Interdiction du port du foulard à Gand

Interdiction du port du foulard à Gand

Le 26 novembre, le conseil communal de Gand a imposé une interdiction controversée du foulard pour le personnel des services de la Ville. Une majorité de rechange composée de l’Open VLD, du CD&V/N-VA et du Vlaams Belang a décidé que les trois fonctionnaires (sur un total de cinq-mille) qui portent le foulard devront désormais le retirer.

Jonas Van Vossole

Le SP.a s’y est opposé, mais le même parti a pris il y a peu l’initiative d’interdire le foulard à Anvers. Sous prétexte de ‘neutralité’, le VLD a dit que les fonctionnaires ne pouvaient exhiber aucun symbole religieux. Les hauts fonctionnaires libéraux n’ont pas de souci à se faire: leurs luxueuses voitures de fonction ne sont pas des symboles religieux et ne posent donc aucun problème.

L’interdiction du port du foulard a été présentée comme une mesure progressiste visant à garantir la neutralité de l’Etat. Mais l’Etat est-il bien neutre? La justice est-elle bien neutre? Sommes-nous tous égaux devant la loi? La fraude fiscale des riches est–elle combattue avec la même ardeur que la soi-disant fraude sociale des chômeurs? Un riche n’a-t-il pas plus de chance d’avoir gain de cause en justice? Et notre enseignement est-il neutre? Mis à part les professeurs qui osent sortir des sentiers battus, notre système d’enseignement est un vecteur de l’idéologie dominante.

Les médias publics sont sous le contrôle de politiciens qui protègent le capital et ne sont nullement neutres. Ils font tout pour étouffer ou déformer la voix des travailleurs et de leurs familles.

Evidemment que l’Etat n’est pas neutre. Et ça n’a rien à voir avec l’appartenance confessionnelle ou philosophique du/de la fonctionnaire préposé(e) au guichet, mais bien avec le rôle de l’Etat qui est d’être au service de la classe dominante actuelle. Elle s’en sert comme d’une arme pour entraver la lutte pour une société qui place les intérêts de la population au centre de ses préoccupations.

Nous nous opposons à toute forme d’oppression des femmes. Mais l’interdiction du foulard n’y changera rien. Bien au contraire, elle ne fera qu’exacerber les tensions entre musulmans et non-musulmans. Elle réduira aussi l’accès des femmes musulmanes au monde du travail, ce qui renforcera leur dépendance financière par rapport aux hommes. Or, la conquête de l’indépendance financière est importante pour combattre l’oppression des femmes.

Les musulmanes forment un groupe vulnérable qui sait ce que l’exploitation et l’oppression veulent dire: elles y sont confrontées en tant que travailleuses, en tant qu’arabo-musulmanes et en tant que femmes. Les socialistes de gauche mettent l’accent sur ce qui nous unit, pas sur ce qui nous divise. C’est aux femmes de décider de leur propre chef dans tous les sens du terme. Le slogan des opposant(e)s gantois(e)s à l’interdiction du foulard, ‘Baas over eigen hoofd !’, qu’on peut traduire librement par « Ma tête est à moi ! », se justifie pleinement d’autant plus qu’il fait écho aux luttes de jadis pour la légalisation de l’avortement dont le slogan principal était ‘Mon ventre est à moi’.

Nous opposons la solidarité à la politique du “diviser pour mieux régner”. Dans la lutte contre l’oppression, nous devons reprendre à notre compte les revendications des femmes issues de l’immigration contre les discriminations. C’est en luttant tous ensemble contre toute forme de discrimination et d’oppression spécifique que nous créerons les conditions d’une lutte unifiée contre l’oppression et l’exploitation en général. Bien plus que de simplement garder la maîtrise de notre tête ou de notre ventre, il s’agit de prendre le contrôle de toute notre vie.

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