Saint-Gilles: 12.000 signatures pour la régularisation de Joël et de sa maman

20150603_125027En 2010, Joël obtient un visa médical en Belgique. Il contracte une maladie rare : la dysplasie osseuse qui empêche ses os de grandir et ses poumons de se développer. En 2012 lui et sa mère avaient déjà fait l’objet d’une tentative d’expulsion vers le Rwanda par l’Office des Etrangers. Récemment, face à une nouvelle tentative, les élèves, personnel et parents d’élèves de l’école J.J. Michel se sont mobilisés contre ce nouvel ordre de quitter le territoire. Mercredi 3 juin ils étaient présents nombreux devant l’Office des Etrangers pour déposer la pétition rassemblant 12000 signatures.

Le visa médical, une procédure réduite à presque rien sous DI Rupo.

Ce durcissement auquel fait face Joël n’est pas isolé. En effet, le gouvernement précédent a drastiquement limité cette possibilité de régularisation pour raison médicale. En règle générale déjà, dans la note du gouvernement Di Rupo était clairement avancé que la limitation des demandes d’asile et des régularisations serait un objectif de la législature. Maggie de Block, alors secrétaire d’Etat à l’asile, avait alors fait preuve d’un zèle exemplaire, battant des records d’expulsion (+40% en 2012 par rapport à 2011).

Une des mesures pour atteindre ces objectifs a été l’instauration d’un «filtre médical» pour contrôler les demandes de régularisation pour raison de santé. Dans les faits un groupes de médecins contrôle les dossiers (1), une manière en fait de se débarrasser de demandeurs d’asile jugés trop nombreux et indésirables. Des abus du côté de l’Office des Etrangers avaient d’ailleurs fait l’objet d’une mise en garde du Conseil d’Etat (2). Avec ce «filtre médical», les raisons de refuser l’asile se sont assouplies. Par exemple, si un rapport explique que pour telle maladie, 20% des patients ont accès au traitement dans le pays d’origine, alors l’Office des Etrangers estime la demande irrecevable. Ces méthodes lancées sous la législature Di Rupo avec Maggie de Block continuent sous le gouvernement actuel.

Dans le cas de Joël, les témoignages au rassemblement de mercredi vont dans le sens des dénonciations déjà émises par diverses associations. Ici aussi, il semble que les médecins de l’Office des Etrangers n’ont ni vu Joël, ni pris contact avec les médecins spécialistes qui suivent Joël pour émettre leur avis. De plus ce cas n’est pas isolé. En 2013, 1,36% des demandes pour un visa médical ont obtenu satisfaction (3).

Politique d’exclusion raciste Vs. solidarité active

Ce n’est pas la première fois que la solidarité s’illustre à l’école J.J. Michel. En 2009 déjà les parents d’élèves s’étaient mobilisés contre la tentative d’exclusion d’un père d’élèves, Wilfred Barnett (Junior). Ils avaient réussi à suspendre l’ordre de quitter le territoire. Ici aussi l’application froide la loi était incompréhensible : l’administration voulait séparer un père de ses enfants belges. A l’époque le collectif soulignait déjà que : <i>«La mobilisation a été lancée autour de Junior. Toutefois, de nombreuses familles, de nombreuses écoles connaissent cette expérience, au combien violente, de voir un des leurs enfermé et menacé d’expulsion sous prétexte que sa situation administrative n’est pas « adhoc ».»</i>

Ces exemples de solidarité concrète s’opposent ainsi aux nombreux articles dans les médias traditionnels vantant les mérites des politiques d’immigration dures. Encore aujourd’hui, Maggie de Block, qui a mis en place le «filtre médical», est considérée comme la personnalité politique préférée en Belgique (déjà le cas sous Di Rupo). Cette situation n’est pas anodine, encore aujourd’hui, malgré l’énorme colère que les politiques d’austérité créent, il y a une tendance médiatique à souligner que les politiciens prennent enfin leurs «responsabilités» pour résoudre «les problèmes».

«Nous voulons que Joël vive comme nous»

«Il y a trop d’immigrés», «il y a des abus dans les demandes»,… ces campagnes de solidarité à la base, dans les quartiers, dans les écoles comme ici, contrecarrent magnifiquement ces idées. Ce sont des tentatives de semer des divisions alors que nous fréquentons les mêmes écoles, les mêmes quartiers, les mêmes lieux de travail. Les prises de paroles des enfants, les pancartes pour Joël face à l’Office des Etrangers illustrent une manière toute différente de faire de la politique basée sur la solidarité et les besoins, plus que sur des objectifs bureaucratiques… aux nuances racistes non dissimulées.

Des papiers pour Joël, des papiers pour tous !

Le 3 mai dernier, la coordination des sans papiers mobilisaient pour une grande manifestation unitaire pour la régularisation de tous les sans papiers. Ce fut également une réussite, 2000 personnes ont manifesté en soutien aux sans papiers. Pour Joël, la visibilité de la campagne de solidarité, les 12000 signatures ont obligé les médias à couvrir l’événement. Comme en 2009, la question que le cas de Joël n’est pas isolé est présente dans la campagne de solidarité. Cette magnifique mobilisation pourrait être le catalyseur pour une campagne généralisée contre les expulsions dans nos écoles. Lions les luttes pour la régularisation des sans papiers.

Prochainement la coordination des sans papiers marchera sur Wavre, le 13 juin, pour interpeller le premier ministre dans sa commune. Cette campagne pour Joël et sa maman illustre la multitude des cas de refus dont font face les demandeurs d’asile. Ce pourrait être une bonne initiative de relancer une mobilisation sur le modèle du 3 mai avec suffisamment de temps pour grossir les rangs des jeunes et des travailleurs qui veulent illustrer leur solidarité.

Avec ou sans papiers nous sommes tous des écoliers, nous sommes tous des travailleurs.
Régularisation pour Joël et sa mère !
Des papiers pour tous !

Notes:

1) Voir à ce sujet le témoignage d’un ancien médecin conseil de l’Office des Etrangers : La régularisation médicale ? « Presque impossible de remettre un avis positif ». Article paru dans le Soir du 30 mai 2014, consultable sur le blog d’Olivier Bailly.

2) Filtre médical pour les réfugiés: « Trop strict » selon le Conseil d’Etat ; RTBF.

3) cf La régularisation médicale ? « Presque impossible de remettre un avis positif », déjà cité ci-dessus.

Photos : Nico M.

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