Comment l’establishment utilise l’Europe pour briser le statut des dockers

dockersLa Commission européenne exigeait de la Belgique qu’elle adapte la loi Major, qui régit le travail portuaire et protège les dockers, d’ici le 23 octobre. Cette date-butoir a toutefois été repoussée. Le Ministre Peeters (CD&V) a déclaré qu’il travaillait à l’élaboration d’une loi-major ‘‘light’’, mais que celle-ci pouvait être rejetée par l’Europe dans le but de poursuivre la libéralisation du travail portuaire.

Ce qui pose essentiellement problème à la Commission européenne c’est le fait que seuls les dockers reconnus peuvent travailler. La Commission veut, tout comme les patrons des ports, une libéralisation qui permettrait à n’importe qui d’exercer du travail portuaire à n’importe quelles conditions, y compris des intérimaires ou l’équipage de bateaux qui n’ont pas le même profil professionnel que les dockers.
Diverses propositions sont travaillées en ce sens depuis 1997. Une directive sur la libéralisation a été rejetée en 2003, mais une nouvelle est à nouveau arrivée sur la table en 2006. Les dockers ont à chaque fois démontré que la lutte paie contre ces attaques. A chaque fois, de grandes manifestations de dockers ont eu lieu dans toute l’Europe. En 2006, les autorités ont tenté de criminaliser l’action syndicale en envoyant des forces policières phénoménales contre les dockers à Strasbourg.

Mais pour le patronat, chaque victoire ne peut être que temporaire. Depuis, les régimes spécifiques pour le travail portuaire ont été détricotés dans la plupart des pays européens. L’UE fait tout pour accélérer ce processus de libéralisation. Ainsi, une partie de la règlementation espagnole du travail portuaire a été condamnée par la Cour de Justice. Si le statut des dockers est détruit dans la plupart des pays, cela rendra plus facile une offensive européenne contre les dernières bastions et les dernières protections. Toute la législation rejetée en 2003 et en 2006 grâce à la résistance des dockers deviendrait alors la règle.

Vendredi, le professeur de droit maritime Eric Van Hooydonck a expliqué sur Radio 1 que la législation du travail portuaire en Belgique est la plus règlementée d’Europe. Cette protection n’est évidemment pas pour plaire aux patrons et à l’Europe. Ce spécialiste estime que la Belgique sera finalement poursuivie et reconnue coupable en raison de la protection du travail portuaire. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi les politiciens belges ont adopté une attitude si attentiste, Van Hooydonk a répondu : «Je croix que de nombreux partis sont heureux que la Commission européenne tire les marrons du feu et se salisse à appliquer une refonte du travail alors que tout le monde sait que c’est inévitable.» Selon lui, en raison de la position de force des syndicats dans le port et de la menace de grève, l’UE est le seul organe capable de réaliser une attaque fondamentale sur les travailleurs du port. Le rôle de l’UE est une fois de plus illustré : il s’agit d’un outil de défense des intérêts de l’établissement capitaliste, un niveau de pouvoir bien pratique derrière lequel les politiciens peuvent se cacher pour imposer ce qu’ils voulaient de toute manière.

L’establishment fait tout pour rendre le travail portuaire meilleur marché et moins sûr. Malgré toute l’attention portée à la sécurité, il y a déjà en moyenne deux morts par an parmi les quelques 8.000 travailleurs portuaires reconnus à Anvers. Une libéralisation du travail portuaire ne sert qu’à remplir les poches des patrons et ce, au détriment tant du revenu que de la sécurité des dockers. Une libéralisation peut être stoppée sur base de luttes, le caractère international de la lutte de 2003 était important. S’opposer avec d’autres secteurs, comme les chemins de fer par exemple, contre la vague de libéralisation peut aussi mener à des victoires !

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