloux ne connaît visiblement pas la crise…

L’augmentation des prix des carburants ? Pas de quoi préoccuper Frédéric Laloux (PS). Le conseiller communal de l’opposition à Namur et nouveau secrétaire d’Etat à la «lutte contre la pauvreté» a sa vision très personnelle de lutter contre la pauvreté…

Article de Stéphane Delcros

Il y a deux mois, Frédéric Laloux critiquait virulemment l’échevin namurois de l’Aménagement durable et de l’Energie, Arnaud Gavroy (Ecolo), pour avoir utilisé sa carte-essence de la Ville à des fins personnelles. Mais le vrai profiteur est souvent le premier à pointer du doigt les abus d’un autre. Et l’on vient d’apprendre que Laloux lui-même faisait de même, voire pire, lorsqu’il était échevin. Non seulement sa voiture aurait fait le plein d’essence pendant des réunions du Collège communal, mais en plus il aurait fait deux pleins de carburants le même jour à Jambes puis à Bouge en l’espace de 22 minutes… Sans parler du fait que certains jours il s’agit d’un plein d’essence et d’autres d’un plein de diesel… Laloux aurait aussi, en 2002 et 2005, dépassé le débit maximal autorisé de 2.000 litres par an via sa carte d’essence. Sans rembourser le surplus évidemment. Mais là n’est certainement pas le plus grave.

Fins de mois difficile ? Apparemment pas pour tout le monde…

Les salaires des élus et le MAS/LSP

Les salaires mirobolants de nos élus sont totalement éloignés de la réalité dans laquelle vit la grande majorité des travailleurs et leurs familles.

Selon nous, un élu ne peut recevoir plus que le salaire moyen d’un travailleur et doit être révocable à tout moment, au cas où il ne respecte pas ses promesses.

En Irlande, le parlementaire Joe Higgins, membre de la section-sœur du MAS/LSP, ne recevait que l’équivalent du salaire moyen d’un travailleur et donnait le reste au parti, à des campagnes dans les quartiers, etc. Face à de nombreux politiciens corrompus, Joe Higgins est connu dans son pays comme «le politicien qui n’est pas à vendre».

Cela vaut également à l’intérieur de notre organisation. Le Mouvement pour une Alternative Socialiste est un parti de travailleurs et de jeunes qui, tous ensemble, discutent un programme, le testent dans la pratique et l’affinent si nécessaire. Nous voulons construire un mouvement de masse pour mener la lutte pour une société socialiste où la production sera planifiée et gérée collectivement par des conseils démocratiquement élus dans les entreprises et les quartiers.

Le plus grave réside surtout dans l’arrogance qu’affichent les élus des partis traditionnels vis-à-vis de ce que peuvent vivre les travailleurs face à l’augmentation des prix, et plus particulièrement ceux des denrées alimentaires et de l’énergie. Il est évident que ni les patrons ni les politiciens traditionnels ne sentent les effets de l’inflation dans leur portefeuille. S’il faut compter sur eux pour revendiquer un retour des carburants dans l’index, on n’est pas prêt de l’obtenir…

Dans une commune de 80.000 à 150.000 habitants, comme celle de Namur, un bourgmestre gagne environ 73.000 euros bruts par an (soit plus de 6.000 euros par mois, sans compter les primes !) tandis qu’un échevin perçoit près de 55.000 euros bruts par an (soit 4.500 euros par mois, également sans les primes) (1). Tout cela est bien loin du niveau salarial de la grande majorité des travailleurs…

Mais Frédéric Laloux est devenu, depuis peu, secrétaire d’Etat. Et un secrétaire d’Etat, même s’il est en charge de la «lutte contre la pauvreté», perçoit quasi le même salaire qu’un ministre.

Tout compris (salaire, pécule de vacances, prime de fin d’année et indemnisation de frais et de logement), un ministre gagne environ 202.000 euros brut par an (plus de 16.800 euros par mois, dont 14.900 euros comme salaire brut). Le Premier ministre et les vice-Premiers perçoivent évidemment des avantages supplémentaires ; pour le Premier, il s’agit de 4 à 5.000 euros bruts par an. Tout compris également, un député gagne pour sa part près de 96.000 euros brut par an (8.000 euros par mois, dont près de 5.800 euros comme salaire brut).

Mais, c’est vrai, le pauvre Laloux n’est pas député. Il a été directement catapulté par le PS de sa ville au gouvernement sans passer par les élections fédérales, tout comme Julie Fernandez Fernandez (conseillère communale à Liège et toute nouvelle secrétaire d’Etat à la personne handicapée) ou comme Paul Magnette (ministre fédéral du Climat et de l’Énergie après avoir été ministre wallon de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des chances, sans avoir là non plus été élu).

La direction nationale du PS cherche à tout prix à mettre en avant des représentants et futurs cadres d’un PS «rénové». Et elle est aujourd’hui coincée entre, d’un côté, ses «parvenus» au cœur de réseaux clientélistes locaux qu’il faut effacer – ou au moins cacher – et, d’un autre, ses jeunes rénovateurs sans expérience, sans légitimité mais doté d’une puissante envie de faire carrière.

Pour expliquer le choix de sa nomination, Frédéric Laloux a lui-même affirmé que «Namur avait besoin de visibilité» . Et nous dirons que, grâce à lui, Namur l’a bien eu, sa visibilité. Mais, bon, ça fait sûrement tache pour la visibilité du «nouveau» PS. Ne parlons même pas des ambitions du PS et de Laloux lui-même pour le poste de bourgmestre après les élections communales de 2012…

A l’image d’un joueur de football qui marque contre son camp lors de sa toute première minute de jeu en division 1, Frédéric Laloux avait déjà «gaffé», quelques jours seulement après sa nomination comme secrétaire d’Etat. Dans le souci de s’assurer dès son entrée en scène la couverture médiatique la plus large possible, comme pour les grands, il avait utilisé le fait qu’il n’avait pas encore de bureau à lui pour déclarer sa solidarité avec les SDF. Il y en a qui ne manquent pas d’air…


1) Articles L1123-15 et L1124-6 du Code de la Démocratie locale et de la Décentralisation.

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