Niranjan, réfugié tamoul : “Je n’ai pas fui par plaisir”

Genocide_birmanie

Niranjan est l’un des chefs de file de la campagne Tamil Solidarity en Belgique. Il est intervenu lors de la première du film ‘Dheepan’ à Bruges, le 23 août dernier (voir notre article sur ce film).

“Mon père était chauffeur de taxi à Jaffna, au Sri Lanka. En 2005, la LTTE (les Tigres tamouls) a obligé les chauffeurs de voitures à trois roues à suivre une formation à Vanni. Début 2006, l’armée a commencé à prendre les chauffeurs pour cible. Ils ont appris que mon père avait suivi une formation et ont fouillé notre maison. Mon père avait fui, nous ne savions pas où et nous n’avons plus jamais entendu parler de lui. L’armée ne nous croyait pas, ma mère et moi avons été torturés. En 2009, l’armée a menacé ma mère. On lui a dit que je finirais sur la liste des personnes disparues si elle ne disait pas où était mon père. Ma vie était en danger, je devais quitter le pays.

“Six ans plus tard, la situation au Sri Lanka n’est toujours pas sûre. Le Nord du pays est occupé par l’armée. Il y a encore des dizaines de milliers de disparus en plus des dizaines de milliers de morts. Des enfants ont perdu leurs parents, des femmes leurs mari et enfants. Il y a beaucoup de cas de viols. Des drogues sont sciemment introduites dans le pays pour garder les jeunes sous contrôle. La guerre est officiellement finie mais, pour ses victimes, ce n’est pas le cas.

‘‘En Europe, il y a beaucoup de racisme. On parle de flux de réfugiés. Mais personne ne fuit par plaisir. Dans un pays étranger avec de drôles de coutumes, un autre climat, une langue difficile et de nombreux problèmes sociaux, ce n’est pas facile de reconstruire sa vie. De plus, beaucoup de traumatismes liés à ce qui s’est passé pendant la guerre au Sri Lanka subsistent.

“La seule solution serait que les guerres, la violence et l’exploitation cessent, ainsi personne n’aurait à fuir. Pour cela, nous ne pouvons pas compter sur les institutions internationales, elles se sont tues sur les crimes de guerre au Sri Lanka ou sont même responsables de la situation en Irak et en Syrie. Nous devrons amener le changement nous-mêmes, en Belgique comme sur le plan international.
‘‘Avec Tamil Solidarity, nous essayons de faire connaître le sort des Tamouls mais nous ne voulons pas nous limiter à notre communauté. Ainsi, début juillet, nous avons manifesté à Anvers avec des personnes d’origine kurde, cachemire, pakistanaise, … contre la persécution de Rohingya en Birmanie. Ce groupe de population est victime d’un génocide peu connu et contre lequel rien n’est fait.

“Nos meilleurs alliés dans la lutte contre l’oppression et l’injustice sont les autres victimes d’oppression, en premier lieu dans le mouvement ouvrier. Tamil Solidarity essaie de construire avec le syndicat. Intervenir ensemble ici pour un niveau de vie décent pose la base pour une solidarité internationale plus forte.”

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