Le personnel d’entretien de l’hôpital Brugmann tire la sonnette d’alarme

brugmann01Ce mardi 8 décembre, plusieurs dizaines de membres du personnel de nettoyage de l’hôpital Brugmann ont manifesté au sein de l’hôpital pour exiger des embauches afin de pouvoir travailler dans des conditions décentes. L’ambiance était combative et le soutien palpable parmi les autres membres du personnel. Socialisme.be est allé à la rencontre d’un délégué syndical sur place.

Quand le ras-le-bol a-t-il commencé et pourquoi ? 

Cela fait plus de deux ans que le personnel a interpellé la délégation syndicale pour tenter de réagir aux problématiques auxquelles il est confronté.

En effet, les conditions de travail sont devenues insupportables et, encore à l’heure actuelle, la pression ne cesse d’augmenter. On demande toujours plus au personnel avec moins de moyens, moins de temps. C’est devenu ingérable, invivable. Les surfaces à nettoyer ont augmenté mais le nombre de travailleurs a stagné avec toutes les conséquences que cela entraîne: burn-out, pressions de la hiérarchie, …

Tout au long de cette période, plusieurs assemblées générales ont été organisées dans le but de créer un espace de discussion ouvert entre les membres du personnel mais également pour construire un cahier de revendications. Durant cette période, une délégation de militants syndicaux a tentée systématiquement d’alerter la direction. En vain.

Comment s’est prise la décision de partir en action? Pourquoi maintenant?

brugmann02Les travailleurs étaient évidemment remontés vu la situation et le silence de la direction à leurs interpellations. La réflexion au sein de la délégation était de construire dans un premier temps un maximum de soutien à l’idée de partir collectivement en action et de prendre le temps pour démasquer le rôle de la direction, tout en conscientisant l’ensemble du personnel sur la nécessité de construire un rapport de force.

Très logiquement, après un an de discussions stériles, les travailleurs voulaient aller plus loin, poser un ultimatum à la direction, concernant l’embauche de personnel supplémentaire seule véritable solution pour enrayer la surcharge et la pression au travail.

Face à un préavis d’actions, et sentant la pression monter, la direction a adopté une position hypocrite qui d’un côté reconnaissait la surcharge de travail, mais d’un autre tentait de nous convaincre qu’elle était dans l’incapacité de faire quoique ce soit par manque de budget. Cette dernière discussion, précédant de quelques heures le premier arrêt de travail, ne laissait aux travailleurs aucunes autres perspectives que de passer à l’action.

Comment s’est déroulé ce premier arrêt de travail?

brugmann03L’arrêt de travail a été un succès, plus d’une trentaine de travailleurs y ont participé activement.

Celui-ci a été utilisé pour organiser une nouvelle assemblée où la conclusion de la discussion a été d’en refaire les semaines suivantes, jusqu’à ce qu’ils soient entendus.

La semaine d’après, l’arrêt de travail a été encore plus suivi et il a été décidé lors de l’assemblée de partir en manifestation dans l’hôpital pour rencontrer et discuter dans tous les services avec les autres membres du personnel.

C’était très enthousiasmant, on a été très bien accueillis la plupart du temps, avec de nombreuses expressions de solidarité et pas mal de travailleurs faisant le lien avec leur propre situation.

Où en sont ils aujourd’hui? Comment voyez vous la suite?

La détermination est présente et s’accroît au sein de l’équipe. Je pense qu’il ne faut rien lâcher car, il en va de notre santé au travail et de la santé des patients de manière générale.

Aujourd’hui, on a entamé un bras de fer avec la direction et il est crucial qu’on le gagne. L’équipe en est consciente et la direction va nous mettre à l’épreuve et tenter de faire durer cette situation le plus longtemps possible.

Aujourd’hui, c’est silence radio entre la direction et les travailleurs car celle ci espère que ce mouvement va s’essouffler. Il est clair pour elle que de faire des concessions aux travailleurs de l’entretien pourrait donner confiance à d’autres travailleurs de l’institution. C’est pour cette raison que notre combat risque de durer.

De notre côté, il est crucial de maintenir la dynamique, de prendre le temps à la discussion, de bien préparer les actions et de faire tout ce qui est possible pour que les travailleurs se sentent maîtres de leur combat. La solidarité dans les autres services sera également importante. C’est pour ça qu’on continue d’informer, de discuter et d’expliquer aux autres catégories du personnel que nous sommes tous concernés par leur lutte.

Après, il est certain que les économies imposées dans les soins de santé au niveau fédérale ne vont qu’aggraver la situation. On ne peut plus accepter de gérer la pénurie au détriment des patients et des conditions de travail du personnel hospitalier. Il faut que la direction prenne ses responsabilités et tant qu’elle ne le fera pas, nous continuerons de faire pression pour faire notre travail dans des conditions acceptables.

En tout cas, c’est une magnifique expérience où chacun apprend à s’exprimer tout en prenant conscience de la force de s’organiser et de résister.

A terme, il faudra que l’ensemble du personnel hospitalier se mobilise, parce que les problèmes que rencontrent les nettoyeurs aujourd’hui ne sont que le sommet de l’iceberg. Le manque de moyen est criant à tous les niveaux.

Leur combat doit être un exemple pour tous ceux qui sont confronté à cette réalité. C’est le cas dans tous les services publics, et certainement aussi dans le privé.

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