Imagix-Mons. Grogne au cinéma

Imagix-Mons

Le boulot d’opérateur est simple : monter et démonter les films, charger les machines, surveiller la projection et s’occuper des petites pannes. Dans un petit cinéma, où le nombre de salles est limité, le boulot peut être agréable, le seul problème étant le salaire de misère. Mais lorsque le nombre de salles est plus grand, le boulot devient un véritable enfer.

L’exemple du rechargement lorsque l’on est seul en cabine est parlant : il y a 14 salles à Imagix et les films se terminent en moyenne 30 minutes avant la séance suivante dans le meilleur des cas (si il n’y a pas de retard et que le film n’est pas trop long), ce qui laisse 2 minutes par machine pour recharger sans compter le déplacement éventuel des bobines et les va-et-vient dans la cabine de 130 mètres de long.

La pression et le stress sont donc maximaux et le risque d’erreur ou d’accident de travail est très présent. Lorsque l’on sait que le thermomètre a déjà affiché plus de 50° en été en cabine, on ne s’étonnera pas que certains soient tombés dans les vapes. Les journées font régulièrement 9h30 de travail, presque continuellement debout. Aucun système de pause n’est prévu, on mange entre les machines, dans le bruit, la chaleur et l’air vicié de la cabine car on doit être prêt à intervenir si un problème se présente.

Jusqu’ici, la franche camaraderie entre les projectionnistes leur permettait de supporter l’exploitation qu’ils subissaient. Cela aurait sans doute pu durer encore longtemps si la direction n’avait pas poussé le chef projectionniste à la démission. Les projectionnistes ont dû commencer a faire la programmation des films, la répartition de salles, les feuilles de lancement, la gestion des stocks, etc. Ils ont du faire l’entretien des machines et les grosses réparations. Pire encore : à chaque fois qu’un problème technique survenait dans le bâtiment, les projectionnistes étaient appelés. Il faut donc maintenant s’occuper des problèmes de chaudière, d’électricité et autres … tout ça pour le même salaire et avec un chef projectionniste en moins.

Après 4 mois à ce régime infernal, la coupe a débordé. Malgré l’absence d’expérience de lutte collective, les discussions entre projectionnistes se sont faites plus nombreuses et les plaintes contre la direction plus fortes. Finalement, nous avons fait appel au syndicat pour nous venir en aide.

Nous avons rédigé un cahier de revendications dont les principaux points sont une augmentation salariale de 30% et l’augmentation du nombre d’heures totales prestées en cabine à travers l’engagement à temps plein de deux des trois travailleurs à temps partiel.

Au moment ou j’écris, une réunion doit avoir lieu entre la direction et les représentants syndicaux pour mettre les revendications sur la table et menacer de grève si rien n’est fait rapidement.

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