Retour sur le comité fédéral de la FGTB d’avril dernier
Fin avril, le comité fédéral de la FGTB se réunissait pour se prononcer sur une éventuelle grève générale pour le 12 mai dernier. Il assure la gestion générale et est composé, outre les permanents syndicaux, de délégués des différentes centrales.
Par une correspondante, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste
Si plus de deux tiers des participants ont rejeté la grève générale, différentes actions ont été planifiées en vue ‘‘d’intensifier la lutte pour une politique plus juste et plus sociale’’ : 28 mai, participation au Tax Justice day ; 4 juin, action femmes ; 15 juin, action pensions ; fin juin, action européenne. Le 12 mai, lors de la première de ces actions visant à dénoncer l’impact de l’austérité menée par le gouvernement sur la jeunesse, Marc Goblet, Secrétaire général de la FGTB, a appelé, pour la rentrée, à un deuxième plan d’action à la hauteur de celui de fin 2014.
Car même si le résultat du vote en Comité fédéral peut laisser penser que le rejet de la grève générale est presque unanime et sans appel, la pression de la base est bel et bien là. Des voix s’élèvent parmi les militants scandant qu’ils n’ont pas été consultés. Ils ne peuvent accepter que l’ampleur du mouvement de décembre 2014, suscité par le rejet de la politique du gouvernement Michel, soit considérée comme une énième soupape permettant d’évacuer un peu de pression, sans plus.
L’élan de fin 2014 a certes été freiné par la longue période au cours de laquelle les organisations syndicales ont voulu ‘‘donner une chance à la concertation’’. Ceci, alors que le gouvernement avait déjà suffisamment multiplié les attaques pour qu’on ne puisse pas douter de sa détermination à saper tout notre modèle de concertation sociale. Quoi qu’il en soit, les acquis du mouvement sont là. Beaucoup ont participé pour la première fois à une action et cette expérience a permis à la classe ouvrière de reprendre confiance en la force de son nombre. Nombreux sont aussi ceux qui ont tissé des liens avec d’autres travailleurs des entreprises autour de leur lieu de travail.
Le mécontentement est toujours là. Nul doute que le mouvement pourrait vite être réactivé une fois les travailleurs confrontés de plein fouet à la concrétisation des mesures asociales prises par le gouvernement Michel. Cela c’est sans compter que les attaques ne s’arrêteront pas là et que les travailleurs feront les frais d’autres coupes en tout genre.
Une grève générale ne s’improvise pas et celle envisagée pour le 12 mai laissait peu de temps pour relancer la dynamique si bien freinée. Ceci explique peut-être très partiellement le rejet de ce projet. Le fait que les négociations sectorielles soient en cours et que les instances syndicales espèrent maintenir certaines conquêtes par cette voie permet également de comprendre le non à la grève générale du 12 mai. Toutefois, il est difficile de croire que quelque chose puisse être obtenu quand on voit l’assise obtenue par le patronat grâce à ce gouvernement des riches.
Il est à craindre que le programme d’actions prévues, modulées par thèmes, chacun de ces thèmes étant qui plus est géré par région, en ordre dispersé n’ait pas l’effet (re)mobilisateur souhaité. Que du contraire !
Ceci illustre la nécessité pour la classe ouvrière de disposer d’un nouveau parti des travailleurs qui fédèrerait les diverses tendances de gauche, pouvant chacune garder leurs spécificités. Il unifierait les travailleurs quel que soit leur secteur d’activité et permettrait de les organiser autour d’un programme concret reprenant leurs propres revendications. Ceci constituerait un rempart contre toute la politique d’austérité et permettrait, à terme, son élimination. Un tel parti favoriserait aussi un retour à un syndicalisme de lutte qui empêcherait définitivement le détricotage de toutes nos conquêtes sociales et la suppression graduelle de nos services publics.