Les postiers de Liège, en pointe contre la poursuite de la privatisation

Visite de solidarité au piquet, ce lundi matin.

Chez Bpost, l’annonce dans la presse du dépôt du projet de loi facilitant la vente des parts détenues par l’Etat par le ministre Alexander De Croo a bien sûr été fraîchement accueillie (voir notre précédent article à ce sujet). A Liège, la discussion s’est de suite engagée sur la stratégie à mettre en œuvre pour bloquer ce projet gouvernemental.

Par Simon (Liège)

Dès le mercredi (12 mai), des actions de grève étaient entamées. C’est que chacun comprend le danger de cette proposition : il est clair que l’objectif de l’actuel gouvernement en bonne orthodoxie néo-libérale est, à terme, de totalement privatiser l’entreprise encore actuellement majoritairement détenue par l’Etat. Ceci serait bien sûr suivi d’un cortège de mesures managériales augmentant les rythmes de travail et supprimant le statut de fonctionnaires des travailleurs, déjà de plus en plus rares à être nommés.

Les postiers n’ont pourtant pas étés épargnés ces dernières années. L’entreprise est en restructuration continue depuis, au détriment des travailleurs comme des usagers. La fermeture de centaines de bureaux de poste ces 10 dernières années n’a évidemment pas fait l’affaire des habitants des quartiers tandis que, de plan géoroute en plan géoroute (la 7ème version du plan est actuellement en cours), la pression au travail s’est considérablement accrue pour les travailleurs. Au-delà de ça, les emplois de qualité ont étés constamment détricotés pour être remplacés par des sous-statuts. Un intérimaire anonyme témoigne ainsi : «Nous devons prendre notre vacation à 6 h 50 pour 800 boîtes aux lettres. Nous devons aussi préparer les toutes boîtes pour tous les autres facteurs ! Ensuite nous classons le courrier dans les spots nous relevons le courrier dans les bacs, nous préparons nos colis à distribuer, environ 30 par jours, ensuite nos recommande, environ 20 par jours, ensuite nous partons distribuer le tout aux clients. Start people nous paie 6,20 euros par heure de travail sous contrat activa avec 125 euros de compensation par l’Onem. Le salaire est vraiment minime, le travail est très physique. Tout le monde se plaint du salaire et du volume de travail abominable même les ancien facteurs !!!»

Les postiers de Liège sont actuellement en pointe dans le combat qui s’annonce contre la privatisation de leur entreprise. Nous avons rencontré, au piquet de grève de Liège 2, les deux délégués CGSP, Eric et Pascal. Postés dès avant 5h devant les portes pour un piquet filtrant, ils sont en fait en action depuis la veille au soir puisqu’avec leurs collègues, ils ont bloqué le dépôt de Liège X cette nuit. Peu après 7h, ils remontaient à Awans pour renforcer le piquet jusqu’à midi. Il faut encore oser dire qu’on fait grève pour se la couler douce…

«Nous avons réuni les affiliés, une cinquantaine sur Liège 2, pour expliquer le problème et la grève a été votée» nous dit Eric. «Elle est bien suivie même si on sent un certaine essoufflement à la gestion du précédent plan d’action. Mais on a réussi à mobiliser les collègues parce qu’on fait le boulot : on prépare les Assemblées Générales du personnel, on tient les gens régulièrement au courant, on passe les voir,…» Les deux délégués ont bien conscience d’entamer un combat de longue haleine. «Actuellement, nos permanents sont en réunion à Bruxelles pour tenter d’étendre le mouvement» continue Pascal. «On sent que les gens sont prêts à bouger» reprend Eric. «Même les employés dans certains bureaux ont prévu des arrêts de travail. Pourtant, c’est plus difficile de les faire bouger d’habitude. Les délégués doivent passer de bureaux en bureau et convaincre les collègues quasiment individuellement de rejoindre le mouvement.»

Comme les militants de ce piquet combatif, nous espérons au PSL que cette semaine d’action des postiers de Liège pourra servir d’élan et permette à leurs collègues des autres régionales de rejoindre la lutte.

Cela est aussi de nature à montrer aux travailleurs des autres entreprises concernées par le projet de loi, et plus largement à tous les salariés en Belgique, que tout n’est pas joué et que la lutte doit se poursuivre pour faire échec à l’agenda du gouvernement Michel. Quoi de mieux pour se faire que de préparer un nouveau plan d’action de l’ampleur de celui de l’automne dernier, mais sans perdre l’élan par la suite, en augmentant au contraire la pression ? Il est possible de balayer ce gouvernement des riches par la grève, mais le potentiel existant doit être correctement saisi et organisé.

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