Construire sur le succès du 7 octobre: lutter pour gagner!

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Environ 100.000 militants syndicaux manifestaient ce 7 octobre 2015 à Bruxelles, un an après la formation du gouvernement antisocial de droite Michel I. Cette mobilisation fut un énorme succès et, pour beaucoup, un succès inattendu : le nombre de participants dépassait largement les attentes. Le succès de cette manifestation a démontré le potentiel dont peut disposer un nouveau plan d’action avec pour objectif la chute du gouvernement et la fin de la politique d’austérité.

Par Tim (Bruxelles), article issu du mensuel Lutte Socialiste

La force de notre nombre

Ils ne l’admettront jamais, mais on peut être certains que le succès de la manifestation du 7 octobre a pesé sur les discussions gouvernementales concernant le budget 2016. La classe ouvrière belge a montré qu’elle reste une force dont il faut tenir compte, même ce gouvernement patronal pourtant expérimenté en matière de provocations ne peut le nier. La manifestation a démontré non seulement que les attaques que le gouvernement a menées cette dernière année ne sont toujours pas acceptées par la population, mais aussi que beaucoup sont prêts à résister de façon toujours plus active face à celles-ci.

Une manifestation nationale a comme objectif de montrer le potentiel d’une telle lutte. Une manifestation réussie comme celle du 7 octobre donne un nouvel élan aux militants dans leurs capacités à mener cette lutte. L’atmosphère lors de la manifestation était dynamique et agréable, avec une bonne présence des trois syndicats, et tant de néerlandophones que de francophones. C’est un signal important envoyé à ceux qui ont essayé de créer des divisions entre militants des différents syndicats ou des différentes régions : la volonté de lutter est générale, par-delà les frontières syndicales et linguistiques.

Alors que la manifestation du 6 novembre 2014 était l’expression du fait que le public syndical traditionnel n’était pas seul à descendre dans la rue en opposition au gouvernement, la leçon la plus importante de la manifestation du 7 octobre 2015 fut que le nombre de nouveaux et souvent jeunes militants qui jouent un rôle actif dans la lutte de classe a augmenté. Ces nouveaux militants, qui ont joué un rôle crucial dans le succès du plan d’action de l’année passée, sont restés actifs et forment la nouvelle avant-garde dans la lutte contre ce gouvernement et sa politique d’austérité.

Il nous faut des mots d’ordre clairs !

Mais une telle avant-garde a besoin de mots d’ordre clairs, d’un plan d’action et d’un programme politique qui peut nous permettre de gagner la lutte. A cette fin, elle regarde en premier lieu vers la direction syndicale, mais celle-ci n’a pas l’intention d’offrir de tels éléments. Même dans les luttes d’un seul secteur, comme à la SNCB, la direction syndicale refuse de prendre ses responsabilités : au lieu de réagir aux agressions de la direction de la SNCB et d’Infrabel, elle se laisse diviser et n’offre aucune perspective pour la lutte au sein des entreprises. De cette manière, chaque lutte au niveau d’une entreprise, d’un secteur ou même nationale est condamnée à échouer. Ceci permet au gouvernement et au patronat de se réorganiser et de frapper encore plus fort.

La lutte fin 2014 nous a appris qu’un plan d’action crescendo est la clé vers un mouvement de lutte réussi. Les actions régionales maintenant annoncées sont un premier pas dans la bonne direction, mais davantage d’engagement et de planification est nécessaire afin d’en faire un véritable succès. Pourquoi pas, à l’occasion de ces journées, organiser de nouvelles réunions de militants régionaux ? Pourquoi ne pas déjà distribuer le matériel lors de ces réunions pour mobiliser sur les lieux de travail ? Il existe déjà en effet beaucoup d’écrits et de tracts qui explicitent les attaques de ce gouvernement, et qui appellent à une mobilisation large.

Les assemblées du personnel avec arrêt de travail sont une bonne manière de convaincre les collègues de participer afin de faire un succès de ces actions régionales et pour, ensuite, évaluer les actions et décider collectivement de la stratégie future à adopter. Des actions basées sur des grèves de 24h ou 48h montreront au gouvernement et au patronat que nous sommes sérieux et qu’ils n’auront pas une minute de paix aussi longtemps que ce gouvernement de casse sociale restera au pouvoir.

Une alternative politique

Un plan d’action réussit entraine de suite la question du programme politique à proposer. Le succès du dirigeant de gauche du parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, nous montre qu’une politique radicale anti-austérité peut trouver un soutien de masse. Pourquoi ne pas faire de ce type de programme le moteur de notre plan d’action ? Dans une de ses premières interviews, le patron du VOKA, Michel Debaere disait : ‘‘Huit de nos dix recommandations fédérales et quatorze de nos dix-sept recommandations régionales flamandes se retrouvent dans les accords gouvernementaux.’’

Pourquoi le mouvement ouvrier ne pourrait-il pas contrer cela avec ses propres revendications et n’essayerait-il pas de récolter un soutien de masse en ce sens ? Ces revendications devraient partir des besoins réels qui vivent parmi la population, et pas des miettes que le gouvernement et le patronat veulent bien nous donner.

Le mouvement ouvrier pourrait ainsi, par exemple, prendre comme revendications de départ celles qui existent déjà dans la conscience collective, ou qui sont avancées par des organisations du mouvement ouvrier ou dans des luttes sectorielles. Il s’agirait par exemple de mettre en avant la revendication de l’organisation femme du mouvement Femma qui propose l’introduction d’une semaine de 30h/semaine sans perte de salaires. Ou l’introduction d’un salaire minimal basé sur ce qui est réellement nécessaire pour vivre convenablement en Belgique, c’est-à-dire 1.500€ net par mois. Amener la question d’un investissement massif dans les transports publics et dans les énergies renouvelables comme partie intégrante d’une politique progressiste pour le climat. Refinancer publiquement l’enseignement et la recherche. Nationaliser le secteur financier, le secteur énergétique et les principales multinationales afin de financer cela.

De cette manière, des revendications qui naissent et grandissent dans les mouvements de lutte peuvent être combinées et en être le moteur. Ceci combattrait également les divisions entre la Flandre et la Wallonie, entre les différentes couleurs syndicales, entre les générations ou entre les travailleurs d’origine belge ou étrangère, afin de tous nous réunir dans une lutte unitaire contre ce gouvernement et le patronat.

Notre parti a acquis au fil des ans une grande expérience dans le soutien et le développement de telles campagnes. Nous avons ainsi déjà abordé en profondeur dans ce journal la campagne qui est parvenue à introduire un salaire minimum de 15 dollars de l’heure à Seattle, aux Etats-Unis. C’est le type d’expérience qu’un parti comme le PSL pourrait introduire dans un tel mouvement: comment gagner un soutien de masse pour notre programme avec des revendications concrètes et compréhensibles? Si un petit parti comme le nôtre peut le faire à Seattle, pourquoi le mastodonte qu’est le mouvement ouvrier belge ne pourrait-il pas le faire ici ?

La discussion n’est pas de savoir s’il y a de l’argent pour appliquer un tel programme. Le pourcent le plus riche au monde possède autant que le reste de la population mondiale. Il n’y a jamais eu autant de richesses qu’aujourd’hui, mais celles-ci sont simplement mal réparties. Nous avons besoin d’un parti capable d’organiser les masses pour qu’elles revendiquent leur part du gâteau. Nous voulons, avec le PSL, jouer un rôle actif et organisateur dans cette lutte. Mais nous voulons également défendre la nécessité d’une rupture radicale avec le système capitaliste et défendre la nécessité d’une alternative socialiste.

Nous défendons :

• La restauration totale de l’indexation, des négociations salariales libres et un salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure !
• Pas de sape des contrats de travail par la sous-traitance, le recours à l’interim ou d’autres boulots précaires !
• Bas les pattes du statut des fonctionnaires ! Aucun démantèlement des services publics ! Aucune privatisation ou libéralisation !
• Bas les pattes de nos pensions. Maintien de la prépension et de la retraite anticipée !
• Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois !
• Stop à la chasse aux chômeurs ! Ni dégressivité, ni service obligatoire à la communauté mais la répartition collective du temps de travail vers les 30h. par semaine sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction des cadences !
• Nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité !
• L’économie de marché chaotique et la course aux profits n’assurent aucune garantie pour l’emploi. Pour une économie planifiée démocratiquement gérée et contrôlée par la collectivité dans le cadre d’un socialisme moderne et démocratique !

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