Pour gagner, c’est ensemble qu’il faut lutter !

p3delokaliLe mouvement des travailleurs est similaire à une chaîne : il n’est aussi fort que son plus faible maillon. Pour augmenter les chances d’avoir des maillons plus faibles, nous diviser autant que possible est une tactique délibérée du patronat. Avec l’introduction de toute une variété d’échelles de salaire. En montant les intérimaires contre les autres travailleurs. En externalisant certaines tâches à des sous-traitants. En attisant les tensions entre syndicalistes rouges et verts. Aujourd’hui entre en scène la discrimination entre migrants, réfugiés et le reste des travailleurs.

Par Geert Cool, édito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

Chaque syndicaliste sait très bien que le personnel est plus fort s’il est uni. Les patrons le savent fort bien eux aussi. C’est pourquoi, au début de l’ère industrielle, il était interdit de se regrouper. Officiellement, les mêmes règles s’appliquaient à tous: les travailleurs ne pouvaient pas s’organiser pour obtenir de meilleures conditions de travail et de salaire et les patrons n’étaient pas autorisés à se coaliser. Il va sans dire que les conséquences n’étaient pas les mêmes pour tous. Les nouvelles attaques contre le droit de grève font ressurgir cette interdiction de s’organiser.

L’organisation et la solidarité constituent la base essentielle qui a permis d’arracher par la lutte de nombreuses conquêtes sociales. Ceux qui s’en prennent à la sécurité sociale et à nos conditions de vie sont ceux qui bénéficient des divisions dans notre camp. Ils veulent les renforcer en instrumentalisant la peur de la perte d’acquis sociaux sous la pression migratoire. Quelle manière cynique de se décharger de la responsabilité de leurs politiques.

Le racisme n’est pas neuf. En 1870, Karl Marx décrivait en ces termes l’utilisation des immigrés irlandais par les capitalistes anglais : ‘‘la bourgeoisie anglaise n’a pas seulement exploité la misère irlandaise pour rabaisser, par l’immigration forcée des pauvres Irlandais, la classe ouvrière en Angleterre, mais elle a, en outre, divisé le prolétariat en deux camps hostiles. L’ouvrier anglais vulgaire hait l’ouvrier irlandais comme un compétiteur qui déprime les salaires et les conditions de vie.’’ Pareille division permet de compliquer les possibilités de lutter en commun tout en offrant l’opportunité de mettre pression sur les salaires et les conditions de travail. Remplacez les immigrés irlandais par les réfugiés syriens et la bourgeoisie anglaise par notre gouvernement de droite et vous aurez une idée précise de la façon dont la crise des réfugiés est utilisée aujourd’hui.

Ces divisions dont parle Marx n’ont pu disparaitre que lorsque les immigrés irlandais ont eux-mêmes fait partie du mouvement organisé des travailleurs. C’est cela qui est nécessaire aujourd’hui. Le mouvement des travailleurs est la seule force capable, par la lutte active, de vaincre le racisme. Défendre le droit d’asile de la même manière que le droit d’avoir un emploi, de bons services publics,… pour tous, c’est la seule façon d’éviter que la discussion sur la crise des réfugiés continue de dominer et que, de cette manière, elle puisse semer la division entre collègues au travail.

Dans le combat contre l’austérité et l’exploitation, nos meilleurs alliés sont les autres victimes de ce système de plus en plus inégalitaire. ‘‘Dans les mines, nous sommes tous noirs’’, comme le dit le dicton. Aujourd’hui, les mines sont fermées, mais nous sommes toujours dans le même bateau. Ceux qui nous qualifient de ‘‘profiteurs’’ parce que nous refusons le saut d’index ou l’augmentation de l’âge de la retraite à 65 ans sont ceux qui traitent les réfugiés de ‘‘profiteurs’’ pour avoir voulu fuir la guerre et la répression. Mais toutes les études démontrent que seule l’élite capitaliste s’est enrichie ces dernières années. Alors, qui sont les profiteurs?

Nous avons besoin d’une campagne offensive de la part du mouvement des travailleurs. Pourquoi ne pas commencer en invitant les sans-papiers à venir expliquer leur situation dans les délégations syndicales? Ou en renforçant l’organisation syndicale des groupes de travailleurs migrants les plus exploités, comme dans l’Horeca ou le nettoyage? Au sein du mouvement des sans-papiers et de solidarité avec les réfugiés, adopter une orientation vers le mouvement des travailleurs est des plus importants, ce qu’une présence sérieuse lors de la manifestation syndicale du 7 octobre pourrait renforcer. Le PSL essaie déjà de contribuer modestement à cette approche, comme à Anvers avec la campagne Tamil Solidariteit et le travail syndical mené parmi les réfugiés tamouls ou encore, avec les sans-papiers, à Bruxelles, en défendant parmi les réfugiés l’unité avec le mouvement des travailleurs.

Nous devons nous battre pour gagner, avec les syndicats. Pour cela, il nous faut des mots d’ordre clairs et une alternative politique à l’austérité. Vaincre et assurer nos conditions de vie, c’est aussi la seule façon d’en finir avec la politique de ‘‘diviser pour mieux régner’’ de la droite. Ce serait une source d’inspiration pour les luttes à travers le monde afin de poser les premiers pas en direction d’une société socialiste et démocratique où personne ne se verrait forcé de fuir ou d’avoir faim.

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