Ecologie : contre le gaspillage capitaliste, la gestion rationnelle socialiste

autocollant_ecologieCommentant les études du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon déclarait : ‘‘Il sera bientôt trop tard (…) Nos modes de consommation sont incompatibles avec la santé de la planète.’’ Pour les élites économiques et politiques, aborder la problématique environnementale sous l’unique angle de la consommation est avant tout un moyen bien pratique de loger tout le monde à la même enseigne et de culpabiliser la population. Selon nous, le véritable enjeu se situe au niveau de la production. Et de ceux qui possèdent les moyens de production.

Par Nicolas Croes

C’est vrai, de plus en plus de nouveaux produits sont générés chaque année tandis que les habitants des pays riches sont poussés à jeter leurs vieux produits. L’énergie qui est nécessaire à la fabrication de ces produits, par exemple, en Chine, est une des raisons pour lesquelles la demande en énergie s’est tellement accrue. Mais la demande en énergie n’est pas simplement un besoin de l’“Occident avide”. C’est le système de production dans lequel nous vivons qui conduit à un épuisement croissant des ressources primaires (sol, eau,…), à un amoncellement de déchets qui ne peuvent plus être traités parce que ça coûterait trop cher, et à un énorme gaspillage de ressources premières et d’énergie, comme dans des opérations logistiques absurdes (transport de marchandises uniquement guidé par le rendement économique,…).

Pour le journaliste français Hervé Kempf, qui s’est spécialisé dans le journalisme environnemental après la catastrophe de Tchernobyl ; ‘‘Si on raconte la question environnementale de façon attentive, on arrive au constat que le système économique actuel non seulement ne résout pas les problèmes, mais les aggrave. Or, il se trouve que le système actuel, c’est le capitalisme. Donc, un journalisme environnemental conséquent conduit à poser la question du système économique.’’(1)

Il est impossible de dissocier mode de consommation et mode de production. Un système basé sur la course au profit ne peut qu’entraîner une production de qualité médiocre et une masse de déchets ; une logique soutenue par le rythme de vie imposé par la société, par le bombardement quotidien de publicités,…

Pourquoi le socialisme ?

Le socialisme signifie avant tout d’adapter la production aux besoins réels de la population à travers une planification démocratique. Ces besoins incluent la survie de l’humanité, voilà pourquoi il nous faut une planification écologique. Rien qu’en utilisant les idées et ressources actuelles de façon optimale (maisons passives, recyclage, énergies renouvelables, développement des transports en commun,…) de grands pas en avant seraient tout de suite possibles. Aujourd’hui, nombre de méthodes ne sont accessibles qu’à une petite élite qui dispose de suffisamment de moyens et s’achète une bonne conscience par la même occasion. Sous le socialisme, les moyens actuellement détournés de notre travail vers les poches des grands patrons et gros actionnaires pourraient être saisis pour étendre l’application de ces possibilités à une échelle de masse.

Mais, surtout, une planification démocratique de la production mettrait fin au gaspillage et à la pollution à outrance dont le capitalisme et sa logique de concurrence sont responsables. On pourrait aussi investir massivement dans la recherche d’alternatives écologiques. Une planification démocratique est nécessaire pour déterminer quels sont les besoins et les aspirations de la population, mais aussi pour donner enfin la parole aux scientifiques et aux spécialistes. De nombreuses possibilités ne sont pas utilisées aujourd’hui parce qu’elles ne sont pas rentables immédiatement, ou parce que la recherche n’est pas suffisamment financée.

Quel programme défendre ?

• Pour la mobilisation commune des organisations des travailleurs, des peuples indigènes et des militants écologistes contre tous les plans de développements désastreux (extraction des sables bitumineux, plantations de cultures à “biocarburants”,…).
• Pour le soutien des luttes des peuples des pays à basse altitude (en particulier d’Asie du Sud-Est et du Pacifique) qui seront contraints à la migration et à l’appauvrissement national à cause du changement climatique.
• Pour l’utilisation des sources d’énergie renouvelables et des investissements publics dans le développement d’énergies renouvelables et d’un plan de capture de carbone !
• Pour une recherche scientifique publiquement subsidiée et débarrassée de la concurrence et de la logique marchande !
• Pour la renationalisation du secteur de la production et de la distribution d’énergie dans sa totalité, sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et des usagers, afin de bénéficier des moyens pour sortir de l’utilisation de combustibles fossiles aussi rapidement que possible.
• Pour une expansion massive du système de transport public, en particulier des chemins de fer, afin de réduire la pollution par les routes (trafic individuel et de marchandises).
• Pour un plan public d’isolement des bâtiments, quartiers par quartier !
• Pour la nationalisation des secteurs-clés de l’économie (finance, sidérurgie, grosses entreprises agro-alimentaire, armement,…) sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs, pour rendre possible une planification démocratique et écologiquement responsable de l’économie.
• Pour la reconversion à large échelle de l’industrie de la “défense” vers la production de générateurs éoliens et solaires.
• L’économie de marché chaotique et la course aux profits sont un désastre pour l’environnement, les droits démocratiques et les droits sociaux. Pour une économie planifiée et contrôlée démocratiquement par la collectivité: pour un socialisme démocratique et moderne !

Quelques chiffres :

• 1 décès sur 8 dans le monde est lié à la pollution de l’air (étude de l’Organisation mondiale de la santé, mars 2014)
• 180.000 millions de tonnes de déchets toxiques sont annuellement déversés dans les rivières, les lacs et les océans par les industries minières à travers le monde. (planetoscope.com)
• En moyenne, 55 marées noires de petite ampleur ou catastrophiques se produisent quotidiennement aux États-Unis : 20.000 marées noires par an ! (planetoscope.com)
• 5 milliards de tonnes d’eau polluée sont déversées chaque année dans la mer par des navires ou des usines. (planetoscope.com)
• Selon l’OMS, 3,4 millions de personnes décèdent chaque année en raison de la pollution de l’eau.
• En 2013, 22 millions de personnes ont dû fuir leurs foyers pour des raisons climatiques (les ‘‘réfugiés climatiques’’), selon une étude du Conseil norvégien pour les réfugiés. Le record a été atteint en 2010 : 42,4 millions de personnes déplacées.

(1) Point Chaud – Il faut sortir du capitalisme (http://www.ledevoir.com/ environnement/actualites-sur-l-environnement/ 388166/il-faut-sortir-du-capitalisme).

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