Soins de santé : Quelle réduction du temps de travail souhaitons-nous ?

céline_grèveL’heure est à la lutte dans les hôpitaux de Paris. Ce 21 et 28 mai, 24,34% du personnel de l’AP-HP (Assistance Publique des Hôpitaux de Paris) s’est rassemblé lors d’une Assemblée générale. Les organisations syndicales CGT, SUD, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC et Unsa ont appelé à une nouvelle grève massive ce jeudi 11 juin de « tous les hôpitaux d’Ile-de-France?» et pas seulement ceux de l’AP-HP. «?Nous invitons l’ensemble de la fonction publique hospitalière à nous rejoindre?» a déclaré Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général de SUD Santé.

Par Céline (Namur)

En effet, Martin Hirsch (directeur de l’AP-HP) veut mettre en œuvre des réformes touchant quelque 75.000 agents (notamment des infirmiers, des aides soignants, des brancardiers,…) dans 38 hôpitaux. Si rien n’est fait, ces changements déboucheront sur une dégradation accrue des conditions de travail de l’ensemble du personnel médical. L’entrée en vigueur de ces nouvelles mesures autoritaires est prévue pour le 1er janvier 2016.

Diminution du temps de travail rémunéré avec augmentation des cadences…

Une partie de la réforme consiste à passer d’une journée de 7h36 à 7h20 voir 7h. Cet horaire de 7h de travail par jour n’irait pas de pair avec une diminution des tâches à réaliser, que du contraire. Il est prévu que les agents conservent la même quantité travail, mais qu’en plus les pauses ne soient plus comprises dans celui-ci. Cela implique que le personnel soignant – déjà surmené autant en charge physique qu’émotionnelle – doive produire plus, en moins de temps et pour le même salaire.

Nous avons besoin d’une réduction du temps de travail, mais celle-ci doit se faire sous le contrôle des travailleurs et sans perte de salaire. Elle doit permettre des embauches compensatoires et une réduction des cadences pour contrer le rythme de travail effréné auquel sont contraints les travailleurs des soins de santé, mais de l’ensemble des secteurs plus généralement.

Diminution ou suppression des RTT (réductions du temps de travail)

La RTT est un système permettant aux heures supplémentaires d’être comptabilisées et récupérées par la suite en jours de congé. Cette réforme prévoit de limiter, voir supprimer l’accès aux RTT !

Le directeur de l’AP-HP estime, avec raison, que les soignants font trop d’heures supplémentaires. Mais plutôt que de remédier au manque de temps et personnel dans le secteur hospitalier, il souhaite ne plus rémunérer les heures supplémentaires pourtant indispensables dans l’état actuel des choses pour offrir un service décent aux patients. La réserve des travailleurs pour la RTT (sur leur Compte Épargne Temps) est estimée aujourd’hui à 74,7 millions d’euros. En la supprimant, une belle économie sera réalisée sur le dos des bénéficiaires et surtout des travailleurs.

Avec cette mesure, Martin Hirsch – et les actionnaires derrière lui – espère faire une économie de 20 millions d’euros chaque année. Il justifie cette attaque en argüant que cela évitera la suppression de 4000 postes. Il a d’ailleurs déclaré: « le risque si on ne la fait pas (la réforme), c’est qu’on va devoir supprimer des emplois. »

Les hôpitaux gérés au bénéfice des actionnaires

L’AP-HP, avec 38 hôpitaux sur Paris, constitue à lui seul 10% de la fonction publique hospitalière française. Les infirmiers, les soignants, ouvriers, administratifs et techniques travaillant dans les hôpitaux de l’AP-HP devront travailler plus pour le même salaire sur un temps de travail réduit et n’auront plus le droit de récupérer leurs heures supplémentaires par des jours de RTT.

Ceci n’est qu’un fragment de la spirale infernale qui consiste à tuer les services publics à coup de réformes antisociales, qui vont s’étendre encore et encore, et tout ça, dans le but de mettre plus d’argent dans les poches des grandes entreprises. Force est de constater que Martin Hirsch n’a rien retenu de son passage à Emmaüs. Les hôpitaux sont de plus en plus gérés comme des entreprises comme les autres. Cela s’illustre par le vocable utilisé : un patient n’est ainsi plus appelé un « patient », mais bien un « client ». Il illustre la gestion néolibérale du secteur sur le dos des travailleurs et des usagers.

Pour que les soins de santé soient un véritable service public

Nous voulons apporter notre soutien aux travailleurs de ces hôpitaux et à leurs délégations syndicales qui appellent à une grève ce jeudi 11 juin. Nous savons tous que ce n’est pas le secteur le plus facile à l’émergence de mouvements de masses, car le personnel tient la vie de personnes entre leurs mains. Toutefois, au rythme où sont menées les réformes néolibérales, le détricotemant des soins de santé sera bientôt tel que les malades non nantis n’auront plus rien à en attendre. Travailleurs et bénéficiaires : même combat !

Partout ailleurs dans le monde, des luttes similaires ou bien plus importantes encore bourgeonnent, et tout ça, dans le même but: ne pas se laisser écraser par le capitalisme. En Belgique, le rendez-vous est fixé le vendredi 19 juin (9h30 – gare de Bruxelles centrale) pour une manifestation de l’ensemble du secteur non marchand.

L’importance d’une organisation solide avec des revendications claires pour mener ce combat (si pas la guerre) est primordiale! Avec l’effet de masse, nous pouvons gagner toutes les batailles, nous devons rester solidaires, pas seulement dans notre pays, mais aussi au niveau international. Notre force nous la tirons de notre nombre et avec un seul ennemi commun, le système capitaliste et le mode de pensée néolibéral à la faveur des 1% les plus riches. Organisé et avec un programme juste, la victoire ne peut être qu’écrasante.

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