Le mois de janvier a de nouveau vu un krach boursier partout dans le monde, faisant suite à l’explosion de la bulle immobilière en août 2007. La conséquence la plus directe de cela a été entre autres la perte d’un million de logements et de dizaines de milliers d’emplois aux Etats-Unis, les familles les plus durement touchées par la crise étant les plus pauvres. Comment cela est-il explicable ?
La situation actuelle est caractérisée par une crise financière et un ralentissement économique, situation dans laquelle la spéculation immobilière tient un rôle clef. De fait, depuis plusieurs années, les prêts hypothécaires bon marché ont créé une hausse du prix du logement. L’impact dans le reste de l’économie est considérable, car du même coup les propriétaires de logements voient leurs capitaux gonfler, ce qui leur permet un pouvoir d’achat additionnel, permettant une hausse de la consommation, cœur de l’économie américaine; et surtout le marché immobilier est devenu une bulle spéculative du fait de la hausse du prix des logements.
Ainsi le marché immobilier, comme pour toute bulle spéculative, nécessite un afflux constant de liquidités investies pour maintenir un marché haussier et pour que se prolonge la croissance du marché immobilier américain, devenu un élément clef dans la finance et l’économie américaine. Pour ce faire, l’emprunt hypothécaire est favorisé et les banques mettent à disposition, en plus des prêts hypothécaires « classiques », des hypothèques à haut risques (subprimes): il s’agit d’emprunts destiné aux plus pauvres, qui n’ont pas les moyens de s’offrir un logement, et dont le taux d’intérêt est variable : très faible au départ, il augmente après 2 ans. A nouveau ce système de crédit ne fonctionne qui si il y a une hausse continuelle du prix du logement ; mais surtout il y a le danger de non-remboursement des emprunts, les emprunteurs étant par définition peu solvables : de cela, les banques en ont conscience, et c’est pourquoi elles tentent de dissiper ce risque en cherchant un refinancement par des investisseurs, c’est-à-dire en revendant les emprunts entrecoupés en packages complexes. Les banques, en voulant sécuriser leurs fonds propres, ne font que dissiper et étendre les risques à l’ensemble de la finance et du crédit et le risque de contamination par des prêts non solvables est généralisé ; d’autant plus que ceux-ci, ayant été entrecoupés, ne sont plus identifiables !
Aujourd’hui la crise des subprimes déborde sur toutes les finances et pour tous les emprunteurs, et c’est toute une superstructure construite sur le même type de fondation qui menace de s’écrouler ; une situation dans laquelle les classes moyennes, travailleurs et pauvres se retrouvent les plus vulnérables : ainsi, la plus grande hausse du taux de chômage a été enregistrée pour le mois de janvier, depuis la crise qui a fait suite au 9 septembre 2001.
La réserve fédérale américaine (Fed) et le gouvernement ont envisagé plusieurs « remèdes » à la crise :
- Une baisse de 1,25% du taux d’intérêt directeur en 9 jours par la banque fédérale américaine, ramenant celui-ci à 3 %. Le but de cette manœuvre est de pallier à la crise du crédit en en mettant plus à disposition, mais cela ne représente aucunement une solution à la volatilité de la bourse. Que du contraire, l’augmentation des liquidités dans l’économie entraine l’inflation, qui mêlée au pouvoir d’achat stagnant de la population ne ferait qu’aggraver la baisse de la consommation et le ralentissement économique.
- Une mesure contradictoire serait le contrôle par la banque fédérale sur les activités des banques et une hausse des restrictions aux mauvais emprunteurs ; ce qui va à l’encontre de la logique décrite précédemment, et ne ferait que décaler la crise d’un point de vue temporel.
- Une augmentation de l’exportation est très peu plausible. De fait, les 30 dernières années on a vu une désindustrialisation qui fait que l’exportation ne représente plus aujourd’hui que 12% de PIB aux USA. De plus, si la crise économique s’étend à travers tous les secteurs des finances, elle ne connaît pas non plus de frontière géographique, et les USA se retrouvent de fait sans marché où vendre ses produits potentiels. De plus, pour stimuler l’exportation (cette tendance est observée actuellement pour rectifier la balance commerciale), le dollar est dévalué, ce qui n’arrange pas les banques centrales asiatiques. Puisque les fonds de celles-ci sont en dollars, elles enregistrent des pertes. Si les banques centrales asiatiques revendent leurs dollars, celui-ci connaitrait une dévaluation jamais enregistrée et toute l’économie mondiale se retrouverait par Terre.
- Une solution quasi ironique est le plan de Bush, approuvé grandement par les démocrates, qui met à disposition 140 milliards $ à disposition des entreprises et des classes moyennes pour tenter de stimuler la consommation. L’effet direct de cette mesure a été une chute de plus de 5% des principaux indices dans les bourses, leurs boursicoteurs paniquant sur la santé des finances !
On le voit clairement, de toutes les « solutions » envisagées, aucune n’est concluante, et tous les signes poussent à croire que la crise risque fort de s’étaler sur une période de plus longue durée, les classes dirigeantes ne trouvant de solution à la crise d’un système pourrissant.
La présente crise marque la fin de la récente phase de mondialisation, laquelle fut dominée par une spéculation financière sauvage. Elle fut nourrie par une vague de crédit à bon marché, et cette orgie de spéculation à grand-crédit et de profits atteint ses limites et résulte aujourd’hui en une crise du crédit qui s’avère très menaçante. La dette massive du crédit est un fardeau qui ralentit toute l’économie mondiale.
Cette crise est loin d’être la première du capitalisme mais est probablement la plus importante depuis la fin de la 2e guerre mondiale. Il ne faut pas attendre de solution des classes dirigeantes, qui sont partie inhérente de cette condamnation à l’aberration récurrente et à l’éternel retour à la crise ! Tout simplement parce qu’il n’y a pas de solutions fondamentales au sein du capitalisme, ce système doit être remplacé par une économie démocratiquement planifiée où le travail disponible est utilisé en fonction des besoins de la population et non pas en fonction des profits !