« Il ne s’agit pas seulement de gros sous, mais aussi de personnes »

Licenciements à Janssen Pharmaceutica :

Du 19 au 26 novembre, les travailleurs de Janssen Pharmaceutica ont fait grève contre la décision de la direction de supprimer 600 emplois. Le premier plan social a été rejeté par 92 % des travailleurs, le second à 54%, ce qui n’était pas assez (puisqu’il faut 66% pour poursuivre une grève). La grève a donc été levée mais la tension reste vive. Au piquet de grève, nous avons discuté avec Luc Van der Schoot, délégué CSC.

Interview par Emiel Nachtegael

Quel est le principal motif de cette grève ?

Luc : « Les travailleurs ont trouvé le plan social et la convention collective (CCT) largement insuffisants. Le nombre de licenciements et le fait que la CCT prévoit un blocage salarial de trois ans sont inacceptables. Nous ne voulons pas nous laisser tromper par les employeurs. La volonté d’action est grande. 92 % des travailleurs ont refusé ce plan.

«La participation au vote – 88 % – a été très importante. C’était un vote particulièrement représentatif de tous les ouvriers et employés. Les chercheurs ont également voté. Ceux qui étaient sûrs de ne pas perdre leur travail aussi. Il ne s’agit pas seulement de gros sous mais aussi de la considération et du respect dus aux travailleurs. C’est pourquoi le plan social, qui était pourtant meilleur que celui d’il y a cinq ans, a rencontré une opposition aussi large.

Les piquets de grèves tournent bien, mais un piquet de grève est-il nécessaire lorsque 92 % des travailleurs se sont exprimés contre le plan social ?

« Avec 92 % de travailleurs contre le plan social, personne n’est venu pour travailler. Au contraire, chaque jour des gens viennent spontanément au piquet pour apporter leur soutien et montrer que nous ne sommes pas seuls.

« Le piquet de grève est pourtant nécessaire pour éviter que la direction ne livre des médicaments. Naturellement, nous laissons passer les médicaments destinés aux affections graves. Mais la direction a essayé d’en abuser. Elle a tenté d’entasser d’autres médicaments entre ceux qui pouvaient être livrés.

« Au piquet, il y a beaucoup de monde. Les gens veulent de la considération et de la reconnaissance pour leur job. Ce n’est pas évident et il est même difficile de toucher les médias avec cette grève. La grève chez Janssen est éliminée de la une des médias. Mais le piquet est prêt à répondre à toutes les questions.

Nous avons pu lire dans les médias les chiffres des bénéfices de la maison mère J&J (2,55 milliards de dollars au troisième trimestre, 3,08 milliards de dollars au deuxième trimestre) et de Janssen même (200 millions d’euros de bénéfice l’année dernière). Janssen n’est pas vraiment une entreprise en difficulté ?

« Les chiffres des bénéfices sont de l’huile sur le feu. J&J veut s’étendre vers les pays asiatiques et africains, mais il n’aurait pas assez d’argent pour l’emploi en Belgique ? Nous ne le croyons pas.

« De plus, il y a beaucoup d’insuffisances dans la communication de la part de la direction. Tout le monde a reçu une lettre avec un prétendu résumé de ce que contenait le plan social. En fait, la direction avait inséré entre les lignes de quoi faire pression pour que les travailleurs acceptent le plan, en disant que, s’il fallait recommencer les négociations, l’accord serait moins bon encore. »


Après une semaine de grève, il est acquis qu’il y aura 25 licenciements en moins et que la prime de départ sera portée de 11.000 à 15.000 euros. Le blocage salarial reste mais deux primes de 750 euros ont été promises en plus du salaire. Le mécontentement reste toutefois profond.

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