Ce dimanche 18 novembre, plus de 35.000 personnes sont descendues dans les rues de Bruxelles pour manifester contre la surenchère communautaire. Cette manifestation est née à l’initiative d’une fonctionnaire liégeoise, Marie-Claire Houard, qui a récolté 140.000 signatures en trois mois sur une pétition exprimant ses inquiétudes sur la situation politique et appelant à défendre l’unité de la Belgique.
La présence massive à cette manifestation a montré que beaucoup de personnes en ont marre des jeux des politiciens et sont prêtes à manifester pour le montrer. Mais comme les syndicats ne se sont presque pas fait entendre au cours des premiers mois de la crise politique, cette manifestation a été dominée par les drapeaux noir-jaune-rouge et les déclarations belgicaines, c’est-à-dire par une position nationaliste qui défend l’unité de la Belgique sans remettre en cause la domination du patronat et de la monarchie. Comme si, par le simple fait d’être Belge, un chômeur qui vient de subir la suppression de ses allocations avait les mêmes intérêts qu’un capitaliste richissime comme Albert Frère ou que les locataires du Palais de Laeken…
Si nous défendons l’unité des travailleurs et de leurs familles en Belgique – comme ailleurs – cela ne signifie pas pour autant que nous soutenons l’Etat belge. Celui-ci a été construit sur base de l’exploitation des travailleurs et aussi dans le passé sur l’oppression des droits linguistiques d’une partie importante de la population.
Cette crise politique a également remis à nu le rôle de la monarchie, celui d’instrument de défense des intérêts de la classe dominante. Le « joker royal » avait déjà été utilisé par la bourgeoisie lors du mouvement « blanc » en 1996 : le Roi avait alors reçu chez lui les parents des enfants disparus afin de les « réconforter », mais surtout pour les ramener au calme et démobiliser les centaines de milliers de gens qui se posaient des questions sur le rôle de la justice, de la police et de l’Etat. Aujourd’hui, le Roi Albert appelle les politiciens à trouver une solution à la crise politique pour qu’on puisse passer aux choses sérieuses, comme l’introduction d’une nouvelle giclée de mesures d’austérité pour la population.
L’exaltation belgicaine ne conduit pas au renforcement de la solidarité mais à faciliter l’imposition d’une politique néolibérale exigée par le patronat. La manifestation du 18 novembre était l’expression d’un vide politique et du désarroi qui peut en découler mais les drapeaux tricolores n’offrent pas de solution.
Une solidarité qui surmonte la frontière linguistique contre la politique néolibérale est indispensable. D’ailleurs, cette politique et tous les problèmes qu’elle crée sont nés dans le cadre belge existant. Que le démantèlement de la sécurité sociale et des conventions de travail se déroule au sein de la Belgique unie ou au sein de la Flandre ou de la Wallonie séparées importe peu pour ceux qui en feraient les frais.
Mais il est clair aujourd’hui qu’une scission de la sécurité sociale renforcerait les attaques, ouvrirait la voie de la privatisation et rendrait plus difficiles les luttes contre ces mesures. C’est pourquoi il faut une lutte commune et solidaire pour utiliser les moyens financiers et matériels existants au bénéfice de la majorité de la population.