Chercheurs. Action pour un statut unique et convenable

Le 20 mars dernier, les trois organisations syndicales et quelques organisations du personnel ont organisé « La journée des chercheurs » à l’Université Catholique de Leuven (KUL). L’initiative avait été lancée par une pétition de Jon Sneyers, chercheur à la KUL et militant de la LBC (la CNE en Flandre), contre les statuts inégaux et souvent très mauvais des chercheurs.

Par Jan Vlegels, chercheur à l’université d’Anvers et membre de la CGSP-enseignement

Cette pétition, qui revendique l’alignement vers le haut des salaires, a obtenu un grand succès : plus de 1.400 chercheurs l’ont signée. Parallèlement, une campagne commune a été lancée dans les universités d’Anvers, de Bruxelles et de Louvain où, à chaque fois, des militants ou des délégués syndicaux, membres du MAS, ont popularisé l’initiative. La journée des chercheurs a rassemblé une soixantaine de chercheurs qui ont expliqué leurs griefs au chef du cabinet du ministre flamand de la politique scientifique, Patricia Ceysens (Open VLD).

Aujourd’hui, des chercheurs liés aux universités qui connaissent la même fonction et la même ancienneté peuvent avoir, selon leur source de financement, plusieurs milliers d’euros de différence salariale par an. De plus, les règles sont différentes pour le calcul de la pension, le congé de maternité, l’ancienneté, la demande de congé,… quand les règles existent !

Les statuts injustes actuels sont issus du Plan Global du gouvernement Dehaene de 1993. Les chercheurs ont été transformés de travailleurs à part entière de l’université en « étudiants du troisième cycle » et les contrats de travail réguliers ont systématiquement été changés en contrats sur base d’une bourse exonérée d’impôts : le « doctorant boursier » était né.

Les boursiers peuvent être employés par le Fonds de la Recherche Scientifique, par l’Institut pour la Science et la Technologie ou par l’université elle-même. Tous utilisent des normes différentes, ce qui explique que les salaires nets varient de 1.122 euros (les chercheurs venant de pays en « voie de développement ») à 1.713 euros (boursiers FRS).

Les universités ont été calmées par l’argument que, grâce à ces bourses peu élevées et exemptées de précompte professionnel, il leur serait possible d’engager plus de chercheurs sans augmenter les dépenses, ce qui ferait monter le nombre de publications scientifiques et rapporterait donc davantage, puisque les subsides y sont liés. Mais pour les chercheurs, cette exonération d’impôts n’a que des désavantages: la pension est calculée sur base du salaire brut, elle entraîne des revenus de remplacement plus bas (p.ex. en cas de congé maternel), il n’y a pas de primes fiscales (p.ex. un prêt hypothécaire), les crèches ne sont pas déductibles,…

Tout cela contredit la propagande des dirigeants gouvernementaux. On parle toujours de la nécessité d’investir en technologie et en recherche scientifique puisque l’avenir se situerait dans les secteurs de pointe. Mais, parallèlement, on n’est pas prêt à offrir un emploi convenable à ceux qui «produisent» la science.

La campagne a fait monter la pression sur la ministre pour aligner les statuts. Parallèlement, avec les militants syndicaux, nous avons popularisé l’idée que des améliorations peuvent être acquises par une mobilisation active parmi les chercheurs, un groupe qui n’est pas toujours facile à mobiliser.

Mais pour remporter des victoires réelles contre le néolibéralisme – qui est à la base du problème du statut des chercheurs comme de bien d’autres – c’est une lutte politique consciente de grande ampleur qui devra être menée.

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