Récemment dans les média était évoquée la libération de Bertrand Cantat (l’ex-chanteur de Noir Désir). Ce sont malheureusement les violences commises par une figure publique qui ont relancé le débat sur les violences conjugales et leurs condamnations. Avant d’évoquer la législation sur les condamnations des violences domestiques, ce sont les causes et les solutions à y apporter dont nous voulons discuter.
Laure Miège
Rappelons quelques chiffres: La première cause de mortalité dans les pays de l’OCDE chez les femmes de 16 à 44 ans, ce sont les violences conjugales avant le cancer et les accidents de la route! En Europe, 1 femme sur 5 en est victime et tous les 4 jours, une femme meurt de ces violences. Les causes mises en avant sont souvent l’alcoolisme, la précarité, les violences subies par l’agresseur durant son enfance, la volonté de contrôle par le mari,… Certes la violence sociale exercée par les politiques néolibérales (dont les femmes font partie des premières victimes) est un facteur important qui permet d’expliquer les violences conjugales. Mais ces violences touchent les femmes dans 90% des cas. A la violence sociale, s’ajoute la place attribuée à la femme et son image dégradante véhiculée dans notre société, pour expliquer cette situation.
L’image de la femme comme être inférieur à l’homme défend les énormes économies sur le travail non rémunéré qu’elles effectuent à la maison. Selon des économistes français, le travail domestique non rémunéré est équivalent aux nombres d’heures de travail prestées rémunérées. Ce travail représente en réalité des milliards d’économies pour les capitalistes et leurs gouvernements, d’où leur intérêt à entretenir cette idée selon laquelle la place de la femme est avant tout au foyer.
Sur le marché du travail, les femmes gagnent en moyenne 80% du salaire d’un homme. On les retrouve dans les jobs les plus précaires, les moins bien payés et 40% d’entre elles travaillent à temps partiel en Belgique. Là encore, cela représente des gains énormes pour le patronat, puisque les salaires de leurs comparses masculins sont alors tirés vers le bas. C’est ainsi que les revenus des femmes sont souvent considérés dans la famille comme un revenu d’appoint, et que bien souvent elles se retrouvent dépendantes financièrement de leur mari.
Cette dépendance financière implique évidemment de grosses difficultés pour les femmes de quitter un partenaire violent, celles qui le font se retrouvent alors bien souvent dans une grande précarité (60% des miniméxés en Belgique sont des femmes vivant seules).
La société actuelle n’offre aucune solution réelle pour les personnes ayant vécu la violence domestique, les refuges qui leur sont proposés sont souvent pleins ou trop chers (17 € par jour, 12€ par enfant). De par ce manque de prise en charge, un sentiment d’insécurité est trop souvent ressenti par les victimes de ces violences. Cette situation implique qu’un seul cas sur 20 est signalé à la police (Enquête Eurobaromêtre- 1999). Bien que la prison ne soit pas une solution sur le long terme pour empêcher les violences conjugales, des garanties doivent être données aux femmes tant concernant leur prise en charge psychologique et physique que concernant leur sécurité.
Il est en tout cas évident que tant que ce système perdurera, engendrant violence sociale et sexisme, la situation pour les femmes ne s’améliorera pas.
Ainsi, nous revendiquons un système socialiste permettant à chacun de vivre décemment et non dans un stress permanent dicté par la logique de rentabilité et de bénéfices. Nous défendons la nécessité d’une société basée sur les besoins de chacun et non les profits d’une poignée. Cette société doit prendre en charge les tâches domestiques en proposant des services collectifs qui allègeront les tâches ménagères et elle doit également proposer des refuges gratuits et de qualité aux personnes victimes de violences. Ce n’est que dans une telle société que les femmes pourront réellement être indépendantes financièrement mais aussi psychologiquement de leur conjoint.