Une chose est certaine : la crise politique continue

Incertitude pour l’après 23 mars

La guéguerre politique continue sans que son intensité diminue. Le compteur de la crise gouvernementale a beau être arrêté, il est bien difficile au premier coup d’œil de comprendre qui est dans l’opposition et qui est au gouvernement.

Anja Deschoemacker

Tout semble possible : un nouveau gouvernement (lui aussi temporaire !) comme la poursuite de l’actuel (avec une réorganisation des ministères) – ce qui ferait peu de différence dans les faits… Comme nous l’avions dit immédiatement après les élections, le seul gouvernement possible sera un gouvernement instable, quelle que soit sa composition.

Au CD&V, on travaille assidûment à un changement de cap. C’est surtout la vieille garde qui est à l’œuvre, celle qui sait comment passer des compromis de façon relativement « digne » au nom du « pragmatisme ». Pour le nouveau président du CD&V, Etienne Schouppe, ce parti ne doit pas être à thème unique : tout miser sur le plan communautaire pourrait mettre plus encore en danger ses liens avec la CSC et le Mouvement Ouvrier Chrétien. Il est clair que la population en a marre du « tout communautaire » et que ceux qui seront considérés comme coupables du chaos devront en payer le prix, tant au CD&V qu’à la NV-A.

Du côté libéral, le VLD, qui a connu la défaite du 10 juin, peut compter sur le MR, devenu à cette occasion le premier parti francophone. L’enjeu pour les libéraux est de maintenir et renforcer leur position de plus grande « famille » politique. Mais ils craignent cependant de se retrouver en minorité au gouvernement entre les « partis syndicaux ».

Le PS veut retrouver rapidement sa place de premier parti francophone, ce qu’illustrent notamment ses attaques contre la déduction des intérêts notionnels (qu’il avait pourtant approuvée dans le précédent gouvernement !). Le PS essaie de reprendre le costume qui lui avait si bien réussi ces dernières vingt années : celui de parti d’opposition au sein du gouvernement. Il peut compter sur le soutien des dirigeants du CDH, enragés contre Reynders, et qui désirent plus que tout assurer leur position de partenaire indispensable du PS à tous les niveaux de pouvoir.

Pour tous ces partis, seul compte l’horizon de juin 2009. Des élections regroupées, à la fois au niveau régional et fédéral, seraient l’occasion de remettre un peu d’ordre afin de préparer une confrontation directe avec le mouvement ouvrier qui est plus difficile avec des élections toutes proches.

Il est probable qu’entetemps, l’une ou l’autre réforme d’Etat aura été élaborée. Cela ne sera pas un Big Bang, mais plutôt un compromis belge classique, justifiée au nom du soi-disant « intérêt général ». En fait, même si ces partis ont chacun leurs propres intérêts, ils sont tous liés les uns aux autres par leur propre « intérêt général » : celui de l’élite riche, de la classe dirigeante. L’idée sera de régionaliser le plus possible les coupes dans les budgets (sous couvert de « responsabiliser » les régions) afin d’affaiblir la lutte contre les futurs plans d’austérité.

La population sera évidemment sollicitée pour « apporter sa pierre à l’édifice ». On demandera donc d’accepter des attaques contre les fonctionnaires, une nouvelle « modération salariale », la poursuite de la chasse aux chômeurs, des contributions individuelles plus importantes des malades pour les soins de santé,… Les partis traditionnels voudront bien sûr aller chercher cet argent chez « tout le monde »… à l’exception du patronat.

Syndicalistes, militants de terrain, vrais socialistes, restons vigilants et ne nous laissons pas aveugler par la poudre aux yeux qui est bien la seule chose que les partis établis sont prêts à nous distribuer sans compter…

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