A quand une voix pour les travailleurs au Parlement ?

Il y a deux ans, les grévistes et leurs sympathisants se sont retrouvés bien seuls face au Pacte des Générations. Aucun grand parti n’a jeté ses forces dans la bataille pour défendre les revendications syndicales. Seuls 4 députés Ecolo ont voté contre ce pacte, tous les autres élus l’ont approuvé ou se sont abstenus parce qu’ils trouvaient qu’il n’allait pas assez loin. Et les 100.000 manifestants de la 2e journée de grève générale le 28 octobre 2005 se sont retrouvés sans véritable alternative aux élections l’année suivante.

Bart Vandersteene

Aujourd’hui encore, une seule voix se fait entendre sur la question nationale. Les politiciens du nord et du sud clament qu’il y a une fracture dans le pays sur base communautaire. Il y a bien une fracture, mais pas là où la placent les politiciens établis… Selon un sondage du quotidien flamand De Standaard, 44% des Flamands interrogés à propos de la structure de l’Etat belge veulent la conserver telle qu’elle est ou même aller vers une Belgique fédérale plus forte. Après (au bas mot) une année de propagande communautaire intense, beaucoup s’attendaient à un chiffre bien inférieur. De plus, les sondés restants, quand ils se disent favorables à plus de régionalisation, sont loin de s’affirmer séparatistes pour autant.

Le Soir Magazine a lui aussi publié un sondage fort intéressant réalisé durant les deux jours qui ont suivi le vote sur la scission de BHV. Cette enquête dévoile un ras-le-bol généralisé. A la question « Estimez-vous que le monde politique belge est encore en phase avec la population ? », 67% des Flamands, 72% des Bruxellois et 78% des Wallons (soit 71% au total) ont répondu « non ». Seuls 10% des Belges estiment encore que les politiciens sont proches de leurs préoccupations !

Interrogés sur la scission de BHV, 60% des Flamands, 66% des Bruxellois et 71% des Wallons sondés estiment que cela ne méritait pas une crise institutionnelle majeure. Et, contrairement à certaines idées largement diffusées ces derniers temps, on remarque qu’il n’y a que peu de différence entre les réponses des différentes régions. La bataille communautaire dispose de bien plus d’officiers que de troupes…

A force d’utiliser le communautaire pour masquer les problèmes socio-économiques – le manque de logements sociaux, la hausse générale des prix, les emplois sans cesse plus précaires et plus mal payés, les conditions de travail et de vie qui se dégradent,… – les politiciens ont favorisé la création d’un monstre qu’ils contrôlent de moins en moins. Alors, que faire ? Dans le même numéro du Soir Magazine, François De Brigode – le journaliste de la RTBF bien connu pour sa participation à la célèbre fiction « Bye Bye Belgium » – déclare que « même si les Belges émettent un désaveu face aux politiciens, il faut écouter ceux-ci ». Comme s’il suffisait de mieux écouter de mauvais acteurs réciter de mauvais dialogues pour transformer un mauvais film en chef d’oeuvre…

Seuls les travailleurs peuvent arrêter ce cinéma et changer le scénario de fond en comble. Pour cela, il faut qu’ils se mobilisent et résistent aux attaques. Mais il faut surtout qu’ils puissent exprimer clairement leurs aspirations au changement. Et, pour cela, il faut que puisse se faire entendre une nouvelle voix politique.

Que nous soyons jeunes ou âgés, avec ou sans emploi, wallons, bruxellois, flamands ou immigrés, nous devons forger ensemble un nouveau parti politique qui soit vraiment le nôtre. Car la seule communauté contre laquelle nous devons nous battre, c’est celle des patrons et des actionnaires, c’est celle des riches.

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