[INTERVIEW] Le Tax Shift ne laisse pas subsister d’espoir au CD&V

taxshift_cscLa CSC doit être prête au combat!

A la place d’un transfert de fiscalité du travail vers le capital, le Tax Shift a représenté une nouvelle attaque antisociale. Nous en avons parlé avec une secrétaire de la LBC (centrale flamande des employés de la CSC), Tina De Greef.

Interview réalisée par Anja Deschoemacker et publiée dans l’édition de septembre de Lutte Socialiste.

La décision prise par le gouvernement autour du Tax Shift illustre qu’il ne faut rien attendre du CD&V. Qu’en pense-t-on à la CSC?

Tina: “Différentes figures de la CSC se sont exprimées négativement sur le Tax Shift. La CNE (centrale francophone des employés de la CSC) a calculé que la sécurité sociale et l’Etat contribuent trois fois plus que le capital! Même Luc Cortebeeck, l’ancien président de la CSC, a déclaré que le CD&V ne fait pas assez la différence. L’ancien président de la LBC Ferre Wyckmans a déclaré ‘‘nous sommes encore plus trompés qu’avant’’, en ajoutant que si la manifestation du 7 octobre ne donne rien, il faudra considérer des actions plus dures.

‘‘Maintenant tout l’accent doit être mis sur la mobilisation du 7 octobre. Mais il faut tirer les leçons des actions précédentes contre ce gouvernement. Une manifestation ne va pas suffire si même le mouvement massif de l’an dernier n’a livré qu’une promesse vide. Et nous ne pouvons compter que sur notre propre force, la force du mouvement ouvrier organisé contre le gouvernement et le patronat.’’

Cet été, nous avons été témoin des tensions entre Marie-Hélène Ska (CSC) et Marc Goblet (FGTB). Ce dernier a notamment dit : ‘‘Ils (le sommet de la CSC) continuent à croire que le CD&V et Kris Peeters peuvent peser’’.

Tina: “Le plan d’action de l’année passée s’est notamment terminé sur la promesse d’un Tax Shift favorable aux travailleurs. Cette attitude s’est heurtée à une opposition historiquement grande dans les rangs de la CSC, ce qui a fait que l’accord salarial a finalement été approuvé avec une majorité extrêmement faible, mais sans qu’il ne dise qu’il fallait stopper la lutte contre le saut d’index et la politique d’austérité.

‘‘En réalité, le scepticisme était grand dans les rangs de la CSC quant au rôle progressiste possible du CD&V. Au Congrès de la CSC, le parti n’a pas été mentionné dans la liste des partis pro-austérité durant le speech de clôture. Pour beaucoup de participants, c’était ridicule. A ce même congrès, la direction nationale a essayé de marginaliser la méthode de la grève, une tentative bloquée par le congrès. C’est la preuve qu’à la base la confiance que l’on peut obtenir des choses par la concertation sociale diminue.

‘‘Qu’importe l’opinion de la direction, on ne peut nier que ce gouvernement continue ses attaques contre les travailleurs et les syndicats et que le CD&V est incapable de changer le caractère de ce gouvernement. Ne rien faire ne sera pas une option pour la CSC. Un nouveau plan d’action doit être élaboré et nous ne pouvons pas cette fois-ci nous laisser freiner par une chimère.’’

Pourtant, la CSC et Beweging.net continuent soutenir de les liens avec le CD&V.

Tina: “C’est vrai. Mais la CNE/LBC a déjà depuis longtemps fait le pas de ne pas considérer le CD&V en tant que partenaire privilégié. Des similarités existent entre cette discussion dans la CSC sur le CD&V et celle dans la FGTB sur le PS. Dans le cadre du syndicalisme de concertation qui s’est développé après la Deuxième Guerre mondiale – quand le capital était bien obligé de faire des concessions au mouvement ouvrier – cela arrangeait les grands syndicats d’avoir un partenaire au gouvernement. Mais ces 30 dernières années, les concessions ne sont venues que d’un seul côté, celui des travailleurs. Au lieu de se porter garants de la défense des intérêts des travailleurs, ces partis n’ont rien fait d’autre que d’offrir un peu d’accompagnement social à la dégradation des acquis sociaux.

‘‘La base le comprend très bien, surtout après la mobilisation brillante de l’an dernier et le constat actuel suivant: nous avons été trompés et nous en payons le prix par de nouvelles mesures antisociales. Nous devons aussi constater que le CD&V est bien moins compétent dans le rôle de ‘‘l’opposition sociale au gouvernement’’ que le PS.

‘‘Si la direction des grands syndicats entretient des liens avec des partis comme le CD&V et le PS, ce n’est pas grâce à un quelconque soutien à la base mais par manque d’alternative. Dans d’autres pays, quand des alternatives de gauche crédibles se sont développées, le lien entre la base syndicale et de tels anciens partis n’a plus tenu qu’à un fil.

‘‘Le PS et, dans une moindre mesure, le CD&V ont pu maintenir leur soutien électoral chez les travailleurs grâce à l’idée du “moindre mal”. Si nous voulons plus, il nous faut avant tout compter sur notre propre force, celle de la mobilisation de la classe des travailleurs. Ensuite, il nous faut un nouvel instrument politique, un large parti de lutte acharné à défendre les intérêts de la classe des travailleurs. Cette discussion doit être saisie par tous les militants de gauche dans tous les syndicats. Le mouvement qui arrive peut offrir l’opportunité de poser des pas concrets en cette voie.’’

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