Julien Blanc : Coach en séduction ou culture du viol ?

no_sexismJulien Blanc avait à l’origine annoncé trois dates en Belgique, à Liège, Bruxelles et Anvers. Très rapidement, seule celle d’Anvers a subsisté et les Etudiants de Gauche Actifs d’Anvers avaient décidé de mobiliser pour un rassemblement de protestation. Depuis hier soir, la date d’Anvers a elle aussi disparu de son site… 

Ces dernières années, nous avons vu apparaître, surtout sur internet, une nouvelle génération de ‘‘coachs’’ en séduction. Ce business ciblant essentiellement des jeunes hommes, repose uniquement sur le sexisme ambiant, la manipulation et la discrimination. Ce n’est pas un hasard si ce marché est, actuellement, en plein essor : le sexisme est très vendeur ! Ajoutons à cela la pression capitaliste qui pousse les jeunes adultes à fonder le plus rapidement possible une famille, unité économique de base des systèmes de classe permettant à l’État de réaliser d’importantes économies.

Par Julie N. (Liège), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

Le 18 septembre, la Belgique aura le ‘‘plaisir’’ d’accueillir un de ces conférenciers, Julien Blanc. Ce Suisse se qualifie lui-même d’expert en séduction. En plus de se servir du sexisme, de la contrainte et de la manipulation pour ‘‘séduire’’ des femmes, ce ‘‘charmant individu’’ use et abuse également de nombreuses autres discriminations, dont le racisme. Aucun cliché ni stéréotype n’est laissé de côté. Il affirme ainsi que le ‘‘non’’ d’une femme n’est rien d’autre qu’un ‘‘oui’’ non avoué et qu’au fond les femmes aiment être prises en chasse, se sentir forcées, contraintes ou encore humiliées.

Le sexisme comme fonds de commerce

Julien Blanc est un produit de plus de l’oppression et des discriminations subies par les femmes dans la société capitaliste actuelle. Donner des conférences au sujet des agressions sexuelles qu’il commet et le fait que ces dernières restent impunies illustre, une fois de plus, que certains artistes n’hésitent pas à faire du sexisme leurs fonds de commerce. Ce phénomène surfe sur la marchandisation de la femme et de son corps sous toutes ses formes. J. Blanc utilise la culture du viol pour augmenter le nombre de vues de ces vidéos sur YouTube ou pour vendre plus d’entrées pour ses séminaires, tout comme le monde de la publicité utilise un corps féminin nu pour vendre une voiture. Quel est le rapport entre une voiture et une femme nue outrageusement retouchée par Photoshop ?! On peut voir J. Blanc mimer, dans des vidéos, une fellation avec des jeunes femmes japonaises ou embrasser une caissière sans son consentement. Cet individu pousse également au racisme : dans cette même vidéo, il affirme que les hommes peuvent imposer totalement leurs volontés aux Japonaises, car celles-ci sont éduquées de sorte qu’elles ne se défendent jamais et ne disent jamais non.

La résistance s’organise

Grâce à des protestations en tous genres comme des manifestations et des pétitions massives, la population de plusieurs pays – tels que l’Australie, le Japon, le Brésil et le Canada – a pu obtenir l’interdiction de salle pour Julien Blanc. Actuellement, en France, en Grande-Bretagne et en Belgique, le combat pour l’interdiction de séjour de cet ‘‘expert en drague’’ se poursuit. Les mobilisations contre Julien Blanc et ses dangereuses pratiques sexistes montrent le potentiel qu’il existe pour un mouvement plus étendu et plus général. Beaucoup de mouvements féministes se sont développés en réaction à la montée de ce personnage. Toutefois, la plupart ne parviennent pas à identifier les causes du sexisme et à tracer une alternative, pourtant indispensable pour porter cette lutte. Ces mouvements risquent de ne pas grandir et d’être amenés à disparaître lorsque l’affaire Julien Blanc se tassera. Malgré leur combat, un autre pick-up artist agressera des passantes et cette culture du viol continuera à imprégner les rues.

Comment venir à bout du sexisme ?

Il faut prendre conscience que nous ne pourrons jamais en finir avec le sexisme tant qu’il existera une société de classe. L’austérité a contribué à la dégradation générale des conditions de vie de la large majorité de la population, mais plus particulièrement des femmes. Les coupes dans les services publics (soins de santé, crèche, maison de retraite,…) aggravent encore davantage la double journée de travail des femmes dont, rappelons-le, le rôle naturel n’est pas les soins aux personnes âgées et aux enfants comme la société voudrait nous le faire admettre. De plus, l’égalité salariale est encore loin d’être acquise.

Lorsque nous aurons renversé le système capitalisme qui maintient les femmes dans une position de vulnérabilité, nous pourrons enfin poser des bases matérielles pour en finir avec le sexisme, à travers des services publics étendus, gratuits et de qualité pour tous, des salaires décents et une réduction collective du temps de travail, par exemple. Puisque le sexisme et la culture du viol ne sont que la suite logique de la société de classes et que l’austérité précarise les femmes dans tous les domaines possibles, une société socialiste est, par conséquent, le seul système capable de répondre aux problèmes sous-jacents du sexisme.

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