Une rencontre enthousiaste qui a confirmé la volonté de bâtir une alternative clairement socialiste !
Le week-end « SOCIALISME 2008 » vient juste de se terminer et les nombreuses prises de parole et discussions qui s’y sont déroulées, tant sur l’actualité que sur des sujets historiques, résonnent encore à nos oreilles. Le succès de cette rencontre restera longtemps une grande source de motivation pour l’ensemble des participants…
C’est très probablement Virginy Prégny, membre de notre organisation-soeur française, qui a le mieux résumé le fil rouge de ce week-end : « la meilleure manière de commémorer l’anniversaire de mai 68 est de faire vivre à nouveau la nécessité du socialisme au sein des mouvements de lutte actuels. »
Environ 200 personnes ont participé à cet évènement. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’agenda de ces deux journées était bien rempli, bien serré, et il était parfois difficile pour les participants de suivre le tout. Mais les coulisses et les pauses ont aussi été l’occasion d’aborder les différents thèmes présentés, de demander de plus amples explications à l’un ou l’autre,… Tous ces thèmes seront aussi abordés à l’avenir dans nos sections et nous publierons bientôt sur ce site des rapports de discussions, d’interventions, d’introductions,… Cependant, nous voulons avec ce court rapport faire ressortir le fil rouge du week-end.
Mettre à nouveau le socialisme à l’ordre du jour !
Le week-end a commencé par les interventions de quatre orateurs, en commençant par Mirre Vercoutere – une écolière activement impliquée dans la section gantoise de « Résistance Internationale » – qui a appuyé l’importance de l’implication de la jeunesse dans les luttes. Els Deschoemacker, responsable nationale de l’organisation du MAS/LSP, a ensuite parlé de la crise de l’establishment politique dans ce pays, qui trouve ses sources dans la volonté de poursuivre et amplifier la politique néo-libérale. Virginy Prégny, membre de la Gauche Révolutionnaire, a suivi et a rebondi sur cette question de la politique néo-libérale pour parler de la résistance croissante que rencontre la politique arrogante de Sarkozy.
Le dernier orateur de ce « tour de chauffe » a été Sascha Stanicic, venu à la place de notre camarade allemande Lucy Redler qui devait être présente à la conférence du nouveau groupe de jeunes de « Die Linke » et dans lequel notre organisation-soeur en Allemagne, le SAV, veut jouer un rôle actif. Sascha nous a expliqué jusqu’à quel point l’expression de « développement vers la gauche » est centrale aujourd’hui dans la politique allemande : les revendications de gauche reçoivent beaucoup de soutien et la toute nouvelle formation « Die Linke » fait une percée dans les sondages. Mais, très certainement dans le contexte de crise économique croissante actuel, un programme clairement socialiste est absolument primordial.
5 commissions,
5 exemples pour aborder l’actualité des méthodes et de l’analyse socialistes
Après cette première session plénière a suivi une première fournée de discussions en commissions plus petites, avec une grande participation des personnes présentes. Incontestablement, c’est la discussion sur la Chine qui a eu le plus de succès parmi les différents thèmes proposés. Vincent Kolo, du site internet Chinaworker.info, y a abordé la situation actuelle en Chine (le Tibet, les Jeux Olympiques, les problèmes économiques et écologiques,…) mais plusieurs aspects de l’histoire de la Chine ont aussi été pris en considération.
La discussion portant sur la lutte contre les restructurations lancées par les multinationales et surtout sur la construction d’une gauche syndicale forte a été également fort bien suivie. Deux délégués qui possèdent une expérience sérieuse (Levi Sollie de l’ABVV/FGTB-Bayer et Rudi Dom de l’ABVV/FGTB-Agfa) y ont pris la parole au milieu d’une salle qui comprenait tant d’anciens militants que de représentants de la jeune génération qui posent leurs premiers pour s’organiser syndicalement. Il y avait là des syndicalistes des transports en commun, de l’enseignement, du secteur privé,… De quoi obtenir un échange d’expérience plus qu’intéressant.
Au groupe de travail sur mai ’68, un grand groupe de jeunes qui voulait tirer les leçons de ces évènements a pu discuter avec des militants actifs à cette époque ou dans les années ’70. Conclusion de cet échange : un mouvement révolutionnaire est encore possible aujourd’hui, mais pour conduire un tel mouvement vers le succès, il faut une force révolutionnaire conséquente armée d’un programme socialiste.
Il y avait enfin des commissions particulièrement intéressantes au sujet du Moyen-Orient et de l’extrême-droite. Dans la discussion sur le Moyen-Orient, des militants originaires d’Iran (avec lesquels nous avons pris ensemble l’initiative de mener des actions aux ambassades américaines et iraniennes ainsi que d’organiser une manifestation le 8 mars dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes) étaient présents. La discussion sur l’extrême-droite, quant à elle, a bien entendu abordé notre programme et notre méthode de lutter contre le fascisme. La discussion et les questions ont principalement porté sur la situation du côté francophone avec, entre autres, la question d’un petit groupuscule néo-fasciste qui organise un rassemblement le 1er mai à Charleroi.
Question nationale en Belgique :
Une réponse des travailleurs est nécessaire !
Cette première journée de « SOCIALISME 2008 » a été clôturée par un débat sur la question nationale en Belgique. Le deuxième débat qui devait initialement prendre place au même moment (au sujet du pouvoir d’achat) a hélas dû être annulé en raison de l’impossibilité de plusieurs orateurs de prendre part à la discussion.
Le débat contradictoire au sujet de la question nationale a été organisé avec Anja Deschoemacker, du MAS/LSP, Sven Naessen (le militant syndical de Total qui est à l’initiative de la pétition pour le maintien de la sécurité sociale fédérale), Tony Van de Calseyde de B-Plus et Johan Denys de « Meervoud » (un courant nationaliste flamand de gauche). Dans ce débat intéressant, les conceptions qui se sont affrontées étaient parfois fortement éloignées les unes des autres. Tant Anja Deschoemacker que Sven Naessen ont à chaque fois remis l’accent sur le social et la nécessité de la solidarité et de l’unité des travailleurs. Par contre, l’orateur de « Meervoud » a plus mis l’accent sur l’élément flamand tandis que l’orateur de B-Plus a plus abordé les questions institutionnelles et ne s’est pas étendu sur l’aspect social de cette question.
Nouvelles formations de gauche en Europe
Le dimanche, la deuxième journée a été entamée par trois orateurs qui se sont succédés en abordant l’état de la gauche aujourd’hui en Europe. Alex Rouillard, de la Gauche Révolutionnaire, s’est évidemment concentré sur la situation en France et sur l’attitude de notre organisation-sœur face à l’initiative de la LCR, qui a lancé un appel pour un nouveau parti anticapitaliste. Nous participons à cette discussion, mais nous pensons que cette initiative doit être réellement organisée et qu’elle doit se baser sur le développement réel des mouvements de lutte qui prennent place en France.
Sascha Stanicic a parlé de l’Allemagne, de « Die Linke » et du potentiel énorme pour la gauche dans ce pays. Le SAV, notre organisation-soeur allemande, est aussi actif au sein de « Die linke », mais a des critiques à faire sur cette formation, certainement dans l’ex Allemagne de l’Est où « Die Linke » est en grande partie constitué de l’ancien PDS. Là, la formation participe à différentes coalitions régionales qui signifient une politique néo-libérale contre les travailleurs, avec des privatisations et des attaques contre les condition s de travail et de vie des travailleurs.
Pour la situation et le potentiel de la gauche en Belgique, Eric Byl a pris la parole, en abordant entre autres les actions qui se mènent autour de la baisse du pouvoir d’achat ainsi que l’indignation ressentie face aux grands salaires. Le CAP (Comité pour une Autre Politique) a été une étape importante et utile dans l’implantation de l’idée qu’un nouveau parti des travailleurs est nécessaire, mais cette initiative a perdu son dynamisme au cours des derniers mois. Le MAS/LSP reste ouvert pour engager la discussion avec d’autres sur la question de la représentativité politique des travailleurs, mais pour cette prochaine période, nous allons plus mettre l’accent dans notre travail sur le renforcement d’une force clairement socialiste.
2e fournée de commissions :
Encore des discussions intenses
Il n’était pas non plus facile de se décider le dimanche pour choisir une des 5 commissions proposées. Mais, sans réelle surprise, l’assemblée la plus nombreuse a été celle qui a assisté à la discussion sur l’expérience de Liverpool en 1983-87, quand une majorité socialiste était présente au conseil communal. Une des pages parmi les plus importantes de l’histoire récente des révolutionnaires socialistes. Il faut dire aussi que nous avions la chance de compter comme orateur Tony Mulhearn, à cette époque président de la section locale du Parti Travailliste et qui se trouvait donc de se fait au devant de cette lutte. Sa contribution a été d’importance pour comprendre concrètement ce que signifie une véritable politique socialiste.
La commission sur l’insurrection de l’île de Cronstadt, en 1921, a attiré également pas mal de monde. Ce thème est peut-être moins évident à aborder 87 années après les faits, mais il est toujours intéressant d’examiner l’histoire pour pouvoir répondre aux arguments anti-bolcheviks qui n’ont pas manqué de fleurir à l’occasion du 90e anniversaire de la Révolution russe, l’an dernier. Le principal point de cette discussion a été la nécessité primordiale de toujours replacer un événement dans son contexte. L’oppression de la révolte qui s’est développée à Cronstadt en mars 1921 n’est certainement pas le moment le plus glorieux pour les blocheviks, mais il n’existait aucune autre alternative à moins d’ouvrir la porte à la contre-révolution des monarchistes et des puissances capitalistes. Comme l’a affirmé Trotsky, il s’agissait d’une « tragique nécessité ».
Les autres commissions abordaient des thèmes plus directement actuels. La commission sur l’Amérique Latine a été particulièrement riche, mais il faut y voir aussi le résultat d’une période assez longue durant laquelle certains membres de notre parti ont accordé, et accordent toujours, une attention particulière à la situation de ce continent en révolte. Parmi eux, certains ont eu l’occasion de prendre part à des interventions en Amérique Latine ou à l’activité qu’y ont nos sections-sœurs. La discussion au sujet de l’environnement et de la politique énergétique s’est développée autour d’une introduction sérieusement étayée de Kristof Bruyland et sur la réponse socialiste à adopter sur cette question.
Enfin, il y avait encore une discussion sur la religion et son rôle aujourd’hui, de nouveau en présence de militants iraniens sans que cela n’ait pour autant empêcher une discussion plus globale de prendre place.
EN AVANT !
Le week-end a été clôturé par un meeting qui a une nouvelle fois accentué la nécessité de remettre le socialisme à l’ordre du jour. Vincent Kolo a parlé du gouffre énorme qui existe entre riches et pauvres et qui n’épargne pas la Chine. La récession économique qui se développe aux USA et ses conséquences dans le monde vont constituer un point tournant. Les actions que nous avons pu voir dans cette dernière période contre, entre autres, la diminution de notre pouvoir d’achat et pour plus de salaire sont encore survenues dans un contexte de croissance économique qui n’a pas pu empêcher que le gouffre entre riches et pauvres atteignent des proportions inconnues jusque là. Dans le contexte d’une crise économique, ce fossé se creusera de façon encore plus brutale.
Bart Vandersteene a aussi commencé son intervention en prenant base sur le fossé grandissant entre riches et pauvres. Les riches deviennent plus riches et les profits réalisés en Bourse ont été gigantesques. Mais, dès que les choses vont mal, c’est à la collectivité de payer. Nous avons pu le voir avec les sommes faramineuses injectées par les Banques Nationales dans l’économie. Pour répondre à la crise du capitalisme, seul un projet socialiste avec un programme et une stratégie clairs sera efficace.
Tony Mulhearn est revenu ensuite, mais cette fois en session plénière, sur l’expérience de Liverpool en 83-87 et en a expliqué les leçons les plus importantes : ce mouvement de masse (qui a par exemple connu une grève de 24 heures à Liverpool avec la participation de 100.000 grévistes ou encore une manifestation de 50.000 personnes pour défendre le conseil communal) a été uniquement possible parce qu’une direction politique consciente était présente. Mais nous ne pouvons pas créer d’îlot de socialisme dans un océan capitaliste. A Liverpool, nous avons pu traduire le socialisme en termes de logement sociaux, d’emploi, de services sociaux, de centres de détente, d’écoles de quartier,… Cela a donné un avant-goût de ce qui peut être possible, mais pour pouvoir réaliser cela de manière permanente, il nous faut un puissant parti révolutionnaire.
Aisha Paulis est ensuite intervenue comme dernière oratrice du week-end en appelant les participants à poursuivre ces discussions et à renforcer les révolutionnaires socialistes dans leur lutte pour une société socialiste.
Nous remercions ici une nouvelle fois l’équipe de cuisine et tous ceux qui ont aidé à faire de ce week-end « SOCIALISME 2008 » une réunion particulièrement réussie, à l’enthousiasme énorme et véritablement palpable. Le dévouement des volontaires a permis une organisation pratique particulièrement professionnelle.
Ce week-end a encore été l’occasion de récolter du soutien, et un appel financier a notamment récolté quelques 3.000 euros. Les stands de livres et brochures ont aussi tourné à plein régime, reflétant ainsi l’atmosphère politique de cette rencontre.
La détermination et l’enthousiasme présents à ce week-end doivent maintenant se traduire les semaines prochaines en un fonctionnement optimal de chacune de nos sections, notamment dans la poursuite de notre campagne pour plus de pouvoir d’achat.
En avant !