La mort de la dirigeante du Parti du Peuple Pakistanais, tuée lors d’une attaque suicide, suscite une aggravation de la crise politique et du chaos régnant dans le pays.
Khalid Bhatti, Socialist Movement Pakistan (CWI), Lahore
Benazir Bhutto, dirigeante du Parti du Peuple Pakistanais (PPP), a été tuée lors d’une attaque suicide après avoir parlé à un rassemblement publicà Rawalpindi ce jeudi 27 décembre. Sa mort tragique a une fois de plus exposé la volatilité de la situation qui règne dans le pays. Le gouvernement pointe un doigt accusateur en direction d’un groupe lié à Al-Qaeda, mené par Baitullah Mashud, un seigneur tribal.
Benazir avait déclaré à de nombreuses reprises que certains éléments au sein de l’appareil d’Etat désiraient la tuer.Elle a survécu à une attaque suicide mortelle lors de la cérémonie de réception pour son retour d’exil à Karachi, le 18 octobre, dans laquelle près de 150 personnes avaient perdu la vie. Elle était sur la liste noire d’Al-Qaeda et d’autres groupes islamistes ractionnaires. Un orte-parole d’Al-Qaeda en Afghanistan a revendiqué la responsabilité de sa mort. Selon ce porte-parole, sa mort aurait été causée par son alliance avec les « infidèles », et parce qu’elle aurait été un agent des Américains.
Tandis que la nouvelle de sa mort se répandait à travers tout le pays, la violence éclatait. Le Sindh, la province natale de Benazir, a été ravagé par des foules en colères, qui ont partout incendié les banques, les bâtiments gouvernementaux, les stations d’essence et de gaz, les gares, les trains, les voitures, ls bus, et les magasins. Plus de 24 personnes sont déjà décédées au cours de ces émeutes. C’est le pays tout entier qui s’est arrêté en guise de protestation, et le gouvernement a également annoncé trois jours de deuil. Tous les trains ont été annulés, les autres transports ont été bloqués de même.
Cette situation est semblable à une grève générale, mais une grève spontanée qui n’aurait été organisée par personne, et qui acquiert même un carctère semi-insurrectionnel dans certaines zones. De nombreux travailleurs et pauvres, qui n’étaient pas des partisans de Bhutto, ont exprimé leur colère envers le régime tout entier. Cette colère pourrait être canalisée à travers la fédération de comités de défense démocratiques unis en un mouvement qui s’étendrait à l’ensemble du Pakistan, capable de mettre à bas le gouvernement Musharraf tant haï.
Les Etats-Unis perdent une partisane essentielle de leur « Guerre contre la Terreur »
Nous ne pouvons pas ignorer l’implication dans cet assassinat de couches réactionnaires au sein de l’appareil d’Etat. Les éléments réactionnaires fondamentalistes et nationalistes dans l’appaeil d’Etat sont liés de près à divers groupes armés islamiques réactionnaires. Beaucoup de ces groupes ont été créés et développés par l’appreil d’Etat lui-même, et en particulier par les services secrets. Ces éléments n’étaient pas satisfaits de la politique pro-USA mise en avant par Benazir, et en prticulier de son opposition verbale à l’extrémisme et à la militance islamiste. Elle était une partisaneenflammée de la « Guerre à la Terreur » menée par les Etats-Unis, et se déclarait en faveur des opérations militaires contre les groupes militants. Il ne fait donc aucun doute que des forces extrémistes réactionnaires sont derrière son assassinat.
Benazir est le qutrième membre de la famille Bhutto à être assassiné pour ses opinions politiques. Son père et ses deux frères furent éliminés par l’appareil d’Etat. Malgré la pendaison en 1979 de son père, Zufikar Ali Bhutto, fondateur du PPP, aux mains du Général Zia-ul-Haq, le dictateur militaire de l’époque, elle a tenté tout son possiblé pour obtenir un compromis avec l’establishment militaire.
Benazir a abandonéé la politique en faveur des masses pour apaiser l’establishment. Malgré cela, elle n’a jamais totalement obtenu la confiance de l’armée ni des larges couches de l’élite dirigeante pakistanaise.
Mobiliser les travailleurs et les pauvres contre la réaction
Le Socialist Movement Pakistan condamne rigoureusement l’assassinat de Benazir Bhutto, t nous rejetons les actes terroristes et les méthodes des forces extrémistes religieuses réactionnaires. Toutefois, le SMP a toujours clarifié son opposition à la politique pro-impérialiste et capitaliste de Benazir Bhutto, et à la direction du PPP, qui travaille à défendre le système actuel. Même à son épqoue la plus radicale, la direction du PPP n’a jamais promis que des réformes au sein du système capitaliste et féodal pourri du Pakistan, sans jamais expliquer comment ces mesures pourraient être mises en oeuvre. Une fis au pouvoir, les dirigeants du PPP se sont toujours retrouvés à remplir leurs propres poches et à attaquer le niveau de vie des travailleurs ainsi que leurs droits démocratiques. Mais nous condamnons également les actes de terrorisme individuel ou d’Etat menés par des individus ou des groupes. Le SMP croit à la lutte indépendante et massive des travailleurs afin de renverser le système pourri actuel, capitaliste et féodal.
Le SMP est certain du fait que l’extrémisme religieux ne peut être battu que par un mouvement massif des travailleurs et des masses pauvres. Le régime actuel a échoué dans sa lutte cntre les forces réactionnaires de l’extrémisme religieux. La classe ouvrière st la seule force dans la société qui est capable de vaincre la dictature et l’extrémisme religieux. Une action politique massive et bien organisée peut vaincre les forcs de la réaction, ce que ne pourra pas accomplir la vague de violence que nous observons aujourd’hui. Au contraire, les travailleurs ont besoin d’un mouvement politique massif et organisé, avec des objectifs clairs et un programme qui reprenne les intérêts de la majorité de la population, tels que la hausse terrible des prix de l’alimentation, le chômage de masse et la pauvreté galopante.
Nous avons toujours expliqué que les élections prévues pour le 8 janvier ne seraient rien d’autre qu’une farce – en aucun cas démocratiques – et avons appelé à ce que les élections soient tenus sur une base différente, càd visant à l’élection de représentants à une assemblée constituante révolutionnaire qui préparerait la voie à un gouvernement des travailleurs et des pauvres.